Capturer Jabari : la tentative d’enlèvement du Chef du Hamas qui a supervisé le kidnapping de Shalit.

Les renseignements étaient exacts. L’embuscade à Gaza était prête. Mais, lors d’une nuit malencontreuse de 2008, Ahmad al-Jabari a échappé aux forces d’élite d’Israël. Et il ne le savait même pas.

(Suite de : Exclusif : l’opération secrète de Tsahal pour sauver Shalit Article original)De façon répétée, Tsahal et les renseignements israéliens ont été sous le feu de la critique, pour leur inaptitude à recueillir de l’information sur le sort, le lieu de détention de Shalit et leur échec dans la capture de prises de valeur à échanger contre la libération du caporal, tout au long de la période où celui-ci était retenu en otage par le Hamas, à Gaza, soit de 2006 à 2011. Cet article pourrait modifier la perception de l’opinion publique, jusqu’à un certain point.

Non seulement, le Shin Bet et Tsahal sont allés jusqu’au bout pour localiser le soldat israélien, mais ils sont parvenus à le faire et étaient très proches de le libérer. Et, au cours de la seconde moitié de 2008, ils ont mené une opération qui aurait dû assurer les conditions d’un marchandage imparable, puisqu’en l’échange de l’homme qui, précisément, détenait Shalit.


Ahmad al-Jabari

Il faut sauver le Caporal Shalit

L’idée d’éliminer ou de capturer Jabari a, d’abord, été envisagé avant même que Shalit ne se fasse enlever, en juin 2006. Jabari était responsable du développement des capacités de la branche armée du Hamas ; il était celui-là-même qui avait permis à Izz al-Din al Qassam d’obtenir des roquettes sophistiquées, notamment, d’Iran ; et il encourageait son peuple et les autres filiales terroristes à tirer un nombre toujours croissant de missiles contre Israël.


Le Maj. Gen. (ret. ) Yoav Galant (crédit photo : Yossi Zamir/Flash90/File)

Le Général-Major Yoav Galant, désigné Chef du Commandement-Sud, à la fin 2005, considérait Jabari comme une cible légitime et a été le premier à proposer un plan pour assassiner le Chef de l’équipe dirigeante du Hamas.

Galant, qui a, plus tard été, un candidat malheureux au poste de Chef d’Etat-Major, avait été impliqué dans des dizaines d’opérations particulièrement audacieuses en pays ennemis et il implorait ses supérieurs – à commencer par Dan Halutz, chef d’Etat-Major au moment de sa nomination, plus tard, son successeur Gabi Ashkenazi, d’éliminer le problème Jabari aussitôt que possible. Il tenait le dirigeant militaire du Hamas pour responsable du meurtre et des blessures infligées à des civils israéliens et à des soldats de Tsahal, ce qui faisait de lui une cible légitime.

Trois ans après avoir pris le commandement de la branche armée du Hamas, Jabari était devenu l’homme le plus puissant de la Bande de Gaza.

Jabari avait, donc, été pris pour cible, six mois avant que le Hamas ne collabore avec d’autres organisations, pour lancer l’attaque transfrontalière par un tunnel, à Kerem Shalom, qui a débouché sur la capture de Shalit.

Même après la capture de Shalit et au cours de la période suivante de calme relatif, entre Israël et le Hamas, à Gaza, Jabari a continué à diriger la branche armée du Hamas en coulisse (avec l’aide de Marwan Issa, qui lui a, ensuite, succédé) et à doter l’organisation des armes les plus sophistiquées, de façon à servir de source d’inspiration pour d’autres organisations anti-israéliennes.

Dans l’année précédant la capture de Shalit, Jabari était une menace, non seulement pour Israël, mais aussi pour les dirigeants de l’aile politique du Hamas. Cela a pris juste un peu trop de temps à Ismaïl Haniyeh, Mahmoud al Zahar et d’autres chefs importants, avant qu’ils ne réalisent que Jabari suivait son propre agenda et qu’il omettait de les consulter avant d’arrêter d’importantes décisions, telles qu’appeler ou non à un cessez-le-feu, prendre un soldat israélien en otage ou même de renverser le gouvernement local. A l’époque, il avait 46 ans, trois ans après avoir pris le commandement de la branche militaire du Hamas, Jabari, aussi connu sous le nom « d’Abu Mohammad » était devenu l’homme le plus puissant de la bande de Gaza.

En tant que chef militaire du Hamas, Jabari supervisait les préparatifs en vue de l’opération près de Kerem Shalom. Des séquences importantes du plan originel ont échoué, mais, ils se sont, néanmoins, retrouvés face au tank de Shalit. Deux des soldats, à l’intérieur du tank, le Lt. Hanan Barak et le Sgt. D’équipage Pavel Slutzker, ont été tués au cours de l’attaque et un troisième soldat a été blessé, puis, évacué plus tard, alors que Shalit quittait le tank les mains en l’air et se rendait au Hamas.

Dans un article du Ha’aretz, Amos Harel déclarait que, deux jours avant l’attaque au petit matin du dimanche 25 juin, le Général de l’équipe de commandement de l’unité de reconnaissance avait prévu de lancer une opération visant à arrêter le terroriste du Hamas Mustafa Muammar, à l’Est de Rafah. Le Shin Bet pensait, en effet, que Muammar détenait des informations importantes sur une attaque imminente du Hamas. L’opération a été lancée avec 24 heures de retard sur le timing prévu et le terroriste du Hamas, ainsi que son frère ont été appréhendés au cours d’une opération rondement menée par l’unité spéciale.

Harel écrivait que l’une des affirmations du Général de l’unité était que le délai de 24 heures, exigé par les têtes dirigeantes des Directoires du renseignement et des opérations (Amos Yadlin et Gadi Eizenkot, contrairement aux recommandations émises par le Commandement Sud, la Division Gaza et l’adjoint au Chef d’Etat-Major Moshe Kaplinsky) a eu pour principales conséquences la mort des soldats du tank et l’enlèvement de Shalit.

L’Unité de reconnaissance a arrêté l’activiste du Hamas, tôt, ce samedi matin et l’a transféré au Shin Bet pour y être interrogé. Le dimanche, plusieurs heures après que Shalit ait été kidnappé, Muammar a livré à ceux qui l’interrogeaient des renseignements qui pouvaient empêcher cette attaque. Malheureusement, cet incident, qui continue de hanter plusieurs officiers de Tsahal, retirés et encore en service, ne serait sûrement pas la dernière dans un enchaînement d’évènements, autour du kidnapping de Shalit, qui allait déclencher des luttes internes entre les généraux.

Le rejet des propositions de Galant.

Dimanche matin, peu de temps après le kidnapping, Galant et le chef des renseignements militaires, Amos Yadlin, sont arrivés au terminal frontalier de Kerem Shalom, pour ce qui était supposé être une visite prévue par le Commandement, sans relation directe avec l’attaque de ce matin-là.


Le Premier Ministre Palestinien dans la Bande de Gaza, Ismail Haniyeh s’exprime durant une cérémonie, en novembre dernier (photo credit: Abd Rahim Khatib/Flash90)

Le Général de Brigade Aviv Kochavi, alors Commandant de la Division Gaza (et actuel Chef des renseignements militaires) était déjà arrivé.

Galant a, d’emblée, déclaré à ceux présents, que, suivant son opinion, Haniyeh et al-Zahar devraient être pourchassés sans délai et pris pour cibles sans avertissement préalable. Yadlin n’était pas d’accord, mais Galant a continué à poursuivre sa logique d’action, dans une conversation téléphonique avec Halutz. Lequel Halutz rejetait tout de go la proposition, bien que le chef du Commandement Sud pensait crucial qu’Israël diffuse un message immédiat au Hamas, concernant le prix qu’il paierait pour toute tentative de kidnapping d’un soldat israélien. Galant n’avait, probablement pas, conscience, sur le moment, que l’attaque transfrontalière n’avait été, ni approuvée, ni coordonnée avec Haniyeh et al-Zahar.

C’est, en définitive, Ashkenazi qui a autorisé l’opération secrète visant à capturer Jabari.

Le Chef d’Etat- Major Halutz n’a pas autorisé les attaques proposées et Tsahal a lancé l’opération « Pluies d’été », qui s’est, pratiquement terminée, avec le déclenchement de la Seconde Guerre du Liban. Quoi qu’il en soit, les idées proposées par le Commandement Sud n’ont jamais entièrement disparu de l’agenda. Galant proposait, de façon répétitive, de frapper les dirigeants politiques du Hamas, autant que les dirigeants d’Izz al-Din al Qassam, tels que Muhammad Sinwar Raed al-Atar,Marwan Issa et, évidemment, Jabari. Ces propositions de Galant étaient soutenues par plusieurs responsables de haut-rang au Shin Bet, comme Yitzhak Ilan, qui pensait que les dirigeants du Hamas devaient devenir des cibles, de façon incessante et répétée, dans le but d’indiquer clairement le prix de l’attaque contre Shalit et dissuader le Hamas.

Ces propositions ont, en définitive, été rejetées, probablement, à cause des tentatives des dirigeants politiques israéliens de stabiliser la situation sécuritaire dans la Bande de Gaza. Et, effectivement, vers la fin 2007 et le début 2008, un certain statuquo s’était établi, dans la région, qui permettait à Israël d’opérer contre des terroristes n’appartenant pas au Hamas à Gaza, alors que le Hamas réfrénait les attaques violentes contre des cibles israéliennes.

La prise de fonction d’Ashkenazi.

Gabi Ashkenazi a été nommé Chef d’Etat-Major, début 2007. L’un de ses principaux objectifs était de restaurer la puissance etla capacité de dissuasion de Tsahal après la Seconde Guerre du Liban.

Plusieurs officiers supérieurs de Tsahal, avec lesquels j’ai discuté, m’ont rapporté qu’Ashkenazi n’était pas un chaud partisan des opérations spéciales, c’est le moins qu’on puisse dire. Il a reçu plutôt fraîchement, diverses propositions d’éliminer ou d’attaquer des dirigeants du Hamas. Un de ces officiers m’a dit que « Ashkenazi n’aurait pas rejeté les plans d’opérations qui étaient proposés. Il en aurait laissé s’évanouir l’opportunité. Il aurait reporté les discussions de plusieurs jours ou fait montre de ses réserves au sujet des plans en vigueur, jusqu’à ce que la fenêtre d’opportunité, pour mener ces opérations, se referme et nous serions retournés à notre routine habituelle. Il voulait avoir la paix et la tranquillité ».


L’ancien Chef d’Etat-Major Gabi Ashkenazi en 2007 (photo credit: Abir Sultan/Flash90)

Par contre, d’autres responsables importants de l’Etat-Major présentent une image différente. Ashkenazi a souvent autorisé les opérations allant très en profondeur à l’intérieur de la Bande de Gaza, mettant fréquemment la vie de soldats en danger, dans l’unique but d’obtenir des informations sur les conditions de détention de Shalit. Et c’est bien Ashkenazi qui, en définitive, a autorisé l’opération secrète consistant à enlever Jabari, qui est révélé ici pour la première fois.

Trouver la maison des kidnappeurs.

Durant la seconde moitié de 2007, le Shin Bet a, progressivement, accepté le fait qu’en dépit de ses efforts incessants, il lui était impossible de recueillir une information vraiment féconde concernant Shalit. Les collègues des opérations de Tsahal, au contraire, les défendent, en expliquant que le Shin Bet (qui a refusé de collaborer à cet article) a fait l’impossible pour obtenir des renseignements. Ils ont investi d’énormes ressources. On a pris la décision de mettre tous les moyens, afin de collecter des informations sur Shalit. Leurs équipes travaillaient nuit et jour », m’a-t-on dit. Le problème est que, lors d’incidents aussi graves que celui-ci, le résultat final est bien la seule chose qui compte.

Le putsch du Hamas à Gaza en juin 2007, expulsant le Fatah de Mahmoud Abbas, a interrompu les négociations pour libérer Shalit. Les renseignements égyptiens, médiateurs exclusifs, ont décidé de boycotter le Hamas, à la suite du raid de terroristes du Hamas contre la demeure qui abritait la délégation des renseignements égyptiens dans la Bande de Gaza, au court du putsch.

Le Shin Bet a identifié ce qu’il pensait être la maison où était détenu Shalit.

Au même moment, le Shin Bet a, finalement, réussi à découvrir deux pistes d’information. La première était liée à Jabari. Israël est parvenu à traquer « Abu Muhammad » à Gaza, grâce à sa plus grande faiblesse : les femmes. Alors que les liens très étroits entre Yahya Ayyash (prédécesseur de Jabari), l’ingénieur fabriquant de bombes du Hamas, et son père ont conduit à l’élimination d’Ayyash, la faiblesse de Jabari, c’était ses deux femmes. Il circulait relativement confiant à l’intérieur de la Bande de Gaza et rendait fréquemment visite à ses deux femmes.

Il ne considérait pas cela comme un risque significatif pour sa sécurité personnelle, à cause des relations relativement pacifiques entre Israël et le Hamas, durant le début de 2008 et la Tahadiya, l’accord de cessez-le-feu, approuvé en juin 2008. Il évitait de voyager au sein d’une escorte armée de façon à ne pas attirer l’attention de collaborateurs potentiels et préférait se déplacer dans des véhicules privés avec pas plus d’un ou deux gardes du corps.


Des dizaines de milliers de manifestants au cours d’un rassemblement en faveur des soldats kidnappés, sur le Square Rabbin de Tel Aviv , à l’automne 2006. Ehud Goldwasser, Eldad Regev et Gilad Shalit étaient déjà en capivité depuis plusieurs mois, à l’époque de cette manifestation. (photo credit: Flash90)

La deuxième réalisation importante du Shin Bet concernait une évaluation des conditions de détention de Shalit. Au cours des années de captivité de Shalit, plusieurs lieux ont été identifiés comme des localisations possibles de détention. Mais le Shin Bet était, plus particulièrement, intrigué par l’une de ces maisons. Le consensus parmi les membres de premier rang du Shin Bet se formait qu’il était hautement probable que Shalit y soit détenu.

Cela soulève la question consistant à savoir pourquoi Israël n’a pas lancé une opération militaire pour récupérer Shalit et le faire échapper de cet endroit, si on considérait avec une telle probabilité qu’il était bien détenu dans cette demeure. La réponse est qu’en tout premier lieu, l’information n’était rien d’autre qu’une évaluation et qu’elle n’était pas soutenue par des renseignements de confirmation définitive. En second lieu, même si Israël avait obtenu cette information cruciale, aurait-il été réalisable de lancer une opération de sauvetage dans l’une des zones les plus denses de la Bande de Gaza ?

La Bande de Gaza bénéficie d’une réputation négative justifiée, parmi les forces de sécurité israéliennes. C’est un bastion de la résistance contre Tsahal, depuis la Première Intifada et elle abrite des milliers de terroristes armés affiliés à une grande diversité d’organisations terroristes. Les constructions denses rendent les « camps de réfugiés » complètement inpratiquables pour les véhicules. Des immeubles de quatre étages sont souvent bâtis à seulement quelques mètres de distance les uns des autres.

Puisque chacun le sait, même les opérations les plus secrètes peuvent être repérées en à peine quelques secondes. (Le Hamas affirme qu’en septembre 200, des soldats de Tsahal sous couverture ont kidnappé un haut-gradé terroriste de la division militaire de l’organisation qui était impliqué dans l’enlèvement de Shalit, bien qu’il a été pris près de Rafah, dans une zone moins dense). Une opération militaire à l’intérieur des « camps de réfugiés » se serait probablement terminée, non seulement, par la mort de Shalit, mais elle aurait aussi mis en péril la vie de soldats israéliens. Les décideurs ne peuvent pas oublier l’enlèvement de Nachshon Wachsman, en 1994. A l’époque, malgré les renseignements hors-pair obtenus par le Shin Bet sur la localisation du soldat, la mission de secours de l’unité de Tsahal s’est achevée par la mort de Wachsman et du Capitaine Nir Poraz. On doit noter que, même plus tard, au cours de l’opération « Plomb Durci », les forces de Tsahal ont évité les zones piégées où elles soupçonnaient que Shalit était détenu.

Prendre Jabari

Les négociations avec le Hamas ont très peu avancé, au cours des premiers mois de 2008, dû, principalement, à l’absence de médiateur entre les parties. Dans la façon de penser israélienne, l’hypothèse générale était que Jabari lui-même faisait obstruction à toute opportunité de réaliser des progrès en vue de déboucher sur un accord. Le manque d’options militaires pour libérer Shalit, les informations sur la localisation de Jabari, et le fait qu’il était l’obstacle principal sur la voie d’un accord, a conduit Galant à remettre sur la table sa proposition d’assassiner Jabari. Il a aussi mis une option sur le kidnapping de Jabari, qui restait l’option préférentielle, du fait de la haute valeur stratégique du Commandant du Hamas, aux yeux des renseignements israéliens.

En 2008, Ashkenazi a autorisé Tsahal à enlever Jabari.

La probabilité était élevée de prendre Jabari vivant.

On a entendu un assez grand nombre d’arguments, parmi les hauts responsables de la sécurité israélienne, concernant les implications de cette opération. Cela mettrait, évidemment, fin au calme relatif entre Israël et Gaza. En outre, les organisations du renseignement étaient partagées sur le fait de savoir à quel point l’enlèvement d’Abu Muhammad serait réellement efficace dans le processus de libération rapide de Shalit, en échange de Jabari. Beaucoup de responsables arguaient que le Hamas ne consentirait jamais à de telles conditions, alors que d’autres pensaient que ce serait possible de déboucher sur un accord de ce genre.

Ceux qui soutenaient l’opération affirmaient que même si on échouait à libérer Shalit, cela renforcerait la dissuasion d’Israël et que cela contribuerait à reprendre les négociations tombées dans l’impasse. Un des décideurs dit aujourd’hui que « ce n’était pas, dans tous les sens du terme, une décision facile à prendre. Il n’y avait aucune garantie qu’il serait pris vivant, et même s’il l’était, il pourrait ne fournir aucune information. L’homme avait déjà été détenu dans une prison israélienne, auparavant ».


Gabi Ashkenazi, à gauche, parle avec Ehud Barak aux quartiers-généraux du Ministère de la défense, en 2010. (photo credit: Ariel Hermoni/Defense Ministry/Flash90)

Dès qu’Ashkenazi a décidé d’approuver l’opération en 2008, le débat a cessé presque complètement. Ce plan ambitieux venait de recevoir son coup d’envoi par le Ministre de la Défense Ehud Barak et le Premier Ministre Ehud Olmert. Les diverses organisations des renseignements démultipliaient leurs efforts pour recueillir des informations sur Jabari et commençaient à épier ses moindres mouvements et à identifier des modèles de comportement.

Les vastes sommes d’informations récoltées par les renseignements militaires de Tsahal et le Shin Bet ont pavé la voie vers la réalisation effective de l’opération. Les soldats de l’unité spéciale sélectionnés pour la mener ont commencé à effectuer des simulations.

“D”, le Commandant de l’unité, dirigerait l’opération à partir d’un point spécifique à l’intérieur même de la Bande de Gaza. Un second officier, se nommant, également, D., était le commandant opérationnel sur le terrain. On attendait l’arrivée de Jabari au croisement où les soldats étaient prêts à lui sauter dessus à la nuit tombée, et qu’il tombe dans cette embuscade soigneusement planifiée.

Selon des responsables qui ont participé à la mise au point de l’opération, « la probabilité qu’il soit pris vivant était élevée. Nous disposions de tous l’équipement militaire nécessaire pour s’assurer qu’il survivrait à l’embuscade. Nous avions les capacités pour tuer son escorte si et autant que nécessaire ».

Les forces attendaient les ordres pour y procéder. Finalement, il est arrivé. Les soldats ont commencé à avancer, mais seulement pour recevoir de nouveaux ordres de se retirer, à cause d’un problème qui venait de survenir. Ils sont, alors retournés en territoire israélien.

Plusieurs jours plus tard, on a, à nouveau, donner l’ordre aux soldats de repartir accomplir leur mission. Une fois encore, ils ont pris position en début de soirée, sous le commandement de D et ont commencé à progresser vers leur destination, à l’intérieur de la Bande de Gaza. La totalité du Commandement militaire d’Israël était réuni au bureau des opérations du Shin Bet.

Galant était le commandant de l’opération dans sa globalité. Etaient également présents, le commandant du Shin Bet pour la région Sud –G ; des représentants de la Division des opérations du Shin Bet ; le chef d’Etat-Major de l’armée de l’air, Nimrod Shefer ; et le commandant-adjoint de la division des opérations – A. Le Ministre de la Défense, Ehud Barak, était assis derrière une vitre, avec le Chef d’Etat-Major, Ashkenazi et le Directeur du Shin Bet, Yuval Diskin, tous sous tension, attendant de nouvelles mises à jour des toutes dernières informations. Les heures passaient, alors que les soldats d’élite arrivaient tous, les uns après les autres, à leur ponit de destination, sans s’être faits repérés. Il était, approximativement, 9h du soir.

Le mauvais virage

Il est hautement improbable que Jabari ait pu en avoir la moindre idée, mais son destin a été scellé ce soir-là. S’il avait été capturé, il n’aurait pas été tué en novembre 2012, au début de l’opération « Nuée (ou Pilier) de Défense », mais aurait, plutôt, été libéré comme pièce maîtressepour la libération de Shalit.

Jabari n’a pas fait preuve de comportement inhabituel, cette nuit-là, et Galant a ordonné aux soldats d’entrer en action. On s’attendait à ce que Jabari atteigne la route dans les quelques minutes à suivre et qu’il tombe ensuite dans l’embuscade. La tension était à son comble à Tel Aviv. Le Ministre de la Défense et le Chef d’Etat-Major n’ont pas pu s’empêcher de pénétrer à l’intérieur du poste de commandement lui-même.

La voiture de Jabari s’approchait du virage qu’elle avait pris plusieurs jours auparavant, où les soldats l’attendaient, mais l’opération s’est terminée là. Le chauffeur de Jabari a décidé de prendre une route différente, cette nuit-là. Les Commandants regardaient désespérément la voiture s’éloigner du lieu prévu pour l’embuscade. On a ordonné à D. et ses hommes de faire demi-tour. Ils sont tous revenus sains et saufs, mais les mains vides. Le terroriste n°1 était toujours dans la nature.

Après la tentative avortée d’enlever Jabari, d’autres idées ont fait surface pour obtenir des atouts qui soient une bonne monnaie d’échange, y compris de nouveaux plans pour l’enlever. Une unité spéciale différente s’est entraînée à pratiquer un autre schéma pour capturer Abu Muhammad. Les plans n’incluaient pas de prendre les adjoints de Jabari, comme il était peu probable qu’ils contribuent aux efforts pour libérer Shalit.

simple suggestion : un dédoublement des unités spéciales présentes, des deux côtés de la route, après le virage, n’aurait-il pas suffit à simplifier le problème? »>Article original

Qui ose, vaincra.

Une question particulièrement dérangeante surgit des entretiens menés pour cet article, concernant la performance de Tsahal et des forces de sécurité, durant les années de captivité de Shalit. Même si nous supposons que les organismes de renseignement n’avaient pas d’information précise, à propos de la localisation de Shalit, ou que s’ils en avaient effectivement, une opération de sauvetage se serait avérée impossible, comment est-il possible qu’Israël, Tsahal et le Shin Bet n’ont pas réussi à se réserver des atouts de valeur comme monnaie d’échange, ni réaliser aucune tentative pour imposer des pressions militaires drastiques sur le Hamas, par le biais d’opérations militaires, autre que la tentative d’enlever Jabari en 2008 ? Il y a, néanmoins, eu « Plomb Durci » en 2008-2009, soit juste après »>Article original.

Il est probable que le calme relatif, dans la Bande de Gaza, et la peur de perdre des soldats supplémentaires, ont conduit Tsahal à hésiter (une fois encore, ces considérations peuvent très bien être tout-à-fait justifiées), dans la quête de prises de ces monnaies d’échange potentielles par la force. Si c’est bien le cas, il semble que l’échelon militaire et les décideurs politiques ont oublié la devise « Qui ose, vaincra ! ».

Il est vrai qu’on a jeté beaucoup d’idées autour des quartiers-généraux de l’armée, sur ce qu’il « fallait faire ». Certaines semblaient être démentielles et n’ont jamais franchi le pas de l’exécution. Israël n’a pas abandonné Shalit. Il a, finalement, été libéré de captivité, plus de cinq ans après son enlèvement. Mais si Israël s’était montré plus audacieux, son temps de captivité aurait pu être plus court ou, autre alternative, le Hamas aurait pu être contraint de réflechir à deux fois à sa politique de kidnapping de soldats israéliens.

Pendant ce temps, au foyer des Shalit

En octobre, Israël marquera le deuxième anniversaire de la liberation de Shalit. 1.027 prisonniers, précisément, ont été élargis en l’échange de Shalit. Ce nombre est sans précédent dans toute l’histoire des échanges de prisonniers pour un seul otage.

Cet arrangement a été sévèrement critique, autant à l’époque qu’aujourd’hui, pour avoir aidé le Hamas à restaurer son image publique aux yeux du peuple palestinien. Jabari faisait partie du groupe du Hamas qui escortait Shalit en Egypte, pour sa mise en liberté.


Le soldat israélien Gilad Shalit (au centre) le jour où il a été libéré dans un échange de prisonniers, le 18 octobre 2011 . On peut apercevoir le dirigeant du Hamas Ahmed Jabari derrière son épaule droite. (photo credit: Flash90)

Israël se trouve, aujourd’hui, face à un nouveau dilemme. Devrait-il y avoir 104 prisonniers âgés à être libérés, à l’attention du Président Abbas, de l4autorité Palestinienne, comme marque de geste favorable, avant et au cours du renouvèlement des négociations ? Abbas, lui-même, a saisi toute occasion pour critiquer Israël sur ce point, en demandant pourquoi Israël avait la possibilité plus de 1.000 prisonniers du Hamas et des centaines de prisonniers du Hezbollah, parce qu’ils avaient enlevé des soldats israéliens, alors qu’il refuse de libérer plus de prisonniers, comme partie intégrante de négociations de paix.

Aujourd’hui, Shalit reconstruit progressivement sa vie. Autour du second anniversaire de sa libération, il commencera ses études en B.A d’économie et développement durable au Centre Interdisciplinaire (IDC) d’Herzliya.
Son père, Noam Shalit, m’a dit que les otus premiers mois de captivité avaient été très difficiles. « Disons que ce n’était pas vraiment un picnic. Une des histoires bizarres qu’il nous a racontées est qu’ils le nourrissaient avec du Houmous Tzabar fabriqué en Israël. Occasionnellement, ils lui apportaient des viandes cuites, mais il n’en mangeait pas beaucoup. Il n’a pas vu la lumière du jour durant cinq ans et était détenu dans une pièce confinée, fermée et sans fenêtre ».


Gilad Shalit avec son père, Noam, le jour de sa libération de captivité (photo credit: Ariel Hermoni/ Defense Ministry/Flash90)

Il dit que Gilad a, à présent, une idée générale de l’endroit où il était détenu en otage, mais qu’il préfère peu parler de ses années de captivité. Nom affirme que, lorsque les responsables de la sécurité évoquaient les tentatives pour capturer des atouts pouvant servir de monnaie d’échange avec leurs familles, l’hypothèse était que s’ils parvenaient à s’emparer de deux personnages centraux, le Hamas modifierait ses exigences pour inclure « 450 prisonniers importants en plus des deux personnalités de premier plan ».

Selon Nam Shalit, un accord est devenu possible seulement après que Jabari a accepté de renoncer à ses exigences pour la libération de « gros poissons » terroristes, tels que Marwan et Abdallah Barghouti, Abbas al-Sayid et d’autres.


La voiture dans laquelle Ahmed Jabari circulait quand il a été éliminé par une frappe aérienne de l’armée de l’air israélienne (photo credit: Channel 2 screen capture)

Et, effectivement, approximativement deux ans après cette fameuse nuit de 2008, où l’unité spéciale de Tsahal a tenté d’enlever Abu Muhammad, le gouvernement israélien a dépêché un message non-conventionnel à Jabari. Un haut-responsable du Shin Bet a rencontré des dirigeants terroristes du Hamas, Yahya Sinwar (frère de Muhammad Sinwar, l’un des chefs de la branche amée du Hamas) et Cheikh Hassan Yousef, au cœur d’une prison israélienne. Il leur a ordonné de dire à Jabari que s’il continuait à insister sur sa liste de prisonniers, il n’y aurait aucun arrangement du tout. L’arrangement a, alors, pu se dérouler sans que les « gros poissons » terroristes ne figurent sur la liste.

Moins d’un an plus tard, Ahmed Sayid al-Jabari trouvait la mort, suite à un tir de missile, venu d’un avion israélien, sur sa voiture, déclenchant l’Opération Nuée » (Pilier) de Défense.

Réponses

Gabi Ashkenazi et Yoav Galant ont refusé de commenter cet article. Ehud Barak n’a pas pu être joint pour le commenter.

Le porte-parole de Tsahal a répondu par le communiqué suivant :

“Durant les années de la captivité de Gilad Shalit, Tsahal a investi des moyens considérable, sur le plan militaire et des renseignements et d’autres types d’efforts pour le ramener à la maison en Israël. Nous ne pouvons, naturellement, pas rendre publics les détails, concernant ces efforts ».


AVI ISSACHAROFF

Adaptation : Marc Brzustowski

timesofisrael.com Article original

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