Alors qu’il vient encore de triompher à Paris et au Festival de flamenco de Nîmes avec son dernier spectacle « La Curva », rencontre avec un maestro du compas, qui impresionne même ceux qu’il dérange

Israel Galvan a présenté son spectacle « La Curva » lors du Festival flamenco de Nîmes. PHOTO JEAN-LOUIS DUZERT/THEATRE DE NIMES

Une scène dépourvue d’artifices. Les murs du théâtre de Nîmes, à nu, comme un signe annonciateur de la danse d’Israel Galvan. Des cables qui pendent. Par endroits, des piles de chaises dominent l’espace, préparant comme des équilibristes la lutte contre l’ouragan qui suivra. Au fond à gauche, un piano dans lequel se reflète les quelques lumières de la salle encore éclairée où un public bruyant prend place, à l’image des mouches avant l’orage. Plus qu’un frémissement. Peu à peu, la pénombre fait taire l’assistance, avide de découvrir les nouvelles prouesses du maestro.

Le quatuor entre en scène. La cantaora Inés Bacan et le maître du rythme Bobote, symboles d’un flamenco des plus traditionnels. Ancrés dans la terre. Israel Galvan qui pousse le flamenco dans ses retranchements, le décortique, l’étudie à l’extrême. Et Sylvie Courvoisier, la pianiste, qui note après note découvre cet art deux fois centenaire. « La Curva » débute alors, en hommage à Vicente Escudero.

« L’idée est de réunir la voix d’Ines Bacan qui représente comme une mère et mon côté le plus aérien, assure Israel Galvan. Je suis né dans une famille de danseurs qui m’a pleinement influencé. Puis j’ai évolué : je voulais danser par moi-même. Mais même si je suis ma route, la famille sera toujours là : c’est cela aussi que reflète La Curva. »

Une recherche sans fin dans les entrailes de l’art

Isarel Galvan découvre peu à peu les supports qui s’offrent à lui pour dompter le rythme : ses pieds, le sol, son buste, une table, une sorte de grand tambourin tout en bois. Et même le souffle de la poussière. On comrpend alors que le piano de Sylvie Courvoisier et les palmas de Bobote ne seront pas les seuls instruments de cette rencontre scénique. Le maître continue son exploration du rythme, comme une recherche sans fin. Une expérimentation sans limite. « Mon corps a sans cesse de nouvelles idées. Mais en général, mon idée est de danser pour me faire plaisir. Et aussi pour continuer à apprendre à me connaître. Et j’ai encore beaucoup de choses à découvrir de moi même. »

Le maestro évoluait sur scène aux côtés notamment d’Ines Bacan et de Bobote. PHOTO JEAN-LOUIS DUZERT/THEATRE DE NIMES

Face à une telle volonté de recherche, il est difficile de dire si le maestro fait preuve d’un avant-gardisme total, ou si cette volonté de modernisme n’est qu’une illusion et que son crédo est finalement de mettre en lumière une approche primitive du flamenco. « Beaucoup de mouvements que je fais sont repris des bailaores d’avant, assure Israel Galvan. J’aime me surprendre à moi même, et donc surprendre les autres. C’est ma manière de traverser cette vie. Tout cela dans une évolution continuelle. » Dans « La Curva », ses artistes référents sont notamment Vicente Escudero et Antonio El Bailarin. Le premier, né en 1888 et décédé en 1980, était un artiste multiple : à la fois danseur et chorégraphe, acteur, chanteur, peintre, conférencier qui aimait étudier l’art. Le danseur et chorégraphe Antonio El Bailarin (1921-1996) était en revanche beaucoup plus ancré dans la tradition flamenca. « Ce sont effectivement deux danseurs très différents », précise le jeune maestro.

« Comme un syndrome de survie »

Si Israel Galvan se joue autant du rythme que des codes flamencos, tout en les respectant, ce n’est pas un hasard. « Je me sens mieux , plus à l’aise, sur un terrain incertain, peu sûr, confirme-t-il. Comme je suis dans une recherche constante, les terrains inconnus font partie de mon quotidien. Cela fait partie de la vie et j’ai besoin de tout cela. C’est un peu comme un syndrome de survie. »

Et c’est dans cette même logique qu’Isarel Galvan prépare un spectacle qui sera présenté en décembre 2012 au Théâtre royal de Madrid. « Sur scène, il y aura un mélange de danseurs, professionnels et non professionnels, des personnes du milieu de la danse. C’est un projet d’envergure dans lequel d’autres font ce que je ne peux pas faire avec mon coprs. »

flamenca Delphine
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