L’engagement du Hezbollah à Qusayr peut entraîner le Liban dans un conflit plus vaste.Des affrontements sont survenus à Beyrouth, mercredi soir, entre des Palestiniens et des membres du Mouvement Amal, a rapporté la chaîne de télévision MTV.

Ces échanges de tirs se sont déroulés dans le quartier de Farhat, près du Stade de la Cité Sportive, au cours desquels on a fait usage de grenades.

Sans mise en contexte appropriée, cet incident pourrait juste être perçu comme une nouvelle rixe insignifiante entre deux groupes armés.

Mais, il s’est produit peu de temps après que le Jabhat al Nusra ait déclaré le début de ses opérations contre le Hezbollah à Beyrouth et dans la plaine de la Beqaa.

Au même moment, diverses sources ont rapporté que le Hezbollah a demandé au Hamas de quitter Daniyeh (la banlieue sud de Beyrouth), à la suite de la découverte que le Hamas combat auprès de l’Armée Libre Syrienne, à Qusayr.

L’alliance du Hamas avec le Hezbollah et le régime Assad à Damas a toujours apporté au Hezbollah un certain contrôle sur les camps palestiniens du Liban – mais les choses sont drastiquement différentes, actuellement.

Le Hamas n’est plus un allié d’Assad ou du Hezbollah, l’organisation a changé d’alliances et le Hamas est, désormais le meilleur ami et le protégé du Qatar.

Bien sûr, la découverte que ce même Hamas combatte, effectivement, à présent, le Hezbollah en Syrie, est une nouvelle à peine surprenante.

Des sources proches du Hezbollah au Liban révèlent que la plupart des pertes du Hezbollah à Qusayr, sont dues à des mines que le Hezbollah et le Hamas utilisent contre les forces israéliennes – puisqu’après tout, les deux groupes ont été entraînés par la même armée.

Les mêmes sources mentionnent que les mines à sous-munitions sont la cause de la plupart des pertes du Hezbollah.

Bien que les cercles dirigeants du Hamas au Liban démentent que le Hezbollah leur ait demandé de quitter les banlieues sud, beaucoup doutent que cela se soit réellement produit.

Le Hamas n’a jamais déclaré et ne déclarera jamais son implication militaire en Syrie, puisque l’organisation a toujours réussi à jouer soigneusement sur les deux tableaux.

Le Hamas n’a jamais clairement et officiellement rompu ses relations avec l’Iran, pourtant, la nouvelle allégeance de son leadership au Qatar est un secret bien mal gardé.

Après que Khaled Meshaal et d’autres responsables du Hamas ont été contraints de fuir les quartiers généraux du groupe en Syrie, Meshaal a, depuis lors, emménagé au Qatar, faisant de la petite cité-Etat du Golfe, les nouveaux quartiers généraux du Hamas.

En outre, en octobre 2012, le Qatar a promis d’apporter un soutien financier de 400 millions de $ au Hamas, ce qui constitue un apport de financement crucial qui s’ajoutera aux subventions importantes, en provenance d’Iran.

La loyauté du Hamas est, aujourd’hui, acquise au Qatar, et l’Etat du Golfe soutient et finance, de toute évidence, les rebelles syriens, particulièrement ceux qui se revendiquent comme Islamistes.

Il est tout-à-fait logique que celui-ci demande au Hamas, étant la faction la mieux entraînée de la région, à part le Hezbollah, de se joindre aux rebelles en Syrie.

Mais, cela signifie aussi que le Hezbollah et confronté à un nouveau danger au Liban, et les nouvelles de mercredi soir montrent que les camps palestiniens pourraient, à nouveau, être utilisés pour prendre part au conflit, sur le sol libanais, mais cette fois, contre le Hezbollah.

Ainsi, nous avons, ici, deux groupes de la soi-disant “résistance” qui combattent politiquement et, le plus problablement, militairement, l’un conte l’autre.

Leurs affrontements en Syrie se déplaceront bientôt au Liban, et quand le Jabhat al-Nusra décidera, réellement, de lancer des attaques contre le Hezbollah au Liban, cela ne deviendra pas une surprise, si le Hamas et d’autres groupes islamistes des camps palestiniens se trouvent parmi ceux qui les mènent.

Maintenant que le parlement libanais a décidé de prolonger son mandat pour, au moins, 15 mois, un nouveau gouvernement ne sera, probablement, pas formé d’ici longtemps, à moins que le Premier Ministre désigné, Tammam Salam se soumette à l’exigence du Hezbollah qu’il maintienne son contrôle sur le gouvernement et les institutions de l’Etat.

Cela signifie que le Hezbollah, non seulement, fait encore partie intégrante de l’Etat libanais, mais qu’il doit aussi réussir à maintenir sa mainmise sur les institutions libanaises.

Par conséquent, toutes les institutions et secteurs du Liban constitueront une cible pour quiconque veut attaquer ou faire pression sur le Hezbollah.

A partir du moment où le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a officiellement déclaré l’engagement militaire de son organisation en Syrie, invitant ainsi ses opposants à venir l’y combattre, le message de Nasrallah disait que le Liban, en tant qu’Etat, n’avait aucune importance et qu’il n’existe que pour servir le Hezbollah et les intérêts iraniens.

Par le fait accompli, le Liban est contraint de se joindre au Hezbollah, dans sa guerre en Syrie.

Le Hezbollah est déterminé à remporter la bataille de Qusayr, quelles qu’en soient les conséquences, et il envoie désormais des troupes mieux équipées et entraînées vers cette ville.

Nasrallah n’a, à Qusayr, pas d’autre choix que la victoire à la Pyrrhus, de façon à justifier le nombre énorme de pertes humaines revenant, chaque jour, de Syrie.

Les pertes du Hezbollah à Qusayr esquintent sa réputation d’invincibilité, et le fait de gagner à tout prix (comme dans le scénario de la « divine » victoire de 2006) est devenu tout simplement non-négociable.


Des membres du Hezbollah transportent le cercueil d’un combattant récemment tué au cours de la bataille qui se poursuit à Qusayr, une ville qui a vu s’élever les pertes, alors que l’implication du Hezbollah s’accroît en Syrie (AFP photo).

Cependant, que signifie la victoire à ce stade?

Remporter la bataille de Qusayr peut vouloir dire perdre une guerre bien plus importante.

Même si le Hezbollah parvient à conquérir Qusayr, il n’a pas réellement le pouvoir ou la capacité de tenir la ville.

Finalement, le Hezbollah sera pourchassé jusqu’au Liban.

Il n’existe pas de frontières ni d’institutions étatiques fonctionnelles pour stopper ce retour de flammes.

Mais, le Hezbollah a commis un dangereux et nouveau précédent, en lançant sa campagne en Syrie, puisqu’il entraîne le Liban dans un conflit voisin.

Selon les critères idéologiques et l’entraînement militaire du Hezbollah –les pertes en hommes, peu importe qu’elles soient élevées, ne sont pas pertinentes, si leur résultat se solde par la victoire.

Une telle mentalité est certaine de prolonger le conflit, ce que s’ingénie à faire le Hezbollah.

Cette fois, cependant, tout est différent.

Le Hezbollah s’est positionné, selon une approche sectaire calculée, en tant qu’ennemi des Islamistes sunnites qui s’emparent de la plupart de la région.

Peu importe à quel point ils sont forts ni à quel point le conflit sera coûteux et long, le Hezbollah est déterminé à aller de l’avant.

Pourtant, aujourd’hui, il est confronté à tous les Sunnites de la région, y compris le Hamas, et cela aura pour conséquence que le Hezbollah finira par perdre, définitivement, la bataille la plus importante.

En tant que petit pays multiconfessionnel, le Liban sera le grand perdant de cette partition régionale plus large.

Par conséquent, l’unique choix qui reste au Liban est de maintenir le Hezbollah hors de toute institution d’Etat.

Il ne peut plus faire partie du gouvernement ni du parlement.

Le Hezbollah est, aujourd’hui, une force occupante en Syrie, et s’il garde le contrôle des institutions libanaises, cela signifie que le Liban sera perçu comme un Etat occupant.

Le Liban doit, par conséquent, changer en exerçant son indépendance réelle.

Hanin Ghaddar

Hanin Ghaddar est Rédactrice et Directrice de NOW.

Elle tweete : @haningdr

Source : Now Article original

Adaptation : Marc Brzustowski/ Lessakele Blog Article original

TAGS : Syrie Hezbollah Liban Hamas Qusayr Qatar Iran

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michel boissonneault

c’est 2 groupes ont chacun raison et je les encore a s’entre tuer jusqu’au dernier

Armand Maruani

Nous ne cessons de le répéter :  » Qu’ils crèvent tous  » . Amen .