Grande enquête dans le Haaretz sur le business caché de l’Etat hébreu. »Il y a de fortes chance que les systèmes informatiques iraniens, l’électricité dans le bureau d’un député indonésien et le gilet pare-balles d’un soldat saoudien viennent d’Israël », affirme le Haaretz dans une grande enquête publiée aujourd’hui.

Sammy Ofer, décédé l’année dernière, ici en compagnie du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu. Ofer, qui dirigeait le puissant conglomérat israélien Ofer Brothers, fut impliqué dans un scandale de négoce pétrolier avec l’Iran. Photo AFP

Au delà de la rhétorique, des menaces et prises de position des uns et des autres, le commerce entre Israël et des pays arabes et musulmans continue.

Si les menaces de sanctions israélienne et américaine contre l’Iran visent aussi à dissuader les entreprises de commercer, même indirectement, avec l’Iran, « la réalité actuelle et le poids de la crise sur les marchés occidentaux, pousse certaines entreprises à regarder vers les marchés des pays du tiers-monde, et certaines entreprises trouvent des marchés dans des pays hostiles à Israël », rapporte le Haaretz.

« Hostiles » comme l’Iran. En juin dernier, Israël avait été secoué par une série de révélations sur des relations présumées du groupe Ofer, dirigé par le magnat israélien Sammy Ofer, 89 ans, avec l’Iran, alimentant une vive polémique portant sur des profits juteux sous couvert d’opérations d’espionnage. L’affaire avait éclaté quand Washington avait placé le groupe israélien sur une liste noire parce qu’il avait vendu en septembre 2010 un bateau-citerne pour 8,6 millions de dollars à la compagnie maritime iranienne IRISL (Islamic Republic of Iran Shipping Lines), en violation de l’interdiction de commerce avec la République islamique. Les médias israéliens avaient ensuite rapporté qu’au moins 13 pétroliers du groupe avaient mouillé en Iran ces dix dernières années.

« Le commerce avec l’Iran n’est pas nouveau », explique au quotidien israélien le professeur Uri Bialer, de l’Université de Jérusalem, qui a travaillé sur les relations entre l’Iran et Israël. « L’argent n’a pas d’odeur. Les Iraniens essayent toujours de faire du business, et il y a toujours eu des Israéliens voulant faire de l’argent », poursuit-il.

Pour Nachum Shiloh, un expert sur l’Iran, certains hommes d’affaires iraniens considèrent qu’il est logique d’importer des produits d’Israël. « Ici, nous voyons l’Iran comme un ennemi, un démon. Mais chaque Iranien ne se lève pas tous les matins en se demandant comment détruire Israël. Bon nombre d’hommes d’affaires iraniens ne sont pas des fanatiques, mais simplement des gens qui veulent faire de l’argent et améliorer leur business », affirme M. Shiloh, propriétaire du GMI (Gulf markets Intelligence).

Le 23 décembre dernier, l’agence Blooomberg avait rapporté qu’Allot, une société israélienne, fournissait à l’Iran des logiciels de surveillance d’Internet. Pour éviter tout traçage, ces logiciels transitaient par le Danemark, où une entreprise se chargeait de les reconditionner avant de les réexpédier en Iran. Affirmant ne pas être au courant de l’affaire, les autorités israéliennes avaient ouvert une enquête. Allot avait nié avoir donné son accord à l’envoi de ses logiciels en Iran et avait affirmé ne pas être courant de leur destination finale.

Certains hommes d’affaires se plaignent du fait qu’en matière d’interdiction de commerce, les règles sont confuses et floues. Mais pour d’autres acteurs du domaine, certaines entreprises israéliennes choisissent de fermer les yeux sur la destination finale de leurs produits, note le Haaretz.

Pour faire passer la marchandise, le secret est de rigueur. Les étiquettes et les emballages sur lesquels figurent « Made in Israel » sont retirés et le pays intermédiaire (tels que la Turquie et les pays Européens), qui se charge de revendre le produit sur des marchés non ou difficilement accessibles aux Israéliens, fournit à son tour un connaissement, ce qui facilite l’accès même indirect des compagnies israéliennes à ces marchés.

« Il est interdit de parler de ces choses-là », déclare au Haaretz Dan Catarivas, directeur de la division commerce international et relations internationales au sein de l’Association des entreprises israéliennes. « Des compagnies israéliennes nous approchent souvent et nous demandent comment cacher l’identité israélienne de leurs produits. Nous les renvoyons à des experts en la matière », explique-t-il.

« Opérer en cachette est un inconvénient et implique beaucoup de travail, mais parfois nous n’avons pas le choix », explique au quotidien israélien un haut responsable d’une compagnie israélienne spécialisée dans la haute technologie. « Nos concurrents étrangers commercent librement avec les pays arabes, ils peuvent donc baisser leurs prix en Europe, et cela est vraiment ennuyeux. Cela vaut la peine d’accéder à ces marchés pour réduire la différence, même de manière minime », dit-il encore.

Le commerce israélien avec le monde musulman s’étend jusqu’en Indonésie et en Malaisie, sans que de réelles relations diplomatiques n’existent entre ces pays et Israël. Un bon nombre de compagnies israéliennes exportent également des produits en Arabie Saoudite et dans les pays du Golfe, notamment des produits à haute valeur technologique. La plupart du temps, le commerce se fait via des filiales enregistrées aux Etats-Unis.

Pour Naava Mashiah, un homme d’affaires israélien qui vit en Suisse et s’occupe de contrats au Moyen-orient, « Israël est de plus en plus isolé dans le monde, et notre groupe essaie de briser cet isolement. L’un des moyens de le faire, est de créer des liens commerciaux avec les pays arabes ».

Haaretz

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