La commission pour l’éducation de la Knesset a débattu cette semaine de la nécessité d’une reconnaissance officielle du génocide arménien.

Les députés israéliens ont-ils été influencés par la décision de l’Assemblée nationale française de sanctionner la négation de cette tragédie ou bien par la dégradation progressive et semble-t-il irréversible des relations entre Israël et la Turquie?

Je l’ignore. Toujours est-il que la seule question qui se pose est de savoir pourquoi le parlement de l’État juif a attendu si longtemps pour en débattre?

Pour être tout à fait honnête, ce n’est pas la première fois que le sujet est soumis aux élus du peuple israélien, mais jusqu’à présent la question était rapidement évacuée de l’ordre du jour, au nom de ce que l’on pourrait appeler la raison d’État, c’est-à-dire les intérêts stratégiques et économiques communs à Jérusalem et à Ankara.

Pour certains la question du génocide arménien, comme celle de la Shoah relève du domaine de l’histoire et non du pouvoir législatif. A juste titre, on peut se demander, en consultant la liste des membres de la commission pour l’éducation de la Knesset, quelles compétences possèdent ces élus de la nation pour évaluer la nature du génocide arménien et la responsabilité historique, morale et politique de la Turquie dans le massacre de plus d’un million d’êtres humains entre avril 1915 et juillet 1916?

La réponse est claire, aucune.

Cependant, la question n’est pas là ou plutôt n’est plus là. L’existence du génocide arménien, comme celle de la Shoah, n’est remise en cause par aucun historien sérieux, et les chercheurs continuent et continueront à découvrir de nouveaux documents et de nouvelles sources sur ces catastrophes.

La raison pour laquelle on demande aujourd’hui aux hommes politiques de prendre leur responsabilité dans la reconnaissance d’un fait historique est simple. On pourrait la formuler ainsi: ce ne sont pas les historiens turcs, allemands, autrichiens ou ukrainiens qui ont entrepris l’extermination massive de peuples ennemis ou haïs, mais ce sont les dirigeants politiques de ces nations et à l’avenir ce ne seront pas les universitaires qui empêcheront d’autres génocides, mais des chefs d’État, des gouvernements et des parlements.

Ce sont les politiques qui restèrent cruellement muets devant les massacres, ce n’est pas le silence des intellectuels qui était criminel (même s’il pouvait être aussi révoltant), mais celui de ceux qui décidèrent au nom des peuples.

Personne ne peut jamais garantir que cela ne se reproduira plus, personne ne peut réparer l’horreur, mais le seul gage que nous pouvons au moins donner à nos enfants est de reconnaître qu’elle a existé.

Michaël Bar-Zvi

Chronique du 29 décembre 2011
Guimel BeTevet 5772

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