Le mouvement islamiste palestinien Hamas marche sur la corde raide dans le conflit syrien, tiraillé entre l’arc chiite Syrie-Hezbollah-Iran, son protecteur pendant de nombreuses années, et les puissances régionales sunnites dont il s’est rapproché, Qatar, Egypte et Turquie en tête, selon des analystes.Le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaal, qui a conduit ce réalignement, quittant son exil à Damas pour Doha, a été reçu mardi à Ankara avec le chef du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, par le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.

La veille, le Hamas avait appelé le Hezbollah chiite libanais à retirer ses forces de Syrie et à se concentrer sur la lutte contre Israël, lui reprochant de contribuer à la « polarisation confessionnelle » dans la région.

Le quotidien panarabe Al-Quds al-Arabi a récemment rapporté que des chefs de la branche armée du Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, avaient écrit à Khaled Mechaal pour le mettre en garde contre un alignement sur le Qatar au détriment de l’Iran, affirmant que le soutien militaire de Téhéran, et non les subsides des pays du Golfe, leur avaient permis de faire face à l’opération israélienne à Gaza en novembre.

« Malheureusement, il y a eu un déclin du soutien financier iranien au Hamas et au gouvernement en raison de notre appui aux justes revendications du peuple syrien », a indiqué à l’AFP un responsable du mouvement sous le couvert de l’anonymat, reconnaissant des « divergences de vues ».

« Certains veulent préserver une relation particulière avec l’Iran face à l’axe américano-sioniste, parce que l’Iran et le Hezbollah nous ont soutenus militairement quand les Arabes nous avaient abandonnés », a-t-il souligné, précisant que « cette opinion est partagée par des dirigeants politiques et des Qassam ».

Walid al-Moudallal, professeur d’histoire et des idées politiques à l’Université islamique de Gaza, considère que « le Hamas, en tant que mouvement de résistance, doit rester à distance des axes et maintenir ses relations parallèles ».

« Le Hamas a agi intelligemment en se rangeant aux côtés du peuple syrien et en gardant au strict minimum la relation avec l’Iran et le Hezbollah, il recherche le soutien de toute partie qui ne lui pose pas de conditions », explique-t-il, « il bénéficie maintenant de multiples sources de soutien ».

Moukhaïmer Abou Saada, professeur de science politique à l’Université Al-Azhar de Gaza, affirme que « la divergence entre les deux courants existant au Hamas sur la crise syrienne se résoudra en fonction de l’évolution du conflit ».

« S’il tourne en faveur du régime Assad, ce sera plus simple pour le Hamas de rétablir la relation », estime-t-il, rappelant par ailleurs le rôle de l’influent prédicateur islamique Youssef al-Qaradaoui, un Qatari d’origine égyptienne.

Cheikh Qaradaoui, qui a visité la bande de Gaza en mai, a exhorté le 1er juin les sunnites à rejoindre les rangs des rebelles syriens, contre le Hezbollah, qualifié de « parti de Satan ». Il a également participé le 14 juin au Caire à un congrès d’oulémas sunnites qui a appelé au jihad en Syrie, dénonçant « l’agression flagrante du régime iranien, du Hezbollah et de leurs alliés confessionnels ».

Le même jour, Ismaïl Haniyeh avait catégoriquement démenti les informations faisant état de la présence de combattants du Hamas auprès des rebelles syriens, auxquels ils fourniraient une formation. « Il est absolument faux qu’il y ait des combattants du Hamas en Syrie, bien que nous nous tenions au côté du peuple syrien », avait-il assuré.

Selon un éditorial d’Al-Quds al-Arabi lundi, si la direction du Hamas s’est ralliée au « camp fondamentaliste sunnite », c’est qu’elle « misait sur une chute du régime syrien en quelques semaines, ou quelques mois, comme en Tunisie, en Egypte et en Libye, mais l’endurance de celui-ci depuis plus de deux ans a surpris le Hamas, ainsi que de nombreux régimes arabes et occidentaux ».

En remisant ses anciennes alliances, prévient le journal, le Hamas risque « une partie importante de sa force et de sa popularité, acquises grâce à sa position dans le camp de la résistance ».

19-06-2013/AFP

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Armand Maruani

La main de D. les a divisé , mon D. qu’ils sont bêtes ! Ils ont vraiment la cervelle de travers . Israël possède tout ce qu’il faut pour les guérir . Ils ont le choix : La guerre ou la paix ? On s’est compris .