Et maintenant, célébrons la vie !
Par CHARLOTTE AYACHEDes larmes, au rire. Après avoir pleuré ses morts à l’occasion de Yom Hashoah et de Yom Hazikaron, la nation juive se prépare à célébrer sa renaissance. Dans les rues de Jérusalem, on ne compte plus les petits drapeaux blanc et bleu, le soleil brille et les barbecues se préparent.

PHOTO: AP , JPOST

Au souk Mahane Yehouda, on fait ses emplettes : « On va bien boire et bien manger », m’assure Yaacov qui accompagne sa femme au marché. Yaacov est un rescapé des camps de concentration, Yom Haatsmaout représente « beaucoup » pour lui. « Je sais ce que représente d’avoir un pays, je sais ce que représente d’avoir un endroit où on ne viendra pas m’arracher en bas de chez moi », explique-t-il. C’est sans doute le sens originel de cette fête et de l’Etat d’Israël. Mais, si la fête réunit beaucoup de monde, les motivations ne sont pas toujours les mêmes. La célébration elle-même ne fait pas l’unanimité : « Ce que représente Yom Haatsmaout ? Pour moi ? Rien du tout ! », m’assure un Israélien à la sortie du marché. A Mahane Yehuda, les sentiments sont partagés.

Il y a les patriotes comme Dany, Eran, David, Ilan, Michal, Shlomo, Yaacov ou Batia. Ceux pour qui Yom Haatsmaout représente « la liberté », « l’indépendance », « la naissance de l’Etat ». « Je suis juif, je suis israélien, pour moi Yom Haatsmaout c’est l’Etat d’Israël », affirme David, 50 ans, avec fierté et enthousiasme. Je lui demande s’il a un souvenir particulier à faire partager, ce à quoi il répond : « Oui, sans aucun doute, c’est l’année où j’ai perdu ma jambe à la guerre du Liban. » Tous ont des expériences différentes à raconter. Dany affirme avoir vu, enfant, l’indépendance d’Israël à la télévision. « Quand j’étais petit, nous dansions dans la rue pour Yom Haatsmaout », raconte Yaacov. « Celui qui m’a le plus marqué c’est lors de ma première année en Israël », explique Michal, arrivée de France il y a plus de deux ans. « C’était à Jérusalem, et pour les 60 ans, il y avait une cérémonie sur les murailles de la Vieille Ville. Il y avait des projections de tous les débuts de l’histoire d’Israël. C’était magnifique. »

« Le moment où tous les Israéliens se retrouvent »

« Il faut bien comprendre que Yom Haatsmaout n’est pas un jour d’indépendance de plus au sein des nations », explique Yaacov. « Après la Shoah, l’indépendance d’Israël représente l’acquisition d’une maison pour le peuple juif. »

« Ce soir, nous allons faire un barbecue, quelque chose d’oriental, car Israël est un pays du Moyen-Orient », ajoute-il. Batia renchérit : « Et nous n’écouterons que de la musique israélienne. Cette fête est exclusivement israélienne, pas internationale. » Pour Batia, « Yom Haatsmaout, c’est le moment où tous les Israéliens se retrouvent. Peu importe si on est religieux ou non. On est tous ensemble, un peu comme c’était avant. »

Pour une partie de la jeunesse, Yom Haatsmaout représente avant tout un moment de fête et de vacances. Sharna, 17 ans, parle, elle, d’un « jour de gaieté ». Ce sont avant tout « des vacances », « où on fait la fête avec toute la famille et les amis ». Noam et Gatat qui ont un peu plus d’une vingtaine d’années m’expliquent : « C’est un jour de bonheur, on est très heureux d’avoir ce pays et on espère que tout va aller mieux. » Noam ajoute : « Chaque année, ma mère fait des falafels, et beaucoup de gens viennent à la maison. Pour moi c’est ça Yom Haatsmaout. »

Et puis il y a la jeunesse désabusée. Arnon, qui doit avoir 25 ans, m’explique. « Pour moi Yom Haatsmaout c’est le symbole d’un rêve qui ne s’est jamais réalisé. » Son amie Efrat, ajoute : « J’ai une position ambivalente. D’un côté, je vis ici, c’est chez moi. Cela représente quelque chose d’important. En général, je ne suis pas sûre que ce soit si important qu’une nation ait un Etat. Peut-être qu’il en fallait un pour le peuple juif. Mais je ne partage pas tout le pathos qui va avec la fête. Je ne me sens pas vraiment patriote. Il y a toujours quelque chose de violent dans le concept de nation… Quand on était petit, c’était quelque chose d’important, mais on ne comprenait pas vraiment de quoi il s’agissait. On allait dans un kibboutz avec ma famille », raconte Arnon. « Mais ce soir, je ne ferais rien de spécial. » « Moi je ferais peut-être quelque chose », annonce Efrat. « C’est vrai que c’est très animé dans la rue, et puis j’adore les feux d’artifice… »

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Alx.levy

Renforcer la solidarité entre générations : Je sais que la Fondation du Fonds Social Juif Unifié participe à cette ambition, et en particulier auprès des personnes âgées parmi lesquelles se trouvent les rescapés de la Shoah. Ses ressources financières proviennent pour l’essentiel de la collecte de l’Appel Unifié Juif de France.