Sept Libanais ont accusé mardi les autorités syriennes d’avoir truqué une vidéo filmée en 2008 afin de montrer l’implication de « terroristes » dans la révolte populaire qui secoue la Syrie depuis mars.
Lors d’une conférence de presse dans la banlieue pauvre de Bab al-Tabbaneh à Tripoli (nord), les sept hommes se sont identifiés eux-mêmes sur ce qu’ils ont présenté comme une vidéo originale qu’ils avaient filmée et postée sur Facebook.
« La vidéo diffusée par les Syriens est falsifiée et remplie de mensonges. Nous demandons au gouvernement libanais de nous protéger », a déclaré Ahmad Said, qui présente une ressemblance frappante avec un homme paru sur la vidéo.
Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a diffusé lundi lors d’une conférence de presse à Damas, une vidéo qui montre, selon lui, « des groupes terroristes » tuant des soldats syriens dans divers villes de Syrie.
Une séquence montre un groupe d’hommes barbus avançant sur un terrain arboré, avec un sous-titre: « vidéo de membres de groupes armés terroristes lors d’un entraînement », dans la ville côtière syrienne de Lattaquié.
Les sept hommes ont affirmé que cette séquence n’avait rien à voir avec la révolte syrienne et qu’elle avait été filmée par eux-mêmes lors d’affrontements en 2008 au Liban.
Ils ont accompagné des journalistes, dont celui de l’AFP, dans la région où cette vidéo avait été tournée.
« La vidéo a été tournée par nos téléphones derrière l’école Luqman à l’entrée nord de Tripoli où nous étions en train de défendre nos familles et notre région en 2008 », a dit Ahmad Issa, en s’identifiant sur la vidéo.
Issa, qui faisait référence aux affrontements intervenus en mai 2008 qui ont fait plus de cent tués à travers le Liban, a indiqué qu’il avait filmé cette scène avec ses compagnons et l’avait postée sur Facebook en 2008.
Selon lui, des habitants de Bab al-Tabbaneh ont remarqué que le film avait été diffusé cinq mois auparavant sur la chaîne de télévision syrienne Dounia, appartenant à Rami Makhlouf, cousin du président syrien Bachar al-Assad.
« Le régime a falsifié cette vidéo, nous nous élevons contre cela et devons défendre nos familles: je n’ai jamais été en Syrie », a assuré Issa.
La tension a augmenté au Liban à propos de la crise syrienne, créant une division entre le mouvement chiite Hezbollah, soutenu par la Syrie et l’Iran, et l’opposition pro-occidentale menée par le sunnite Saad Hariri.
TRIPOLI (Liban), 29 nov 2011 (AFP)