Depuis des heures, ils l’attendaient dimanche midi, écrasés les uns contre les autres dans le hall de l’aéroport de Tunis. Après plus de 20 ans d’absence, des milliers de Tunisiens, laissent éclater leur « fierté islamique » à l’apparition de leur « héros » Rached Ghannouchi.

Ghannouchi, que beaucoup voient sans doute pour la première fois, est le visage de l’islamisme que semblent tant redouter nombre de tenants de la laïcité dans la nouvelle Tunisie de l’après Ben Ali, le président chassé le 14 janvier par un soulèvement populaire.

A l’aéroport de Tunis-Carthage où les forces de l’ordre se faisaient très discrètes, le presque septuagénaire est apparu devant ses « fans » en lançant un vibrant « Allah Akbar » (Dieu est le plus grand), les bras tendu vers le ciel.

Ce fut sa seule déclaration avant de se frayer difficilement un chemin vers la sortie de l’aéroport, sans que l’on sache sa destination.

Autour de lui, quasi comme pour une star de rock, un cordon de sécurité de son parti en casquettes blanches fait barrage et tente de le protéger de la bousculade en criant « ne le touchez pas! ne le touchez pas! ». « On n’a pas confiance dans la police », dit un membre du service d’ordre.

Dans la cohue les militants du mouvement Ennahda (Renaissance) entonnent un chant très symbolique en islam, celui qui évoque le départ du prophète Mahomet de la Mecque vers Médine en 622.

« Je suis tellement heureuse de le ramener à la maison. Jamais je n’aurais pensé revoir mon frère vivant », dit à l’AFP sa soeur Jamila.

Bien avant son arrivée dans le hall du terminal plein comme un oeuf jusque sur la coursive du premier étage, des milliers de partisans d’Ennahda étaient agglutinés devant la porte de sortie du vol British Airways qui le ramenait de Londres.

A pleins poumons la foule alternait l’hymne national et de vibrants « Allah Akbar ».

Quelques corans et rameaux d’olivier émergent à bout de bras de la masse compacte, beaucoup d’appareils photos et de téléphones portables.

Un peu en retrait, plusieurs dizaines de défenseurs de la laïcité ont tenu malgré tout à être présents à l’aéroport avec des pancartes contre le fondamentalisme.

Maquillée, cheveux dénoués, jupe au-dessus des genoux, une jeune femme a passé le message à sa façon: elle s’est peint au feutre une moustache et une barbe sur le visage, parce qu' »avec les islamistes, il faut être un homme pour exister ».

Au moment où la foule se dispersait après le départ de Rached Ghannouchi pour ses premiers pas en terre tunisienne depuis deux décennies, les esprits se sont échauffés entre les deux camps. Quelques frictions et des pancartes déchirées, mais tout s’est calmé rapidement.

Au moment du départ de Londres, Ghannouchi avait voulu « la jouer modeste »: « je rentre à la maison aujourd’hui, mais je retourne aussi dans le monde arabe », avait-il assuré.

A Tunis, à part son sonore « Allah Akbar » à l’aéroport, il a évité de faire toute déclaration sur ses projets politiques dans la nouvelle Tunisie que lui aussi va devoir découvrir.

AFP

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Jean

Je découvre ce blog.Pour le coup , je partage l’opinion de Clémence 57 .

Encore que je ne croie pas non plus à la permanence de cette distinction nationalistes -islamistes . Elle me parait européenne et même plutôt parisienne car la Umma ,la patrie musulmane est profondément dans les coeurs et rien n’interdit d’être, disons prosaïquement  » à voile et à vapeur « .

On a eu de nombreux cas de nationalistes qui, insatisfaits à un moment de leurs amis , ont viré à l’islamisme

Ou l’inverse

Car les différences ne sont que théoriques , abstraites

Armand Maruani

« Les islamistes ferment les maisons closes » dans le sud tunisien.(Jssnews du 18/02)). L’obsurantisme au pouvoir pour bientôt? Ils n’ont pas attendu longtemps.Aucune voix pour condamner ces individus.Les médias toujours aussi muettes.Ils regrettent déja le pauvre Ben Ali qui lutte contre la mort sans sa femme à ses côtés , elle a préféré se réfugier chez Khadafi.Pendant ce temps, 2 navires de guerre du nazi persan se dirigent vers la Syrie via le canal de Suez. Ils n’ont plus peur de personne depuis les deux révolutions, c’est le moment idéal avec en prime un des leurs au pouvoir aux EU qui laisse faire. Seul, une nouvelle fois Israêl fâce à son destin.L’esprit de Münich plâne de nouveau.

Armand Maruani

Aprés l’incendie criminel de la synagogue prés de Gabès, manifestation antisémite devant la grande synagogue .
Voir you tube : » manifestation antisémite devant la synagogue de Tunis ».Personne n’en parle, par contre,
j’ai entendu notre ministre des affaires étrangères avoir une attitude ferme vis à vis du Mexique estimant que Florence Cassez est victime d’une erreur judiciaire.Et Guilat ? On l’abandonne dans les geoles du hamas depuis bientôt 5 ans. Deux poids , deux mesures.Son malheur est d’être juif et puis on craint moins le Mexique que les muzz et le hamas. Ecoeurant.

CLEMENCE57

Comment le leader d’un mouvement religieux « islamiste » peut-il ne pas être dangereux ? Vous le définissez vous-même comme islamiste…Je trouve cela bien inquiétant…Espérons que la majorité des Tunisiens réputés pour leur modération et leur laïcité fassent barrage aux islamistes qui cherchent à s’implanter dans les pays musulmans en crise….Les religieux qui ont pris le pouvoir lors de la révolution iranienne en 79 ne semblaient pas non plus dangereux au prime abord…Les Iraniens et les Iraniennes ont été eux-mêmes trompés….Espérons que la révolution tunisienne ne soit pas récupérée elle aussi par les Islamistes…

Armand Maruani

Personnellement je ne suis pas optimiste. Mais un gouvernement avec des islamistes ne sera peut être pas gouverné à l’Iranienne mais peut être qu’il suivra la politique actuelle de la Turquie. J’espère me tromper.

Frbelaisch

comme toujours il y a le verre à moitié plein et celui à moitié vide! pourquoi avez-vous exagéré en titrant l’islamisme de retour à Tunis?
C’est un musulman qui revient à Tunis et qui dirige un mouvement religieux islamiste et non dangereux comme vous le suggérez.
Attention à votre responsabilité!!! Aidons la Tunisie à redevenir une démocratie laïque sans la pousser vers « l’islamise fondamental ».
A force de crier au loup vous allez pousser au pire.
Bien à vous
Dr FB