Le secrétaire d’État américain John Kerry est arrivé hier soir à Riyad pour tenter d’apaiser la méfiance de l’Arabie saoudite, un allié particulièrement stratégique en colère contre Washington en raison de son non-interventionnisme en Syrie et son ouverture sur l’Iran, un rival régional.


John Kerry a une très délicate mission à Riyad : vaincre la méfiance des Saoudiens. Jason Reid/AFP

TENSIONS « Il y a un mécontentement en raison de l’attitude américaine et le message a été bien reçu. »

C’est ainsi que l’Arabie a annoncé le 18 octobre son refus de siéger au Conseil de sécurité de l’ONU, un acte sans précédent visant à protester contre l’inaction du Conseil, mais aussi des États-Unis, en particulier face au drame syrien. « Nous ne sommes pas en bons termes avec les États-Unis », écrivait hier l’éditorialiste du quotidien al-Riyadh, en soulignant que la crise syrienne était « un point de rencontre ou de distanciation » dans les rapports entre Riyad et Washington.

L’Arabie saoudite soutient l’aile militaire de la Coalition de l’opposition syrienne, qui est fortement divisée sur une participation à la conférence de paix sur la Syrie, dite Genève 2, initiée par les États-Unis et la Russie. Les Américains, eux, ont renoncé à des frappes contre le régime syrien, un temps envisagées en représailles à une attaque chimique en août près de Damas.

« Il y a un mécontentement en raison de l’attitude américaine et le message a été bien reçu » à Washington, estime l’analyste saoudien Abdel Aziz al-Sagr.

John Kerry, en tournée dans la région, restera jusqu’à aujourd’hui à Riyad : il « va réaffirmer la nature stratégique des relations entre les États-Unis et l’Arabie saoudite », qui ont perduré en dépit des turbulences depuis leur établissement dans les années 1930, a indiqué sa porte-parole Jennifer Psaki.

Pour marquer un peu plus sa prise de position, Riyad a refusé d’accueillir l’émissaire international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, qui vient d’achever une tournée au Moyen-Orient pour organiser d’ici à fin novembre une conférence de paix internationale pour chercher une issue politique à 31 mois d’un conflit qui a fait plus de 120 000 morts, a indiqué une source proche des milieux politiques saoudiens.

« Avec l’aide de la France »

En effet, la capitale saoudienne est réservée sur une participation à Genève 2 de l’Iran, allié de Damas qui reprend l’initiative depuis l’amorce d’un dégel avec Washington. Pour les Saoudiens, un compromis serait « une participation à Genève de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) », dont l’Iran est membre, selon M. Ben Sagr, président du Gulf Research Centre.

Pendant son séjour saoudien, John Kerry va parler à Riyad de la manière de « mettre fin à la guerre en Syrie, (d’)avancer en Égypte » ainsi que des « négociations entre le groupe 5+1 (des grandes puissances) et l’Iran » sur le nucléaire, a souligné sa porte-parole.

S’agissant de la Syrie, les entretiens doivent porter sur « la meilleure façon d’aider la Coalition de l’opposition et son aile militaire afin qu’elle prenne elle-même l’assurance d’aller à Genève (…) négocier avec le régime », selon un haut responsable du département d’État.

« Riyad (…) œuvre, avec l’aide de la France, pour armer l’opposition islamiste non radicale et renforcer sa position avant Genève 2 », a indiqué un diplomate européen. Il a néanmoins estimé que la tension actuelle « n’aura pas beaucoup d’impact sur les relations stratégiques entre les deux pays », soulignant qu’« aucun pays ne pourra se substituer aux États-Unis pour (assurer) la sécurité du royaume ».

OLJ/AFP | 04/11/2013
lorientlejour.com Article original

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