Le régime AKP du premier ministre Recep Tayyip Erdogan a transformé le pays en un vaste camp de concentration des temps modernes devant les yeux de l’Occident. Une nouvelle vague d’arrestations a visé vendredi 13 janvier le parti kurde BDP, des syndicalistes et des défenseurs des droits humains.
Le régime AKP, le parti islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002, visent tous ceux qui résistent, s’opposent et critiquent, ignorant toutes les valeurs démocratiques.

Après les menaces ouvertes du premier ministre Erdogan, la police qui est sous son contrôle a effectué de descentes dans 123 adresses différentes dans 17 villes, arrêtant au moins 33 personnes, selon le parquet d’Istanbul qui a ordonné cette rafle antikurde. 49 suspects recherchés, affirme la même source.

Les opérations menées dans le cadre de l’affaire KCK ont visé le principal parti kurde BDP, les mairies BDP, la Confédération des syndicats des fonctionnaires publics (KESK), l’association des droits de l’homme, les journalistes et les organisations de la société civile kurde.

A Ankara, le domicile de Leyla Zana, députée kurde figure emblématique de la cause kurde, a également été investi par la police, en son absence. Le 10 janvier, le premier ministre Recep Tayyip Erdogan a avait pointé du doigt Leyla Zana en lui enjoignant de quitter le parlement et de rejoindre le PKK.

Parmi les personnes interpellées figurent deux co-vice-présidentes du BDP, Fatma Kurtulan (ex-députée) et Filiz Kocali, ainsi que l’ex-dirigeant du parti kurde, Tuncer Bakirhan, le correspondant de l’agence de presse kurde DIHA, Murat Ciftci et syndicaliste Sevgül Tutaş.

La dictature de la majorité !

« Nous avons passé par beaucoup d’épreuves. Qu’ils trouvent des solutions, au lieu de nous montre le chemin de la prison » a dit Leyla Zana, à Istanbul.

La majorité des voix avec 50 %, tant vantée par Erdogan, est la « dictature de la majorité » a dénoncé Gultan Kisanak, la co-présidente du BDP, lors d’une conférence de presse à Ankara. Soulignant que le gouvernement veut fermer le BDP, elle a ajouté : « Nous ne plierons jamais devant la terreur d’AKP. Le fascisme d’AKP sera vaincu tôt ou tard. Nous le briserons. »

« Les kurdes n’ont plus rien à perdre » a dit de son coté Aysel Tugluk, la co-présidente du le Congrès pour une Société Démocratique (DTK), une plateforme d’associations et mouvements kurdes, dont le BDP.

« Le parti AKP a monopolisé toutes les institutions. C’est le fascisme (…) Les seules oppositions sont des kurdes, des travailleurs et des révolutionnaires. Il s’agit d’un projet d’intimidation » a déclaré Ahmet Turk, député BDP.

Chaque mois 1000 enquêtes

La procédure des arrestations est simple en Turquie; le gouvernement ordonne, la police arrête et la justice enferme. Pas de preuve, pas de crime ! Tout le monde est coupable jusqu’à preuve du contraire !

Les procès ouverts par des tribunaux disposant de compétences spéciales ont explosé depuis 2007. Ces tribunaux, qui se comportent pire que les anciennes cours militaires, ont mené des enquêtes contre 68 108 personnes entre 2007 et 2011, soit 1000 (mille) enquêtes chaque mois, selon la chaine de télévision CNN Türk.

92 arrestations entre le 10 et 12 janvier

La dernière vague d’arrestations intervient après l’arrestation d’au moins 92 personnes entre le 10 et le 12 janvier dans dix villes, dont 32 à Diyarbakir, 21 à Silopi, 19 à Ankara et 6 à Hakkari.

Parmi les personnes arrêtées le 12 janvier à Hakkari figurent le maire de Esendere Hursit Altekin et Ruken Yetiskin, la première femme à briguer la mairie de Yüksekova avec 93 % des voix mais destituée de ses fonctions par les autorités. Ils sont tous deux maires BDP, principal parti kurde. Les prisons turques comptaient déjà 18 maires et six députés BDP, ainsi que des centaines d’autres élus locaux, ce qui fait la Turquie la plus grande prison du monde pour les élus.

A Istanbul, la police a arrêté le 11 janvier l’écrivain kurde Sami Tan pour avoir enseigné le kurde dans l’académie politique du BDP. Cet ancien président de l’Institut Kurde d’Istanbul est l’auteur de plusieurs livres dont la grammaire kurde et chroniqueur au seul quotidien en langue kurde Azadiya Welat. Douze journalistes dont quatre anciens rédacteurs en chef et un directeur de publication de ce journal se trouvent parmi les 96 journalistes incarcérés en Turquie.

Les étudiants visés

Les autres cibles du gouvernement sont des étudiants. Le 11 janvier, dix-neuf étudiants ont été arrêtés à Ankara sous l’accusation d’être membre d’une organisation « terroriste », tandis que cinq autres ont été arrêtés à Antalya pour avoir crié des slogans « interdits » lors d’une manifestation organisée à l’occasion de la fête des travailleurs, le 1e mai 2011. Selon les organisations des droits de l’homme, près de 500 étudiants sont actuellement en prison, voici un autre record du monde.

Ces arrestations interviennent après que le premier ministre Erdogan a félicité la police qui sème la terreur contre les opposants et l’armée qui a massacré 35 civils kurdes dans les bombardements du 28 décembre contre un village de la région de Sirnak. « Nous poursuivons la lutte main dans la main, en coopération avec les forces armées, les gendarmes et les forces de l’ordre sur ce sujet (l’affaire KCK). C’est pourquoi, je les félicite » avait-il déclaré le 10 janvier.

Le KCK est accusé par les autorités d’être la branche politique du PKK qui, selon le premier ministre turc Recep Tayyi Erdogan, œuvre pour un État « parallèle », mais il s’agit d’un « coup politique » pour réduire au silence tous ceux qui critiquent le gouvernement, selon le principal parti kurde BDP et les opposants. Dans le cadre de cette affaire, lancée en avril 2009 quelques semaines après le grand succès du parti kurde aux élections municipales, plus de neuf milles personnes ont été arrêtées et plus de cinq milles d’entre elles sont actuellement en prison, selon des sources BDP, sans compter des milliers d’autres arrêtées pour des liens avec le PKK.

Au moins 6 800 personnes ont été arrêtés lors de manifestations au cours des onze premiers mois de l’année 2011, parmi lesquelles 3 800 placées en détention, selon l’association des droits de l’homme (IHD). Chaque semaine, des dizaines d’autres s’ajoutent à cette liste. Aujourd’hui, les prisons turques comptaient plus de 122 500 personnes en 2011, contre 53 000 en 2002, l’année où le parti AKP du premier ministre Recep Tayyip Erdogan est arrivé au pouvoir. (Avec ActuKurde)

Maxime-Azadi – MEDIAPART (c’est rare mais çà arrive)

NDLR – Le modèle d’un islam turque fréquentable s’envole en éclats. La Turquie laïque est morte, et avec elle la démocratie. Ce qu’Obama n’a pas compris, les Turques pourront le lui expliquer. Quant au printemps arabe, c’est uniquement un problème de mots qui n’ont pas le même sens partout. La démocratie en Europe s’entend théocratie en terre d’islam. Chacun a sa propre culture, et croire que l’Occident a exporté tous ses concepts est une grande illusion. Il voit le monde à travers ses propres prismes, mais pour le comprendre, c’est avec les yeux qu’il doit le voir.

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