Par Jacques Bendelac (Jérusalem)

Publié le 26 avril 2010

À en croire les scandales économico-judiciaires qui secouent l’actualité de ces derniers jours, Israël serait une république bananière. Certes, la corruption existe en Israël mais cela n’en fait pas, pour autant, un pays corrompu. Pour en finir avec la corruption, qui n’est pas une fatalité, il faut s’attaquer à ses racines et à ses nombreux visages. Voici 10 idées reçues sur la corruption en Israël; elles permettront de mieux connaître le phénomène et donc de le combattre plus efficacement.

Idée reçue n°1 : la corruption n’existe que dans les pays pauvres. FAUX.

On a tendance à croire que la corruption est une caractéristique des pays pauvres ou en développement. Or Israël est un pays riche, industrialisé et moderne, et il n’est pas pour autant épargné par la corruption. Le niveau de vie moyen de ses citoyens est semblable à celui de la plupart des pays occidentaux; mais selon l’ONG Transparency International, le niveau de corruption est proche de celui qui est perçu au Qatar ou en Slovaquie. On a même pu constater que plus Israël s’industrialise, plus le degré de corruption s’intensifie.

Idée reçue n°2 : c’est le secteur public qui est à l’origine de la corruption. FAUX.

En Israël, des intérêts privés très puissants exercent une influence excessive sur les hommes politiques, sur les institutions et même sur la législation. On a vu récemment comment des groupes financiers privés sont prêts à payer des pots-de-vin pour faire avancer leurs ambitions immobilières.

Idée reçue n°3 : la corruption se focalise sur certains secteurs sensibles. FAUX.

En Israël, la corruption s’est étendue progressivement à de très nombreux secteurs de l’activité économique: la santé, l’immobilier, les finances, l’industrie, l’enseignement, les municipalités, les services publics, etc.

Idée reçue n°4 : les « grandes familles » ne pratiquent pas la corruption. FAUX.

Dans les dernières affaires de corruption, les suspects sont souvent proches des grandes familles qui contrôlent des secteurs entiers de l’économie israélienne. L’arrestation récente de Dany Dankner confirme que les grandes familles sont impliquées dans des mécanismes de clientélisme qui visent à accroître leur patrimoine et à étendre leur pouvoir économique.

Idée reçue n°5 : l’enrichissement freine la corruption. FAUX.

En Israël, l’appât du gain ne connaît aucune limite. Ces dernières semaines, on a pu voir comment des Israéliens, qui figurent parmi les plus riches du pays, sont impliqués dans des affaires de corruption. Si ailleurs, ce sont les revenus faibles qui sont à l’origine de la corruption, il semble qu’en Israël ce soit le contraire: les professions les mieux rémunérées (avocats, architectes, comptables, banquiers et même les hauts fonctionnaires) sont les plus actives en matière de corruption.

Idée reçue n°6 : la corruption n’est pas mesurable. FAUX.

Depuis quelques années, la Banque mondiale et d’autres organisations volontaires cherchent à mesurer la corruption pour la comparer à l’échelle internationale. Selon l’indice de perception de corruption que publie l’ONG Transparency International, Israël était classé au 32e rang mondial de la corruption en 2009, alors qu’il était en 20e position en 1999, soit un recul de 12 places en dix ans.

Idée reçue n°7 : la corruption a des effets positifs sur l’activité économique. FAUX.

En Israël comme ailleurs, la corruption se traduit par des coûts économiques importants; elle fausse les règles de la concurrence, elle nuit à l’investissement étranger, elle aggrave les inégalités sociales et amoindrit les recettes publiques. Quant à la légitimité de l’Etat et de la classe politique, elle est fortement remise en cause sur la scène internationale.

Idée reçue n°8 : le libéralisme permet de réduire la corruption. FAUX.

En Israël, la corruption n’a jamais été aussi forte depuis que le pays a adopté une politique économique ultralibérale. Les rentes tirées de monopoles, comme les privatisations et l’octroi des marchés publics, créent autant d’occasions de pots-de-vin et d’enrichissement personnel.

Idée reçue n°9 : la démocratie constitue un frein à la corruption. FAUX.

Israël est un régime démocratique, parlementaire et pluraliste. Or il semble que l’électeur israélien n’utilise pas suffisamment son droit de vote pour punir les élus coupables de corruption ou pour éviter de nommer à des postes clés des hommes qui sont mus par la soif du pouvoir personnel et non par l’intérêt général. Par exemple, les phénomènes de népotisme, c’est-à-dire les liens familiaux entre les politiciens, sont très répandus en Israël, et ils l’emportent trop souvent sur le mérite personnel.

Idée reçue n°10 : on ne peut rien faire pour lutter contre la corruption. FAUX.

Même des pays moins industrialisés qu’Israël (comme le Chili ou l’Uruguay) ont réussi à endiguer le phénomène. La lutte anticorruption passe surtout par ce que l’on appelle une « bonne gouvernance »: contrôle et encadrement des fonctionnaires, peines plus lourdes pour les coupables, règlementations claires, bureaucratie moins pesante, etc…—

Jacques Bendelac (Jérusalem)

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