… nous empêchent de voir l’obscurantisme qui gangrène notre pays » .

Pour la Secrétaire d’État à la Jeunesse et à la Vie associative, « les musulmans doivent davantage dénoncer les actes barbares comme ceux de Mohamed Merah avant de craindre l’amalgame ».Atlantico : La mort de Mohamed Merah et les mesures annoncées par Nicolas Sarkozy ce jeudi remettent la question de l’islamisme sur le devant de la scène médiatique.

Est-il selon vous possible de parler aujourd’hui sereinement d’islam et d’islamisme en France ?

Jeannette Bougrab :

Il convient de distinguer islam et islamisme.

L’islamisme est l’utilisation à des fins politiques de la religion musulmane.

Il s’agit d’une lecture fondamentaliste du texte coranique.

Peut-on en France parler aujourd’hui sereinement d’islamisme ?

Une démocratie est mûre lorsqu’on peut aborder tous les sujets sans tomber dans une hystérie collective.

Hélas en France, des sujets sont devenus tabous, domaine préempté du Front national.

Si on décide, même simplement, de les effleurer (immigration, laïcité…), on est accusé du pire par l’opposition de gauche.

Vous aviez déclaré « il n’y a pas d’islamisme modéré ».

Des proches du Premier ministre vous avaient alors taxé de « haute trahison ».

Comment l’avez-vous vécu ?

Qu’est-ce que cela révèle du climat qui entoure ces questions en France ?

Je suis une femme de conviction.

Je ne fais jamais de compromis avec ce que je crois être juste.

Les États occidentaux ne veulent pas voir les dérives dangereuses de l’islamisme.

Des femmes sont lapidées, aspergées d’acide, battues, victimes de crimes d’honneur qui n’ont d’honneur que le nom.

Ces actes barbares n’ont pas seulement lieu au Pakistan ou en Afghanistan. L’Europe est aussi touchée …

Selon une étude de l’ODFIK, près de 3000 jeunes femmes résidant au Royaume-Uni auraient été victimes de crimes d’honneur en 2010.

C’est la raison pour laquelle il ne faut ne faire aucun compromis et ne pas hésiter à expulser les imams étrangers qui tiennent des propos extrémistes et attentatoires à la dignité et l’intégrité du corps des femmes.

Vous comprenez que rien ne pourra entamer ma détermination à combattre les fondamentalismes qui dévoient les religions et s’attaquent aux principes républicains.

N’ayons pas la mémoire la courte.

Madrid, Londres ou encore Paris ont connu des attentats sanglants.

De nombreux commentateurs ont évoqué un climat « islamophobe » en France aujourd’hui.

Mais n’est-ce pas plutôt l’inverse : doit-on être taxé « d’islamophobie » dès que l’on aborde un sujet lié à l’islam ?

La France est une République laïque.

C’est un État de droit où les libertés sont consacrées et protégées : liberté de pensée, liberté de conscience, liberté cultuelle…

Je dénonce ceux qui accusent la France d’islamophobie car leur finalité est politique.

Ils veulent nous empêcher de voir l’obscurantisme qui gangrène notre pays au nom d’un différentialisme et d’une culpabilité postcoloniale.

Les musulmans doivent davantage dénoncer les actes barbares comme ceux de Mohamed Merah avant de craindre l’amalgame.

Les musulmans ne doivent plus rester en retrait face à l’ignominie des régimes islamistes qui sont les véritables fossoyeurs de l’islam.

Finalement, ces non-dits sur la question de l’islam ne sont-ils pas contre-productifs et conduisent-ils à l’impossibilité d’avoir une vision claire de la situation de cette religion en France ?

Ils sont évidemment contre-productifs.

La disparition de Mohammed Arkoun, spécialiste d’herméneutique coranique crée un immense vide dans la vie intellectuelle française.

Laissant toute la place à Tarik Ramadan.

Je ne comprends pas les intellectuels français qui refusent d’entrer dans la bataille des idées.

Ce n’est pas en construisant des mosquées que nous allons éteindre les feux qui commencent à prendre ici et là et qui mettent en cause la sûreté des personnes et de l’Etat.

Nous devons créer des chaires à l’Université sur l’histoire des religions, l’enseignement des faits religieux, développer des lieux de savoir et de culture, et non des lieux cultuels.

Des intellectuels étrangers notamment au Pakistan ont été assassinés pour avoir osé suggérer que l’on pouvait lire le Coran différemment des quatre écoles classiques d’interprétation.

Mais pas seulement.

Au Pays-Bas, Théo Van Gogh, en 2004, a été assassiné pour avoir réalisé un film polémique dénonçant le traitement infâme des femmes en Afghanistan.

Son amie, la député d’origine somalienne, Ali Hayaan Hirsi a dû se réfugier quant à elle aux États-Unis parce qu’elle dénonçait le fondamentalisme.

Une lecture littérale d’un texte religieux est une absurdité.

Pour moi, le seul rempart contre le fondamentalisme est la raison.

Comment, dans le pays de Voltaire, n’a-t-on pas pris la mesure des attaques ?

Comment la tolérance a-t-elle laissé place à l’obscurantisme?

Il est temps « d’écraser l’infâme ».

Tel Saint Just qui affirmait :

« Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ».

Pour moi, pas de laïcité, pour les ennemis de la laïcité.

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23bixente23

oui, pas mal dans l’ensemble, MAIS quelques points sur lesquels je ne suis pas d’accord:

« Une lecture littérale d’un texte religieux est une absurdité. » —> oui et non. certains passages doivent être lus et pratiqués tels quels. sans aller chercher trop loin, quand Moïse arrive avec ses tablettes des Dix Commandements, l’absurdité ne serait-elle pas de les lire et de vouloir en chercher un autre sens que leur sens littéral…?

quant à l’islam, c’est bien gentil de vouloir faire dire au coran et aux haddits autre chose que ce qu’ils disent clairement. le problème, c’est que « le saint modèle » musulman, l’homme sur lequel chaque musulman est sensé calquer sa vie et ses actes, mahomet, a eu une vie conforme à la lecture littérale traditionnelle du coran !
alors je pose la question: quel sens y aurait-il à vouloir pratiquer une religion en des termes parfaitement opposés à ce qu’a voulu son fondateur ? en des termes opposés à ce que « dieu » (allah) dit, selon mahomet ? à ce moment là, autant créer une autre religion, ou adhérer à une autre, car ce qu’il ressort de telles pratiques n’a rien à voir avec l’islam tel qu’il a été fondé, enseigné et pratiqué depuis sa création voilà 1400 ans !