Les rassemblements de protestation contre le Président égyptien Mohamed Morsi, qui se sont déroulés à travers toute l’Egypte, dimanche 30 juin, un an après sa prise de pouvoir, apportent deux surprises.

Plus que la propagation d’une colère anti-islamiste, le sens général des banderoles, pancartes et des chants entonnés sur le square Tahrir, au Caire, faisaient écho aux slogans panarabes, mixte de nationalisme, de socialisme et de xénophobie, grâce auxquels le charismatique Gemal Abdel Nasser avait déclenché une tornade dans le monde arabe, il y a un demi-siècle.

Le régime des Frères Musulmans, qui s’est emparé du pouvoir à la faveur de la révolte arabe, pourrait bien être confronté au défi d’un soulèvement nationaliste néo-arabe, sorte de retour en arrière nostalgique de l’ère nassérienne.

Cela dit, ce passéisme ambiant n’augure pas d’un esprit novateur et réformiste, capable de sauver l’Egypte de sa descente aux enfers, mais plutôt d’une « révolution incantatoire » et dénuée d’objectifs réalistes. On décelait aussi une forte pression du ressentiment anti-américain, les Etats-Unis s’étant alignés avec ostentation derrière la caste islamiste.

Au Caire, des affiches de l’Ambassadrice américaine Anne Paterson,- accusée de quêter les faveurs des Frères Musulmans- étaient brandies aux côtés de celles du Président Morsi – tous deux raturés et barrés de larges traits rouges.

La moindre participation que prévue à ces évènements, a constitué la deuxième surprise de cet appel : des centaines de milliers – au mieux un million, au Caire – au lieu des 3, 5 millions qu’espéraient les organisateurs, et guère plus que deux à deux millions et demi dans la totalité des principaux centre- villes, au total.

Selon le Ministère égyptien de l’Intérieur, 17 millions de manifestants, en comptant aussi bien les partisans que les opposants au Président, se trouvaient dans les rues, dimanche soir. Nos sources estiment que ce tableau force le trait.

Personne n’essaie même de parier sur quelle sorte d’Egypte sera capable d’émerger de cette nouvelle vague de troubles, ni e savoir qui dirigera le pays, si et quand les choses s’apaiseraient. Certains faits et personnalités permettent de déceler quelques indices sur l’orientation qu’emprunte actuellement l’Egypte :

1. Les organisateurs de “Tamarod” (Rébellion) ont mis au point des plans de long terme fondés sur une campagne de désobéissance civile « totale », pour casser les reins de l’administration gouvernementale, jusqu’à ce qu’elle soit contrainte de partir – bien que la phase initiale a, surtout, été marquée par des violences diffuses :

au total, jusqu’à présent, au moins 10 personnes ont été tuées, dimanche et 900 blessées, après la mort de 7 autres, lors d’affrontements entre partisans pro- et anti-Morsi, en fin de semaine dernière, dont un jeune Juif-Américain ( Andrew Pochter Article original)

Les dirigeants de la contestation affirment tenir solidement les rênes de divers groupes antigouvernementaux : des libéraux, des factions pro-démocratiques, des universitaires, des membres des professions libérales, des hommes politiques laïcs, des étudiants et des gens ordinaires, qui ont élu les Frères Musulmans dans l’espoir d’avoir un emploi, une vie meilleure et plus sûre, et se retrouvent, aujourd’hui, au chômage et dans l’incapacité de nourrir leur famille.

On a repéré, parmi les manifestants du Square Tahrir, dimanche soir, des officiers de police et des Juges.

2. La prochaine étape planifiée correspondra à un arrêt des transports publics, une fermeture des usines, des sociétés financières et du flux de carburant et de gaz à l’intérieur et à l’extérieur d’Egypte. Dans les jours à venir, le pays sera confronté à des pannes d’électricité et d’approvisionnement en eau, et au commencement de la chute lente et sinistre vers le chaos généralisé.

3. Ce soulèvement a un meneur, le Nassérien Hamdeen Sabahi, qui est arrivé en troisième position, derrière Morsi, lors de l’élection présidentielle de l’an passé. Mais, la difficulté, pour les dirigeants de la contestation est que c’est, pour ainsi dire, un homme sans visage sur la scène nationale et qu’il n’a jamais laissé sa marque comme étant une personnalité capable d’inspirer les masses et de les entraîner à se soulever contre le gouvernement. Sans réel homme fort, le risque est que ce soulèvement puisse perdre de l’intérêt et qu’il s’essouffle avec le temps.

debka.com Article original

DEBKAfile Reportage Exclusif 1er juillet 2013, 12:05 AM (IDT)

Adaptation : Marc Brzustowski

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