Au moment où François Hollande préconise une imposition à 75% au-delà du million d’Euros de revenus, il était bon de voir ce qui se passe en Italie, en Grèce et dans les pays qui confondent fiscalisation et confiscation.

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Cachés dans des valises, l’or et l’argent des nantis transalpins trouvent refuge dans les banques monégasques, suisses et autrichiennes.C’est confirmé : la transhumance des lingots, dits « or brut » dans le langage courant, se confirme aux frontières entre l’Italie et la Suisse, particulièrement en direction de la ville de Lugano, à une heure de voiture de Milan. Le phénomène avait commencé en août 2011.

On signalait déjà des couples sur la cinquantaine, apparemment en vacances, des travailleurs autonomes, des chefs d’entreprise, des professions libérales qui venaient déposer dans les banques du Tessin leur épargne, leurs titres et leurs lingots, en somme leurs biens. Rien qu’en septembre, plus de 13 tonnes de lingots auraient passé ainsi les Alpes. Deux fois plus qu’en septembre 2010.

Il s’agissait alors de soustraire des capitaux (la richesse de toute une vie) à la prévisible crise de l’euro et au possible « défaut » italien . Mais le phénomène s’est accentué au dernier trimestre 2011, pour exploser littéralement en janvier-février.

Les coffres-forts débordent de lingots

Au point que les banques de Lugano sont contraintes de louer les coffres forts des hôtels locaux pour y déposer les trésors venus d’Italie. Il n’y a plus assez de place dans leurs caveaux « pour satisfaire l’énorme requête en provenance de la clientèle italienne », comme dit un banquier tessinois…

Le directeur général des impôts en personne, Attilio Befera, confirme cette fuite de capitaux dans une interview, la semaine dernière, à « La Repubblica » : « Rien qu’en 2011, 11 milliards d’euros auraient quitté l’Italie ; et les séquestrations d’argent liquide aux postes frontière auraient grimpé de 50% au troisième trimestre 2011, tandis que les exportations de lingots vers la Suisse auraient augmenté, elles, de 30 à 40% sur la même période. »

La raison conjoncturelle de cette poussée de fièvre exportatrice ? Le possible impôt sur le patrimoine que le gouvernement de Mario Monti pourrait décider. Pour l’éviter, certains utilisent alors le bon vieux système de la valise pleine d’argent ou de lingots, comme le confirme une enquête de l’hebdo « L’Espresso ».

Monaco tente de se faire oublier

Même les vieux sentiers de montagne entre les deux pays, utilisés autrefois par les contrebandiers, ont été remis au goût du jour. Le phénomène s’étend d’ailleurs à d’autres pays limitrophes. L’Autriche par exemple: pendant les vacances d’hiver sur la neige, on a noté une accélération du trafic routier de l’Italie vers Sillian, Lienz, ou Salzbourg. Pour une visite intéressée à leurs banques. Certains, plus traditionnels, ont privilégié la France avec la Principauté de Monaco, traditionnel refuge des capitaux péninsulaires.

Pourtant ni les Suisses, ni les Autrichiens, ni les Monégasques ne se pressent de confirmer l’important flux de richesses qui les submerge. Oui, disent leurs banques unanimes, il y a une « certaine augmentation » des importations d’or en provenance de l’Italie, pas dans les proportions indiquées par les journaux toutefois.

Mais on devine derrière ces assurances de façade la volonté de ne pas trop attirer l’attention des institutions européennes et d’être perçu comme un refuge « officiel » pour les capitaux clandestins. En revanche, du coté du gouvernement italien, un calcul pourrait se cacher derrière la dénonciation bruyante de la transhumance des capitaux : il pourrait s’agir d’une stratégie d’intimidation préventive de « Super Mario », le premier ministre italien. Expert économique et financier, juriste international, cet homme sait de quoi il parle.

Par Marcelle Padovani

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