Mercredi après midi 5 juin, sous les chênes du cimetière du Mont Hertzl à Jérusalem, dans le carré des soldats tombés au champ d’honneur durant la guerre d’Indépendance, s’est déroulée une émouvante cérémonie du souvenir : en fait il s’est agit de la première cérémonie officielle à la mémoire du caporal Yaacov Maman zal. Les soldats de Tsahal ont présentés les armes, et l’un des membres de la famille Maman a récité, pour la première fois après 65 ans, le kaddish sur la tombe de Yaacov….

Pourquoi ce soldat mort au combat près de Jérusalem, en mai 1948 n’a-t-il jamais eu droit aux honneurs militaires ?

Pourquoi sa famille n’a jamais pu se recueillir sur sa tombe ?

La réponse à ces questions douloureuses permet de lever le voile sur l’une des énigmes les plus étonnantes et poignantes de l’histoire de Tsahal…

Une énigme qui commence par un nom gravé sur l’une des tombes du cimetière du Mont Hertzl à Jérusalem.
Sur la pierre tombale, un seul nom : Israël Mir ; une date : le 30 mai 1948 et un lieu : Maalé A’hamicha.

Il y a quelques années un guide touristique Eliada Bar Shaoul, spécialisé dans la visite du grand cimetière militaire de Jérusalem, constate que personne ne vient jamais se recueillir sur la tombe d’Israël Mir.
Il tente alors de retrouver des traces plus précises de ce soldat dont on ne connait ni l’origine ni la date de naissance.

Un témoin lui relate qu’avant de mourir, Israël aurait récité le numéro de déporté d’Auschwitz qu’il portait sur le bras.
Un autre affirme qu’il a dit son nom, un troisième prétend qu’il a voulu réciter le Shema Israel.

Peu à peu, une véritable légende va se tisser autour d’Israël Mir. Sans la moindre documentation à son sujet, les guides du Mont Hetzl vont affirmer qu’il appartient au « Netzer Haharon »(dernier survivant), un groupe rassemblant les 275 soldats israéliens qui avaient perdu toute leur famille durant la Shoah et qui sont morts au combat durant la guerre d’indépendance, sans laisser de descendance.

Les guides font un désormais un détour dans le cimetière pour raconter son histoire aux visiteurs.
L’un d’eux , enseignant, décide d’en savoir plus encore : il prend contact avec l’unité de recherche des soldats disparus de Tsahal.

Le dossier d’Israel Mir s’y trouve avec bien peu de détails.

Mais en particulier avec le certificat militaire de décès qui stipule qu’il a été tué d’un obus dans le ventre le 30 mai 1948 à Maalé A’hamicha près de Jérusalem.
Seul problème : il n’y a aucun autre document officiel sur l’existence d’Israel Mir !

Par contre, dans le dossier l’enseignant retrouve un bout de papier non daté, sur lequel figure deux lignes brèves : « Voir Yaacov Maman qui a disparu le même jour »

Yaacov Maman est né à Fes (Maroc) en 1928.Il est le septième d’une famille de 10 enfants.
A 18 ans, il tente de rejoindre la Terre d’Israel et pour cela marche à pied jusqu’à Alger.

Il embarque à bord d’un bateau de l’Alya Bet qui est intercepté par les Britanniques et il est envoyé dans un camp d’internement à Chypre.

Après la proclamation de l’indépendance, il parvient à rejoindre Israël et dès son arrivée il est enrôlé dans une unité du Palmah qui combat… à Maalé Ahamicha.
Le lendemain, il est blessé au ventre par un obus et succombe à ses blessures.

A sa famille restée au Maroc, Tsahal annonce que son corps n’a pas été retrouvé.
Ses parents font leur alya et vont tenter de retrouver des traces de sa dépouille mortelle.

En vain.

Il y a deux ans et sans avoir eu connaissance de la légende d’Israel Mir, le frère de Yaacov Maman, Ami tombe sur un article détaillant les résultats très performants de l’unité recherchant les soldats disparus au combat, en particulier durant la guerre d’Indépendance.

Il prend contact avec le commandant de l’unité, deux jours à peine avant qu’une commission de cette même unité n’étudie les similitudes existant entre Israel Mir et Yaacov Maman.

L’unité donne suite.
Ami qui est alors gravement malade fait un test d’ADN.
Il y a quelques mois, Tsahal décide de rouvrir la tombe d’Israël Mir au Mont Hertzl pour y prélever des cellules et envoie les deux tests pour examen au Etats-Unis.

Il y a quelques semaines, les résultats sont parvenus, formels : C’est Yaacov Maman qui est enterré au Mont Hertzl sous la pierre tombale d’Israël Mir.

En fait ce dernier n’a jamais existé, si ce n’est dans l’esprit de quelques guides .
Ami Mimoun, le frère de Yaacov est décédé avant de connaitre la vérité :

« Il l’avait comprise », a expliqué sa veuve Tzipora qui se souvient des souffrances quotidienne de Par’hah, la mère de Yaacov et de son mari :

«Chaque soir avant d’aller dormir, elle embrassait la photo de Yaacov et elle pleurait de ne pas avoir de sépulture où se recueillir ».

Tzipora croit savoir maintenant pourquoi il a pu y avoir malentendu au moment de la mort de Yaacov Maman :
« Il est possible qu’au moment de son agonie, quelqu’un ait demandé qui il était et qu’en fait, Yaacov ait compris qui devait-on prévenir de sa mort.
Il aurait alors répondu : « Israel Meïr » du nom du grand rabbin de Fès à cette époque qui le connaissait bien …. Israel Meïr, Israel Mir….Peut-être…

Mercredi , 65 ans après, 65 ans trop tard, des membres de la famille Maman , des amis et des soldats émus par cette histoire tragique se sont réunis autour de la tombe de Yaacov pour réciter des prières et évoquer son souvenir.

Désormais, Yaacov Maman peut reposer en paix.

Nissim Liel /JForum(correspondant Spécial)

TAGS : Maalé Ahamicha Yaacov Maman 1948 Netzer Haharon

Guerre d’indépendance Mont Hertzl Alya Bet Atalena Exodus

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Rail

Mitzvah de le faire ! sinon ???

JOEL

Cette histoire est d’une émotion intense !!!
Je rejoins Danielle dans sa proposition du Kadish à faire pour tous ceux qui n’ont plus de famille.
Repose en paix Yaacov !

elieisrael

Je suis tellement ému d’avoir reçu votre alerte concernant Yaakov Mamane d’autant plus qu’il s’agit de l’oncle de mon regretté père ( Rav ISRAËL de Sarcelles), dommage que Oncle Ami ne soit plus pour assister à cet événement !
J’ai une pensée particulière pour ma grand mère à qui son frère manquât toujours
Reposes en fin en paix

Eliaou ISRAËL

DANIELLE

Cette émouvante histoire m’interpelle.

Personne ne se recueillait sur « cette tombe », c’est-à-dire que personne ne lisait le kaddich.
Que sa mémoire repose en paix.

Ne pensons-nous pas que tous nos soldats morts pour notre Terre devraient avoir un kaddich lorsque plus personne ne peut se recueillir sur sa tombe ?

Ne croyons-nous pas que tous les « bahourim yéchiva » pourraient avoir cette mission
aussi spirituelle soit-elle ?

Ainsi nous partagerions tout, la vie et la mort, et peut-être que cela avancera la venue du Machiah

Chabbat chalom.

Rail

Quelle histoire !
les mots sont inutiles !