Le président égyptien par intérim a promulgué
dimanche une loi controversée autorisant les autorités installées par l’armée
après la destitution du président islamiste Mohamed Morsi à interdire des
réunions ou des manifestations susceptibles de menacer la sécurité publique. Le texte, qui provoque depuis des semaines l’ire des défenseurs des droits
de l’Homme, prévoit des peines d’un à cinq ans de prison ferme pour des délits
allant du port de la cagoule à celui d’armes lors de défilés ou de
rassemblements, a annoncé en une conférence de presse le porte-parole de la
présidence, Ehab Badaoui.
La loi oblige en outre les organisateurs à informer les autorités de leur
manifestation au moins trois jours ouvrables avant sa tenue. Ils doivent
également fournir leurs coordonnées, le lieu ou le trajet du cortège, leurs
revendications et les slogans qui seront scandés. Le ministère de l’Intérieur
peut ensuite décider d’interdire le rassemblement s’il représente une « menace
pour la sécurité », a expliqué M. Badaoui.
Interrogé dimanche par l’AFP, le Premier ministre Hazem Beblawi a précisé
que l’Etat n’attendait pas des organisateurs qu’ils « demandent l’autorisation »
des autorités, mais qu' »ils les informent ».
« Cette loi ne restreint pas le droit de manifester, mais vise à protéger
les droits des manifestants », a-t-il insisté.

Une source gouvernementale a précisé à l’AFP que des modifications avaient
été apportées au texte initial: « Il prévoyait que les organisateurs informent
les autorités sept jours avant la tenue d’une manifestation, ce délai a été
ramené à trois jours ».

Dans le pays où le gouvernement réprime depuis la mi-août de manière
extrêmement violente les manifestants islamistes qui réclament le retour au
pouvoir de M. Morsi, la loi prévoit, en cas de violences de la part des
manifestants, une « utilisation graduée de la force », allant des
« avertissements verbaux au tir de chevrotines en passant par les canons à eau,
les matraques et les gaz lacrymogènes ».

Dimanche matin, juste avant la promulgation de la loi, une vingtaine
d’organisations de défense des droits de l’Homme ont dénoncé « l’approche
oppressive » du gouvernement dirigé de facto par l’armée: cette loi
« criminalise les manifestations et les réunions publiques, et donne carte
blanche à l’Etat pour disperser par la force des rassemblements pacifiques »,
ont-elles affirmé.

Plusieurs ONG, de même que l’ONU, avaient déjà appelé le gouvernement à
abandonner cette loi, en l’accusant de vouloir revenir sur les acquis de la
révolution populaire ayant provoqué la chute de Hosni Moubarak en 2011 après
trois décennies de règne absolu.

La promulgation intervient alors que depuis le 14 août, le nouveau pouvoir
a lancé la police et l’armée dans une vague de répression sanglante visant
tout manifestant réclamant le retour au pouvoir de M. Morsi, premier président
élu démocratiquement en Egypte, ainsi que sa confrérie des Frères musulmans.
Plus d’un millier de manifestants pro-Morsi ont été tués depuis, et plus de
2.000 Frères musulmans arrêtés.

Dimanche, des cortèges pro-Morsi ont défilé dans différentes villes du
pays, les islamistes continuant à appeler quasi-quotidiennement à la
mobilisation.

LE CAIRE, 24 nov 2013 (AFP)

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