Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

Le 15 octobre 2013, le monde de l’Islam célébrait la fête de l’Aid El Kebir qui correspond au sacrifice, non pas d’Isaac par son père Abraham, mais d’Ismaël. Selon le Coran (Sourate 37, versets 101-108), l’épreuve à laquelle a été soumise Abraham concerne le fils qu’il a eu avec sa servante Agar, à qui il aurait fait part d’un rêve concernant son immolation.

Ismaël aurait répondu qu’il convenait « de faire ce qui lui était commandé » mais le sacrifice n’aurait pas eu lieu, puisque Allah « récompense les vertueux ». Selon le Coran, un mouton aurait été sacrifié en ses lieux et place avec une « obligation de « perpétuer le souvenir à travers les générations ».

L’Aid El kebir est une fête importante dans le monde de l’Islam avec de nombreux rites à respecter en l’occurrence, celui d’assister à la célébration en priant, d’échanger les vœux et de porter de jolis habits, mais également des obligations comme se comporter avec droiture et piété, et bien évidemment consommer la viande du sacrifice (le mouton).

Ismaël et Hagar

Ce qui frappe ne tient pas aux rites propres à l’Islam (puisque chaque système de foi doit se souvenir des évènements passés et les célébrer pour rappeler les conditions historiques dans lesquelles le corpus de règles s’est construit), mais bien la substitution d’un phénomène de l’histoire hébraïque par un évènement du processus de l’Islam. Pour autant, l’épisode s’est produit à une période où l’Islam n’existait pas encore, avec une description de l’évènement en langue hébraïque (et non en arabe). Ainsi, l’un des fondements du système de foi hébraïque a été revisité pour devenir un des piliers de l’Islam alors même que le texte de la Genèse (Gn 22,1-19) évoque le sacrifice du fils qu’Abraham a eu avec Sarah.

Le mécanisme de substitution peut sembler anodin mais ses effets sont beaucoup plus importants qu’il n’y parait. En effet, le monde occidental fait peu de cas à la dimension spirituelle de l’univers, contrairement à l’Islam où la compréhension du fonctionnement de l’univers et l’humanité est exclusivement fonction des annonces et des prédictions religieuses. Or, si l’occident ne s’adapte pas ce mode de raisonnement spécifique, il ne pourra pas appréhender la paralysie dans les discussions de paix entre Israël et les palestiniens.

Dans l’idéal islamiste, les textes religieux ayant précédé le Coran ont vocation à être gommés pour être remplacés par le texte de Mahomet. C’est le cas de la substitution du sacrifice d’Isaac par celui d’Ismaël, mais aussi de l’édification de la Mosquée Al Aqsa, (troisième lieu saint de l’Islam) sur le Mont du temple qui a vocation à accueillir la construction du troisième Temple. En Islam, la projection messianique du judaïsme est en quelque sorte un brouillon (raté) de ce qui devrait réellement se passer.
Aussi, et pour éviter de semer le doute dans l’esprit des croyants sur la véracité des principes islamiques, il est indiqué que les juifs altèrent la parole d’Allah après l’avoir comprise (2,75), qu’ils sont supprimé de la Torah l’annonce de la venue de Muhammad, qu’ils embrouillent les mots et calomnient la vraie religion et qu’Allah les a maudit à cause de leur incrédulité (4.46)…

Les événements contemporains ne sont que des conséquences de cette dimension religieuse islamique occultée par l’occident.
S’agissant de l’Iran, sa volonté de se doter de l’arme nucléaire et de tout mettre en œuvre pour y parvenir, est naturellement dictée par sa volonté d’éradiquer Israël (qui contredit les vérités de l’Islam), ce que Mahmud Ahmadinejad a eu l’honnêteté de la reconnaître. Le monde occidental n’est pas naïf mais tellement matérialiste qu’il occulte cet aspect de la problématique. L’Iran peut donc affirmer que l’exploitation de l’énergie nucléaire l’est à des fins civiles et non militaire, si cela peu endormir la communauté internationale et favoriser une substitution de la vérité de l’Islam à celle inscrite dans les Lois hébraïques. Les résolutions de l’Onu sur ce point importent peu, d’autant qu’en détruisant Israël, l’Iran peut atteindre un autre objectif, celui de conférer au chiisme la direction idéologique du monde de l’Islam (avec un commandeur des croyants qui appartient à la famille de Mahomet) au détriment de la conception sunnite (pour qui il doit s’agir d’une personne appartenant à la communauté des croyants (sunna)).

C’est ce phénomène qui est également à l’origine du blocage des négociations israélo palestiniennes. Le secrétaire d’Etat américain peut provoquer toutes les rencontres qu’il veut, avec le ministre des Affaires étrangères saoudien Saoud al-Faiçal, avec le comité de suivi de l’initiative de paix arabe de la Ligue arabe, avec 1er ministre israélien Benjamin Netanyahu, il n’en sortira rien. En effet, dans la philosophie palestinienne, le mécanisme de substitution est double : en marge du message religieux, il faut substituer le peuple palestinien (constitué dans les années 60) à celui du peuple juif, en s’appuyant sur le principe du droit des peuples à disposer de soi-même.

Le principe de substitution explique également pourquoi le Hamas encourage la poursuite des actions anti israéliennes ou que le Fatah, refuse le maintien d’une zone tampon militaire dans la vallée du Jourdain contrôlée par Israël et qu’il s’oppose aux demandes israéliennes tendant à ce que le futur État palestinien soit démilitarisé avec un contrôle par Israël de son espace aérien, de son trafic maritime et des postes frontaliers.
Résultat au sein de la société palestinienne, l’encouragement à la haine des juifs est une nécessité, au besoin, en les comparant à des singes ou des porcs, par le biais des émissions de télévisions, des médias et des colonies de vacances.

Il ne faut donc pas se leurrer : les islamistes iront jusqu’au bout ou essaieront d’y aller tout comme le monde chrétien a cherché à substituer son message à la compréhension hébraïque du monde en marginalisant les juifs, en les discriminant, en les rejetant, en les humiliant, en les spoliant pendant 20 siècles, avant de les exterminer pendant la seconde guerre mondiale. La rhétorique était encore la même : le christianisme, nouvel Israël, devait se substituer à lui. Dans le cas des palestiniens, si le motif religieux ne fonctionne pas, il restera toujours la substitution sur un fondement national.

A décharge des systèmes monothéistes, le principe de substitution s’est également rencontré dans la Torah. Les religions se sont, peut-être, inspirées de l’épisode de Jacob qui a négocié le droit d’aînesse de son frère Esaü contre un plat de lentille (Gen 25,29-34) et qui, par ce procédé, bénéficié d’un droit acquis par la ruse (il est donc toujours possible de se substituer au titulaire, s’il se montre peu soucieux d’accomplir le rôle qui lui était préalablement dévolu).

A ce mécanisme, il convient de conjuguer un penchant de la nature humaine, en l’occurrence la jalousie qui nait au sein d’une fratrie, lorsque l’un des enfants cherche à obtenir les faveurs du père. A défaut, il en vient à se venger sur les autres (épisode de Caïn et Abel).

Les doctrinaires de l’Islam tenteront donc de poursuivre sur la voie de la substitution jusqu’à ce qu’ils aient compris qu’elle ne se produira pas. Aussi, et faute d’y parvenir de façon diplomatique, c’est par une nouvelle intifada que les palestiniens tenteront de la réaliser. Les journées d’Israël devraient donc être agitées encore quelques temps.

Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

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martin54

shalom,

je suis tres heureux de vs lire; un peu de lumiere au milieu des tenebres fait du bien.

la theorie du remplacement a encore des beaux jours , pas si beaux que ça.
elle va devoir affrontée la vérité.
tout est dans la main de l’eternel et son dessein s’accompli , les choses..se mettent en place,pour faire eclater sa gloire.
revoir ezechiel ch: 38,39 ‘l’ont s’y prepare.

benedictions sur israel.

isravie

Chapeau Diortois ! Reponse de connaisseur . Un jour, en attente dans un Hopital Israelien, j’eu une discussion avec un Arabe. Celui ci etait convaincu que les Patriarches etaient pour sur, Musulmans . Comme si le peuple d’Israel n’ avait pas recu la Thora, et que le Coran avait precede la Bible .
Ce jour la, j’ai compris combien l’Islam mene a bien cette « substitution » du PEUPLE HEBREUX, pour le remplacer par ce soit-disant peuple consu, invente, pour remplacer le peuple d’origine .
Les Chretients ont fait de meme, 2000 longues annees, et ne se rendent guere compte, que l’Islam est entrain de realiser « subtitution » aux deux anciennes Religions . l’Europe, continue a ne pas compter ses citoyens juifs en les abondonants aux extremistes… Laisse, grand’ ouverte sa porte a l’Islam, qui s’installe aisement, et sera dans un proche avenir le maitre, et adieu les libertes aquis, avec tant de sang .

Dlorthois

Shalom !

Le grand fléau qu’est le principe de la substitution n’est pas mort ni chez les musulmans ni chez les chrétiens. Ce principe touche au coeur de ce qui dérange le plus : le principe de l’élection. Il n’est pas facile d’admettre en effet que le choix divin a été très circonstancié et qu’il a fait dépositaire tous les attributs et qualificatifs venant d’Achem lui-même, à savoir, le dépôt de la Torah, les Alliances, les promesses, la manière de s’approcher de D.ieu par l’ordonnance des fêtes, etc., y compris la venue du Machiah !
Autrement dit, pour tous les autres qui ne sont pas directement concernés par cette élection, il reste un seul chemin possible pour en bénéficier : se soumettre à la volonté divine et y adhérer sans arrière-pensée! Ce que D.ieu a toujours considéré en évoquant « les étrangers ».
Les remue-ménage et remue-méninge actuels au sujet de la récupération et du dévoilement des tribus perdues montrent bien que nous sommes entrés dans une des préoccupations premières d’Achem de réunifier Son peuple, dépositaire de Ses engagements. Cette réunification fut annoncée par Ezéchiel et Esaïe notamment. Pourtant, cette confusion grandissante entre ceux qui se disent Juifs et ne le sont pas et ceux qui le sont et ne le savent pas -encore- , venant s’ajouter à la position de l’Islam manifestant un refus catégorique sur la base d’un mensonge vieux comme le monde, de l’acceptation du plan divin pourtant clairement défini dans la Bible, bien antérieure au coran, laisse augurer encore de biens des tremblements et bouleversements aussi bien physiques que spirituels. Autrement dit, la théorie de la substitution, côté cour et côté jardin, a encore de beaux jours devant elle ! Elle va venir comme une lame de fond, puissante, de laquelle seule la connaissance des textes bibliques pourra nous affranchir !