Le port du voile à l’université remis en question

C’est un rapport alarmiste et une proposition polémique que le Haut Conseil à l’intégration (HCI) a légués à l’Observatoire de la laïcité, détenteur depuis avril des prérogatives de sa mission sur la laïcitéDans l’un de leurs derniers travaux que Le Monde s’est procuré, les membres de cette mission, menée par l’inspecteur général de l’éducation nationale Alain Seksig, se sont intéressés au respect de la neutralité religieuse dans l’enseignement supérieur.
Face aux « nombreux contentieux intervenus dans tous les secteurs de la vie universitaire », le rapport émet douze propositions parmi lesquelles l’adoption d’une loi interdisant « dans les salles de cours, lieux et situations d’enseignement et de recherche des établissements publics d’enseignement supérieur, les signes et tenues manifestant ostensiblement une appartenance religieuse ».

Sans aller jusqu’à étendre à l’enseignement supérieur la loi de 2004 en vigueur dans le second degré, l’idée est bien d’interdire aux étudiantes musulmanes de porter le voile islamique pendant les cours. Une proposition potentiellement polémique, alors que se discute l’opportunité d’interdire les signes religieux, et principalement le voile, dans d’autres sphères de la société française.

A l’appui de leur proposition, les rapporteurs rappellent la loi Savary de 1984, qui précise que la liberté d’expression accordée aux usagers de l’enseignement supérieur « ne doit pas porter atteinte aux activités d’enseignement et à l’ordre public ». Les rapporteurs précisent aussi que le code de l’éducation prévoit que « le service public de l’enseignement supérieur est laïque et indépendant de toute emprise politique, économique, religieuse ou idéologique ». Ils « voient donc mal pourquoi l’enseignement supérieur camperait dans un hypothétique statut d’extraterritorialité ».

Une montée de revendications identitaires et communautaristes

Selon les auditions menées ces derniers mois par la mission sur la laïcité, « certaines universités » sont en butte à « des demandes de dérogation pour justifier une absence, au port de signes d’appartenance religieuse, à des actes de prosélytisme, à la récusation de la mixité tant au niveau des étudiants que des enseignants, à la contestation du contenu des enseignements, à l’exigence de respect des interdits alimentaires, à l’octroi de lieux de culte ou de locaux de réunion à usage communautaire… »

« Les problèmes n’ont pas disparu, ne se sont pas raréfiés mais se sont banalisés, indique le rapport. Des personnalités auditionnées parlent même « d’actions souterraines » (associations cultuelles masquées, conférences à contenu politico-religieux, etc.). Des professeurs nous signalent, par exemple, la difficulté qu’ils éprouvent parfois à organiser des binômes d’étudiants des deux sexes pour des travaux de groupe. »

Lire les témoignages (édition abonnés) « C’est une injustice de ne pas pouvoir travailler avec son voile »

Largement fondé sur une enquête de la Conférence des présidents d’université (CPU) de 2004, le rapport évoque aussi, sans les quantifier ni les situer, des atteintes à la laïcité « dans certaines universités où des tenants de courants chrétiens évangéliques ou néobaptistes critiquent les théories darwiniennes de l’évolution au profit de thèses créationnistes. Ailleurs, des écrits de Voltaire, de Pascal ou de Camus peuvent être rejetés ». La mission « laïcité » du HCI relaie donc le « malaise d’un nombre croissant d’enseignants » face à ces « symptômes de la montée de revendications identitaires et communautaristes, de fermeture, voire d’ostracisme, de refus de certains savoirs ».

Bilan positif de la loi de 2004

S’il reconnaît que « tous les établissements ne sont pas touchés par ces phénomènes » et que certains y ont apporté « des solutions concrètes et apaisantes », le HCI craint néanmoins une certaine « cacophonie » et juge « préférable d’anticiper ».

Il estime donc « nécessaire que l’ensemble des établissements publics d’enseignement supérieur intègrent un article dans leur règlement intérieur visant à prévenir les contestations ou récusations d’enseignement ». Il recommande « l’insertion de l’étude du principe de laïcité dans les programmes des formations débouchant sur un métier des fonctions publiques d’État, hospitalière ou territoriale ou sur un métier des carrières sanitaires et sociales ».

La mission « laïcité » propose enfin que « toute occupation d’un local par une association étudiante fasse l’objet d’une convention d’affectation des locaux, qui ne peuvent en aucun cas être affectés aux cultes ». Dans la même ligne, « les Crous étant soumis au principe de laïcité, ils ne peuvent compter de lieu de culte sur leur site, ni fournir de restauration de nature confessionnelle ».

Dans ce contexte, le Haut conseil à l’intégration rappelle que « la loi de mars 2004 a contribué à diminuer les tensions dans les établissements du secondaire ». L’Observatoire de la laïcité, dans son point d’étape remis le 25 juin au président de la République, établit aussi un bilan positif de la loi de 2004, mais ne paraît pas pour autant enclin à reprendre les conclusions du HCI.

« Nous entendons nous faire notre propre religion », indique-t-on à l’Observatoire. Ces recommandations devraient être publiées dans le rapport annuel du HCI, à l’automne, à moins que l’Observatoire de la laïcité, soucieux « d’apaisement » sur ces sujets, ne préfère les enterrer.

Stéphanie Le Bars/ Le Monde.fr Article original

TAGS : HCI France Burqa Tchador laïcité Université Islam

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marman68

Vous profiter de la laïcité pour essayer de nous tenir en esclavage, le port du voile est interdit en france point,
Mais vu que hollande fait tout ce que les musulmans veulent, bientôt c’est notre liberté qui sera en danger.
bientôt c’est nous qui seront obligé de manger halal, prenez l’exemple de ce boucher qu’ils ont viré, parce que sa boucherie n’était pas halal, et ça je le rappelle ça c’est passé en France il n’y a pas si longtemps
Alors parler de liberté oui : Mais parlez-vous de liberté quand il faut se plier aux lois des musulmans
Qu’a fait le gouvernement pour défendre les droits de ce boucher RIEN qui je vous le rappelle est sous la loi française ET NON LA LOI ISLAMIQUE, OU CHARIA, SI VOUS PRÉFEREZ
Est ce que c’est les musulmans qui font les lois en france ??? et doit-on subir leur charia ????
APARAMENT OUI C’est pour bientôt.
et tous ça avec la bénédiction de hollande et de tous son gouvernement.
est ce que c’est au nom de la neutralité religieuse qu’ils ont viré ce boucher ou est ce au nom de la laïcité qu’ils ont viré ce boucher qui ne voulait pas appliqué leurs lois ( leur charia )
On a trop donner aux musulmans et maintenant ils veulent nous imposer leurs lois.
Ils manquerait plus que les frères musulmans ce présente aux gouvernement ou aux élections présidentielles, car hollande leur en a donné le droit, et la possibilité et vous verrez la France devenir pays islamiste, regardez la Turquie, la Grèce,l’Egypte………. et tous les autres pays qui vont suivre ( en Egypte ils veulent même détruire les pyramides car ce ne sont pas des sites musulmans…. )
Bientôt à cette allure c’est la charia qui va régner en France.
Alors oui il nous faut peut-être voté front national pour éviter que le pire arrive.
La droite nous a peut-être endetté, mais la gauche est en train de faire pire, la gauche est en train de nous vendre faudra-t-il se donner rendez-vous à la mosquée pour dire que j’avais raison,
Alors voyons ce que sa donnera avec marine le pen, et de toute façon elle ne pourra pas faire pire.