Discrètement, comme il sied à un agent secret, le chef du Mossad Tamir Pardo s’est rendu en début de semaine, en visite en Turquie pour une rencontre en tête à tête avec son homologue turc Hakan Fidan, patron des services secrets turcs , le MIT. Selon des sources turques , Tamir Pardo serait arrivé à Ankara en avion privé et il aurait eu avec Fidan, une très longue conversation. A l’ordre du jour : la dégradation de la situation en Syrie qui préoccupe tout autant les Turcs que les Israéliens, la menace nucléaire iranienne et la coopération sécuritaire entre les deux pays. Les deux hommes ont également débattu des efforts entrepris par Assad et ses alliés iraniens pour affecter les intérêts turcs.

En effet, on estime en Turquie que les services de Renseignements syriens ainsi que les Gardiens de la Révolution iraniens, seraient directement impliqués dans les émeutes qui ont ébranlé la Turquie, ces deux dernières semaines. Les deux patrons des services secrets ont évoqué les positions de leurs pays respectifs concernant la conférence internationale visant à mettre fin au conflit en Syrie, conférence qui doit se tenir prochainement à Genève. Pardo et Fidan ont également étudié les moyens de « réchauffer » les relations bilatérales entre les deux pays après la grave crise diplomatique autour du Mevi Marmara. A Jérusalem, on a pris soin de ne pas réagir officiellement à la tenue de cette rencontre.

Par contre du coté des officiels turcs, on s’est fait moins « secret » : « L’entretien entre le chef du Mossad et son homologue turc est naturel » a déclaré Egemen Bagis, le ministre turc des Affaires européennes avant d’expliquer que les deux pays luttaient conjointement contre le terrorisme et qu’il ne fallait pas s’étonner d’une telle rencontre. Le ministre a également rappelé que la Turquie avait été historiquement le premier pays musulman à reconnaitre l’Etat d’Israël et il a expliqué que la dégradation dans les relations entre les deux pays s’était produite à la suite de trois incidents sérieux, l’opération « Plomb durci » dans Gaza, le discours de Shimon Peres à Davos qui avait provoqué le départ d’Erdogan, et bien entendu l’arraisonnement du Marmara.

Mais n’en déplaise au ministre turc, cet entretien est moins naturel qu’il ne le prétend. Il s’inscrit dans un difficile et laborieux processus de rapprochement entre les deux pays rendu possible par les excuses publiques présentées par Byniamine Nétanyaou a la Turquie, au lendemain de la visite officielle de Barack Obama en Israël, en mars dernier Il est évident que la situation dramatique en Syrie, et l’opposition appuyée de la Turquie au régime de Bashar el Assad favorise un tel rapprochement et conduit irrémédiablement Turcs et Israéliens à accentuer leur coopération sécuritaire. Toutefois on est encore loin de l’âge d’or des relations entre les deux pays .

Deux indices semblent le prouver: il y a actuellement des tractations entre diplomates israéliens et turcs pour déterminer le montant des indemnités que l’Etat d’Israël versera aux citoyens turcs qui ont trouvé la mort sur le pont du Marmara le 31 mai 2011. Et sur ce point de sérieuses divergences de vues demeurent.

Et second indice :on sait que Tamir Pardo a souhaité rencontrer lors de sa visite à Ankara le Premier ministre Tayep Erdogan, mais cet entretien n’a pas eu lieu.

Nissim Liel/JForum

TAGS : Turquie Hakan Fidan Tamir Pardo Mossad

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