L’ASBL de Radouane Bouhlal a perdu près du tiers du subside annuel que lui octroyait la Communauté française. Le Mrax ne remplit plus ses missions d’éducation permanente.

Le Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie (Mrax) a déjà perdu près du tiers du subside annuel (92 000 euros) que lui octroyait la Communauté française (297 000 euros). Il risque encore plus gros, révèle l’hebdomadaire satirique Le Père Ubu-Pan. « Le financement pour 2011 est actuellement suspendu, écrit Claude Demelenne. Le Mrax a déposé un recours contre une proposition de rétrogradation de l’association, qui lui ferait perdre, non plus le tiers, mais plus de la moitié de ses subsides. C’est la conséquence de l’enquête menée par les inspecteurs de la Communauté française. Ils ont constaté, dans le chef du Mrax, des manquements graves aux missions subventionnées dans le cadre du décret sur l’éducation permanente. »

La décision finale est attendue pour avril prochain. Si la Communauté française maintient sa position, tous les financements publics du Mrax pourraient s’effondrer : fonds d’impulsion à la politique des immigrés (fédéral), cohésion sociale (Cocof), agents contractuels subventionnés (Région bruxelloise). En cinq ans, évalue Le Père Ubu-Pan, le Mrax a reçu trois millions d’euros sans répondre vraiment à son objet social par des activités de qualité.

Triste fin pour un mouvement créé, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, par d’anciens résistants, des communistes et des juifs de gauche. Avec l’arrivée d’une nouvelle génération de militants issus des immigrations maghrébine et sub-saharienne, le Mrax a subi la même évolution que le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), en France, sous la présidence de Mouloud Aounit.

Juriste diplômé de l’UCL, ancien « cabinettard » du ministre Jean-Marc Nollet (Ecolo), le président Radouane Bouhlal, en poste depuis 2004, s’est focalisé sur la défense de la religion musulmane, assimilant toute critique de celle-ci, toute entrave à l’exercice de celle-ci (par exemple, l’interdiction du voile dans deux athénées de Charleroi), à de l’islamophobie. Il a inondé les partis politiques, et notamment le CDH et Ecolo, de notes prônant les accommodements raisonnables, c’est-à-dire une dérogation à la règle commune en fonction de critères religieux.

En revanche, il est resté muet sur les actes de racisme dont sont victimes des Belgo-belges de la part de jeunes d’origine étrangère ainsi que sur les agressions antisémites en recrudescence à Bruxelles. Ses activités d’éducation permanente sont restées largement au point mort, hormis dans le cadre des Assises de l’interculturalité, où il a pu décliner son thème favori, l’islamophobie, avec le soutien du cabinet de la ministre de l’Egalité des chances, Joëlle Milquet (CDH).

En 2004, Radouane Bouhlal avait voulu donner un grand coup de pied dans le ronron d’une association composée, selon ses déclarations au Vif/L’Express (novembre 2008), « d’une clique d’universitaires blancs, athées et de gauche, un beau musée très bien subventionné », Mais il l’a fait sans égard pour les formes : turn over du personnel, conflits syndicaux à répétition, renouvellement rock’n roll des administrateurs, négligences dans la transmission des justificatifs et des actes administratifs au greffe du tribunal de première instance et aux pouvoirs subsidiants.

Finalement, c’est la ministre de l’Egalité des chances de la Communauté française, Fadila Laanan (PS), qui a ordonné une inspection dont dépend largement le sort du Mrax et de son président, démissionnaire. 



Marie-Cécile Royen, LeVif.be

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