Cette année marquera le 40 ème anniversaire de la Guerre de Yom Kippour, que la Syrie et l’Egypte ont lancée en 1973, par une attaque-surprise, le jour le plus saint du calendrier hébraïque. Même si les renseignements israéliens avaient bien relevé des signes avant-coureur d’une attaque imminente, le gouvernement israélien avait décidé de les ignorer pour des raisons politiques et stratégiques. Par conséquent, les frontières du pays étaient défendues par des troupes clairsemées, créant un vide dangereux sur le front. Les armées d’invasion étaient en surnombre, par rapport aux Israéliens, le ratio étant, alors, de 100 contre un, en personnel militaire et de 10 contre un, en matière de blindés et d’artillerie.

Puisque le noyau dur de l’armée israélienne est constitué de réservistes, cela leur a pris deux jours pour se mobiliser et se déployer. Au cours de ces jours cruciaux, il n’y a uniquement que les soldats en nombre largement inférieur sur le front et les pilotes d’Israël qui aient tenu la ligne de front et fixé au sol les assaillants. Ce fut leur héroïsme et leur détermination qui sauva le pays de l’invasion. Leur dévouement et leur sacrifice a compensé le manque criant d’équipement suffisant et d’approvisionnement des lignes. La profondeur stratégique du désert du Sinaï et des hauteurs du Golan donnait aussi au pays le temps nécessaire pour mobiliser ses réservistes.

J‘étais médecin de bataillon, lors de la Guerre de Yom Kippour. Comme des milliers d’autres Israéliens, j’ai rejoint mon bataillon, qui avait pour consigne de livrer des munitions, du carburant, de l’eau et de la nourriture au corps blindés. Nous nous sommes précipités au front pour repousser l’attaque, espérant protéger nos familles et notre nation. Cette guerre s’annonçait difficile et nous faisions de notre mieux.

Les soldats de mon bataillon ont risqué leur vie, tout au long de cette guerre, à reconstituer le plein de carburant et d’obus pour les tanks, sous le feu ennemi, sur le front sud. Je les observais surmonter tant de difficultés et accomplir leur mission, en dépit du danger constant, et à quel point ils maîtrisaient héroïquement leurs peurs et leurs angoisses.

Beaucoup d’entre eux ont payé le prix ultime à le faire. J’ai dû faire face aux blessures de guerre et au stress de la bataille de mes soldats. C’était une lutte quotidienne pour la survie, en zone de guerre, faisant appel aux ressources insoupçonnées de la débrouillardise et à une grande rapidité d’exécution, malgré les craintes, l’anxiété et la perte d’amis fidèles autour de soi.


Le médecin du bataillon, le Dr. Itzhak Brook (credit: courtesy of the author)

Faire face à la peur et à l’anxiété sous le feu ennemi a été l’un des problèmes les plus aigus qu’il m’ait été donné de rencontrer. Je devais conseiller mes soldats, tout en devant composer avec ma propre anxiété et mes propres peurs. Les circonstances aussi soudaines qu’inattendues qui avaient mené à la guerre et les premiers revers subis augmentaient la tension psychologique. Le simple fait de réaliser que nous aurions pu éviter cette guerre si nous avions été mobilisés plus tôt et que la survie même du pays était en péril ne faisait qu’amplifier le stress.

Des soldats sous haute tension nerveuse venaient à moi pour un simple conseil. Certains voulaient des médicaments, d’autres voulaient juste parler et quelques rares n’ont pas réussi à faire face à cette pression. La façon dont j’ai traité, initialement, le problème de ces soldats consistait à leur dénier le droit d’admettre la peur. Je leur disais d’être durs et forts et de retourner à l’accomplissement de leur devoir. Mais cela ne marchait pas, puisqu’il semblait que j’avais échoué à soutenir réellement la plupart de ces types.

Je partageais aussi les mêmes sentiments que ces soldats, mais j’étais trop embarrassé de devoir l’admettre. J’ai fini par me rendre compte que c’était naturel de ressentir la peur. C’était, pour moi, une nouvelle révélation d’admettre que : « Oui, moi aussi, ça m’effraie ». J’ai commencé à modifier mon approche, en m’adressant à mes soldats/patients. J’ai partagé avec eux ce fait indubitable que moi aussi, j’avais autant peur qu’eux. « C’est okay d’avoir peur », leur disais-je. Je pouvais alors observer une sorte de soulagement sur leur visage, lorsque j’acceptais de reconnaître ma propre peur. Je leur disais qu’ils n’en étaient pas moins des « mecs », en admettant cette peur viscérale qui les tiraillait. Je leur disais qu’on pourrait définir le courage comme la capacité de réaliser son devoir en dépit de la peur et de l’angoisse. La plupart du temps, un bref échange était suffisant pour les soulager de leur fardeau, et presque tous se sont sentis suffisamment forts pour retourner à leur poste. J’avais trouvé la méthode pour faire face à la peur des soldats, de la manière la plus difficile, par pure nécessité.

L’un des défis qui m’était imposé était l’exposition continuelle au prix exact de la guerre en souffrance humaine, en blessures et en morts brutales. Le prix exhorbitant de cette guerre me frappait, chaque fois que je soignais des soldats mortellement blessés et que j’éprouvais la sensation douloureuse que j’étais en train de perdre quelqu’un de proche, comme les membres de ma propre famille. J’en tremblais, juste en pensant à la visite imminente d’envoyés de l’autorité militaire aux familles de ces soldats, à leur chagrin et à leur souffrance, en apprenant la mort de leurs bien-aimés. Je me rendais compte qu’il n’y avait pas que ces soldats qui étaient des victimes, mais aussi leurs femmes, enfants, parents, grands-parents et amis qui en resteraient, chaque fois, traumatisés à jamais. Toutes leurs vies en seraient changées, éternellement.

La Guerre de Yom Kippour a représenté la menace la plus grave contre l’existence même d’Israël de toute l’histoire moderne. Même si Israël s’est montré, en définitive, capable de remporter une victoire militaire, le pays en a payé très chèrement le prix, à la fois en vies perdues et en confiance des citoyens envers leurs dirigeants et envers eux-mêmes. Presque trois mille soldats ont donné leur vie, ce qui représente un pourcentage d’un Israélien pour mille, à l’époque, un prix énorme pour une nation de trois millions d’habitants. Plus de 10. 000 ont été blessés au cours des 18 jours de combat. Presque chaque foyer et tout voisinage s’en est trouvé affecté. La souffrance et le chagrin nous brûlaient et nous brûlent encore. Profondément enfoui dans la psyche de la nation, ce conflit a anéanti la croyance populaire que le pays était invincible. Elle a aussi apporté une illustration saisissante de l’importance d’avoir des frontières sûres et défendables et la nécessité absolue d’empêcher des attaques aussi meurtrières. Elle a aussi mis en lumière le besoin urgent d’une paix durable entre Israël et ses voisins. L’aboutissement d’un accord de paix, entre Israël et l’Egypte, signé en 1979 et mettant fin à 31 ans de conflit entre les deux nations, est une conséquence importante de la Guerre de Yom Kippour.


La traversée du Canal de Suez.

L’aide apportée par les Etats-Unis s’est, également, avérée indispensable et a hautement contribué à la résilience et à la victoire finale d’Israël. Les munitions américaines, les pièces détachées, les blindés et les chasseurs de combat débarqués sur le territoire israélien au moment le plus critique, ont permis de compenser les lourdes pertes et à Israël, non seulement de repousser les agresseurs, mais de repartir à l’offensive, en terminant la guerre à 105 kms du Caire et à 40 kms de Damas. L’engagement politique et militaire des Etats-Unis a aussi contré l’Union Soviétique qui menaçait d’intervenir pour assister ses supplétifs et états-croupions arabes.

Pour les Juifs qui ont vécu durant la Guerre de Yom Kippour, le plus Sanctifié de tous les jours saints ne sera plus jamais le même. Pour nous, il s’élève non seulement comme un jour de réparation, mais comme un jour de gratitude envers D. pour le miracle d’avoir survécu. C’est aussi un temps de commémoration de tous ceux qui ont payé le prix ultime pour préserver et protéger Israël, et il remémorera toujours un engagement renouvelé d’empêcher Israël d’expérimenter une nouvelle fois un tel péril à l’avenir.


Itzhak Brook

10 SEPTEMBRE 2013, 7:03 PM

blogs.timesofisrael.com Article original

Adaptation : Marc Brzustowski.

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Stress post-traumatique chez les soldats israéliens

Les cas signalés de syndrome de stress post -traumatique chez les soldats israéliens sont parmi les plus bas du monde, selon une étude publiée mardi par le corps médical des forces de défense israélienne.

Selon l’étude , 1,5 % des soldats israéliens en service obligatoire et dans les réserves ont été diagnostiqués avec le SSPT ( syndrome de stress post -traumatique ) après la Seconde Guerre du Liban en 2006. 2,9% des militaires qui ont participé à la campagne militaire ont demandé de l’aide psychologique après la guerre, mais n’ont pas été diagnostiqués comme souffrant de stress post-traumatique.

Le corps médical a indiqué que 94% des soldats qui ont cherché de l’aide ont servi dans des unités de combat et 86% d’entre eux avaient subi la perte d’un camarade dans la bataille.

Des données supplémentaires ont indiqué que 57 % des soldats diagnostiqués comme souffrant de stress post-traumatique ont été envoyés sur le champ de bataille tandis que 36 % d’entre eux avaient servi comme troupes auxiliaires à l’arrière.

Selon l’étude , les soldats dans les réserves éprouvent moins de stress post-traumatique que les troupes de l’armée régulière : seulement 0,7 % des soldats réservistes ont été diagnostiqués comme souffrant de la maladie, comparativement à 1,6 % pour les militaires de l’armée régulière. Le corps médical a, toutefois, relativisé ses conclusions, en disant que, selon toute vraisemblance, beaucoup de soldats qui souffrent du SSPT ne consultent pas un médecin. Il apparaît aussi dans l’étude de Tsahal que le diagnostic dans d’autres armées dans le monde varie de 2 % à 17 % des troupes qui sont allées au combat.

Une étude récente menée par le corps médical de l’US Army a révélé qu’environ 8% des soldats américains qui ont servi en Irak et en Afghanistan avaient été diagnostiqués comme souffrant de stress post-traumatique. » Il y a un écart connu entre le pourcentage de personnes qui souffrent de trouble de stress post -traumatique et ceux qui cherchent de l’aide » , a déclaré le lieutenant-colonel Ofir Levi du Département de la santé mentale de l’armée israélienne .

» Je ne crois, cependant, pas que les chiffres dans l’armée israélienne atteignent 7% ou 8% comme c’est le cas dans d’autres armées. Je suppose que les troupes des FDI sont plus résistantes. D’une manière générale , nos données indiquent également que les soldats de réserve sont plus mentalement résistants que les autres troupes et notamment les appelés. « Nous devons créer des programmes de soutien et de prévention pour les troupes qui sont exposées aux champs de batailles ».

12 septembre 2013 |

par David Illouz pour Tel-Avivre Article original

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franck75015

{{Ce n’est pas que les troupes régulières IDF soient plus stressées, mais que tout simplement elles sont plus jeunes et moins expérimentées, en termes de retour d’expérience.

Les réservistes sont plus âgés, plus expérimentés et plus compétents, d’où une sensibilité au dramatisme moindre, quand vous avez 18 ans vous ne réagissez pas comme à 25 ans, 30 ans ou plus c’est évident.

Que le Maître du monde protège La Nation Juive Israël.

Bien à vous,}}