Les autorités syriennes
« devront répondre de leurs actes devant la justice » internationale, a estimé
lundi le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé, suggérant de
« préparer (…) les conditions d’une saisine de la Cour pénale internationale ». Dans un discours devant le Conseil de sécurité de l’ONU, M. Juppé a aussi
appelé « la Chine et la Russie à entendre la voix des Arabes et de la
conscience mondiale et à se joindre à nous » pour condamner la répression en
Syrie.
Moscou et Pékin ont bloqué par deux fois des résolutions du Conseil sur
la Syrie.
M. Juppé a affirmé que « les crimes du régime syrien ne sauraient rester
impunis ».
« Le jour viendra », a-t-il estimé, « où les autorités civiles et militaires de ce pays devront répondre de leurs actes devant la justice ».
Le rapport de la commission d’enquête de l’ONU « confirme qu’un crime contre
l’humanité est en cours », a-t-il souligné.
« Depuis un an (..), la situation (en Syrie) est chaque jour plus
inacceptable » et le régime « s’enfonce dans une violence toujours plus
barbare », a poursuivi M. Juppé, ajoutant:
« la première urgence aujourd’hui est d’obtenir la cessation des violences et l’accès des populations à l’aide humanitaire ».
Rappelant le bombardement et la prise de Homs par les forces syriennes, il
a a estimé que « Homs restera dans l’histoire de l’humanité comme l’une des
villes dont le martyre hante les mémoires ».
Evoquant « des mois de blocage » par Moscou et Pékin au Conseil, M. Juppé a
« appelé la Chine et la Russie à entendre la voix des Arabes et de la
conscience mondiale et à se joindre à nous ».
« Il est inacceptable que notre Conseil soit empêché d’assumer ses responsabilités.
Apportons notre soutien à la mission de Kofi Annan et au plan de la Ligue arabe » pour résoudre la crise, a martelé le ministre français.
Moscou et Pékin ont mis leur veto au Conseil à deux résolutions sur la
Syrie, en octobre 2011 et en février 2012, et continuent de soutenir le régime
du président Bachar al-Assad.
Evoquant l’Iran, M. Juppé a estimé que le régime iranien poursuivait un
programme nucléaire « manifestement militaire ».
Selon lui, le Conseil « doit rester ferme » sur ce sujet « car nous savons qu’il est deux issues également inacceptables: un Iran doté de l’arme nucléaire ou un Iran bombardé », une référence implicite aux menaces israéliennes d’utilisation de la force.
Passant en revue les différentes étapes du Printemps arabe — Tunisie,
Egypte, Yémen, Libye, Syrie — M. Juppé a fustigé « l’obstination criminelle de
gouvernements archaïques ».
Il a rejeté implicitement les critiques de la Russie notamment à propos de
l’intervention militaire en Libye, affirmant: « remettre en cause la légitimité
et la légalité de notre action (en Libye) (…) c’est travestir l’Histoire ».
Le chef de la diplomatie britannique William Hague, qui présidait les
débats, a lui aussi appelé le Conseil « à faire preuve d’unité et de
leadership » en adoptant rapidement une résolution demandant la fin des
violences en Syrie et soutenant le plan de règlement de la Ligue arabe.
« Aux yeux de l’écrasante majorité du monde, ce Conseil a jusqu’à présent
échoué à assumer ses responsabilités envers le peuple syrien », a affirmé M.
Hague.
« La situation en Syrie jette une grande ombre sur ce débat », a-t-il
reconnu.
« Si nous laissons la Syrie tomber dans la guerre civile (..) ou dans
des convulsions violentes », a-t-il ajouté, « des occasions immenses auront été
gaspillées et certaines des pires craintes pour l’avenir de la région
pourraient se confirmer ».
NEW YORK (Nations unies) 12 mars 2012 (AFP)