Zabulon Simintov retire toujours sa kippa, avant de pénétrer dans son café, dans un batiment délabré, qui se trouve également abriter la dernière synagogue d’Afghanistan. Aujourd »hui quinquagénaire, Simintov est le dernier juif afghan reconnu comme tel à résider dans le pays. Il est même devenu une célébrité,les années passant.Sa rivalité avec «l’avant dernier juif du pays,» qui est mort en 2005, avait même fait l’objet d’un film, «Cabbale à Kaboul» réalisé par Dan Alexe, en 2007.

Soucieux de la culture ambiante dans son pays, un islam très conservateur, il préfère rester discret sur sa judaïcité, afin de protéger
l’Ancient Balkh Khebab Cafe, qu’il a ouvert il y a 4 ans, choisisssant pour son enseigne le nom d’une province du nord de l’Afganistan.

« Toute la nourriture ici est préparé par des musulmans », nous confie-t-il.

Aujourd’hui, le café, propre et étincelant, pourrait mettre la clé sous la porte, car les kebabs ne se vendent plus aussi bien, principalement à cause des menaces qui pèsent sur la sécurité à Kaboul.Les gens ont peur de sortir pour aller au restaurant, ou se promener en ville.

Simintov pouvait compter sur les commandes des hotels, mais celles-ci se sont taries, après le début du retrait des troupes étrangères de L’ISAF,compromettant la stabilité et les investissements en ville.

«Les hotels nous commandaient de 400 à 500 repas par jour, ce qui occupait 4 à 5 fours la plus grande partie de la journée.», nous dit-il.

«Et maintenant, je pense le fermer en mars prochain, et essayer de louer
les murs.»

Le jour de notre venue, pour le déjeuner, une seule table était occupée
par deux hommes afghans qui se régalaient de brochettes de viande grillée bien tendre, et autres spécialités locales .

Aucun d’eux de semblait connaitre le destin particulier de leur hote, ils étaient simplement venus là car leur restaurant de nouilles chinoises favori venait de fermer, juste à côté.

On sait peu de choses sur les origines des juifs afghans, qui pourraient avoir vécu sur place depuis plus de 2000 ans .

Une découverte de rouleaux religieux du 11ème siècle récemment découverts dans le Nord du pays a offert la première possibilité d »en savoir plus, et d’étudier poèmes, transactions commerciales et accords
juridiques de l’époque.

La communauté juive était forte de quelques milliers d’âmes, au début du 20ème siècle, disséminés dans plusieurs villes, mais sans contact avec d’autres juifs, de la diaspora.

ils sont partis en masse en Israël, juste après la création de l’état.

La femme de Simintov et ses filles elles aussi ont fait leur alya, mais il a décidé de rester à Kaboul, près de ses « frères afghans ».

Poussière et délabrement

Simintov est natif de la ville-frontière de Herat, près de la frontière, le berecau de la culture juive afghane.

il tend aux visiteurs des livres de prières cornés, quand il fait visiter la
synagogue délbrée.

Il a sorti un shofar d’un placard poussiéreux, souffle dedans, sans en
tirer grand chose.

Simintov s’occupe également du petit cimetière qui est juste à côté,
désigné par quelques bouts de pierres tombales dans une cour abandonnée.

Les autres religions ont rencontré fortune encore pire que le judaïsme !

il ne reste plus un seul chrétien afghan, en tout cas ouvertement, et la seule église qui tienne encore debout se trouve dans le complexe diplomatique italien. Il y a une petite communauté hindoue, qui rétrécit rapidement.

La situation critique de Simintov découle des risques renforçés d’entreprendre, dans le pays.

Plus de douze ans après que les USA aient mis fin au règne de 5 ans des talibans, la peur des attentats, des fusillades et l’insécurité sont toujours bien là.

Simintov dit que le café a un déficit de 45 000 $, et que tous les biens
familiaux de valeurs ont été volés, avant que l’éviction des talibans, en 2001.

Il espère que louer les murs du café lui permettra de récupérer assez d’argent pour rénover la synagogue.

La plus grande partie du batiment aux murs blanchis, y compris le sol et les murs est recouvert d’une pellicule noire. Il a survécu aux talibans,
mais son contenu a été pillé.

Malgré tout, Simintov reste résolu de pratiquer sa foi, même s’il est amer et en colère suite à la tournure qu’ont pris les évênements : le retrait de la coalition de troupes menées par les USA, et leur incapacité à faire revenir la paix et la sécurité, sans le spectre de la menace des talibans.

«Si la situation s’aggrave encore plus, je partirai.»

Source : Maria Golovnina John O’Callaghan Ron Popeski/ Reuters Article original

Adaptation: Thierry Fhima/JForum

TAGS : Afganistan Kaboul Simintov Juifs Diaspora ISAF Talibans

Herat Juifs Islamisme

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yacotito

Certes, il a du courage. Mais quelle absurdité que de rester dans ce pays, seul. Il pourrait revivre une nouvelle existence en Israël, peut être y fonder une famille.

Laure

C’est vraiment du courage à lui, il rejoint les quelques juifs irakiens ou égyptiens fidèles à leur synagogue,et qui l’entretiennent même s’il n’y a plus personne. par contre il est dit que les talibans pachtounes auraient des origines juives.