Ahmed Adel El-Mogy, un médecin militaire égyptien poursuivi pour avoir pratiqué des «tests de virginité» il y a un an, a été blanchi… par un tribunal militaire. Un nouveau coup de massue pour les victimes, dont les défenseurs dénoncent une «parodie de justice».Non coupable.

Un tribunal militaire égyptien a relaxé dimanche le docteur Ahmed Adel El-Mogy, un médecin militaire accusé d’avoir pratiqué des «tests de virginité» forcés sur au moins sept femmes, il y a un an presque jour pour jour.

Le tribunal a jugé les témoignages «contradictoires».

Le juge, qui assure ne pas avoir «subi de pressions», a souligné dans un communiqué transmis à l’agence officielle Mena avoir pris sa décision «en son »>Article original âme et conscience», et fondée sur «ce qui a été prouvé dans les documents».

«Le mécontentement du public envers le conseil militaire au pouvoir s’est manifesté dans cette campagne de diffamation contre moi», a réagi le Dr El-Mogy lors d’une conférence de presse donnée après le verdict.

«Malgré le verdict, cette affaire m’a porté atteinte ainsi qu’à ma famille», a-t-il ajouté, selon les propos rapportés par le quotidien égyptien «Al Ahram».

Son avocate, Me Huwayda Mostafa Salem, a abondé en ce sens devant les médias, affirmant que le dossier à charge, «pas solide dès le départ», avait été «porté par la pression médiatique».

En revanche, les défenseurs des victimes, Amnesty International en première ligne, ont fustigé une «parodie de justice».

«L’acquittement d’un médecin militaire accusé d’avoir soumis des manifestantes à des « tests de virginité » contre leur gré prouve une fois encore que les tribunaux militaires sont incapables de s’occuper des affaires de violations des droits humains, a ainsi dénoncé l’ONG dans un communiqué.

Une fois encore, l’armée égyptienne a trahi les attentes des femmes, et en particulier de celles qui comme Samira Ibrahim ont bravé avec courage la classe militaire égyptienne», a regretté Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord de l’organisation.

Et d’appeler une fois de plus à ce que les affaires de violations de droits de l’Homme imputables à l’armée soient «jugées par des tribunaux civils».

«L’ Honneur de L’Egypte est violé»

De son côté, Soha Abdelaty, la directrice adjoint de l’Initiative égyptienne pour les droits de la personne (EIPR), a reconnu dans les colonnes du «Guardian» qu’elle n’en attendait guère mieux.

Selon elle, le procès n’était qu’une «mise en scène pour convaincre l’opinion publique qu’une enquête a été menée».

«L’imposture a commencé avec le fait que le procureur militaire a décidé de poursuivre le médecin pour des griefs qui ne correspondaient pas à l’acte d’accusation», a-t-elle souligné.

En effet, le docteur était poursuivi pour «atteinte à la pudeur et non-respect des ordres», alors que les faits initialement reprochés incluaient le viol.

L’Alliance des femmes égyptiennes (encore en cours de formation) a par ailleurs appelé à une manifestation qui se tiendra devant la Cour administrative suprême vendredi prochain, le 16 mars coïncidant avec la Journée de la femme égyptienne.

Samira Ibrahim (photo Mohamed Abd El Ghany / Reuters), originaire de Sohag (Haute-Egypte), est l’initiatrice de ce procès.

Cette jeune femme de 25 ans, responsable du marketing dans une entreprise privée, a eu le courage de porter plainte contre son bourreau.

Le journal égyptien rapporte qu’elle a été vue en larmes à la sortie du procès.

«Personne n’a violé mon honneur.

C’est l’honneur de l’Egypte qui a été violé.

Je m’engage à poursuivre la lutte jusqu’à la fin pour récupérer nos droits», a-t-elle posté sur Twitter.

Les options qui lui restent ainsi qu’aux autres victimes sont désormais soit d’interjeter appel, soit qu’une autre femme porte plainte, ou encore d’envisager des recours internationaux.

Le 9 mars 2011, en marge d’une manifestation durement réprimée place Tahrir –épicentre de la révolution égyptienne- 17 femmes avaient été arrêtées et placées en détention aux mains de l’armée.

Parmi elles, Samira Ibrahim, mais aussi Salwa Hosseini, une coiffeuse de 20 ans.

Corroborant d’autres témoignages, cette dernière avait à l’époque raconté à Amnesty International avoir été emmenée au musée du Caire où elles ont «été menottées, frappées avec des bâtons et des tuyaux, soumises à des décharges électriques dans la poitrine et les jambes, et traitées de « prostituées »».

Elles avaient ensuite été transférées à la prison militaire de Heikstep, où elles ont subi des «tests de virginité» pratiqués par ce «médecin», alors que des militaires prenaient des photos…

«Nous ne voulions pas qu’elles aillent dire qu’on les a abusées sexuellement ou violées.

Nous avons voulu prouver qu’elles n’étaient déjà plus vierges», s’est défendu par la suite un haut-gradé sur CNN.

«Un officier a dit qu’on allait voir si nous étions des prostituées ou non», avait pour sa part rapporté Samira Ibrahim dans une vidéo publiée sur YouYube.

Après ces tortures, les 17 victimes ont comparu devant un tribunal militaire au Caire entre le 11 et le 13 mars.

Elles ont été condamnées à des peines d’un an de prison avec sursis pour «trouble à l’ordre public», «destruction de biens privés et publics», ou encore «entrave à la circulation routière et de détention d’armes», «une série d’infractions inventées de toutes pièces» selon Amnesty.

Cette affaire avait en tout cas provoqué un tollé et fini de ternir l’image de l’armée au pouvoir depuis la chute du président Hosni Moubarak, le 11 février.

Le Conseil suprême des forces armées (CSFA) avait présenté ses excuses, s’était engagé à enquêter sur les nombreux signalements de violences commises par l’armée et les forces de sécurité contre des femmes.

Le 27 décembre dernier, la Cour administrative du Caire -également saisie par Samira Ibrahim- a même rendu une décision historique interdisant la pratique de «tests de virginité».

Mais dans la réalité, «très peu a été fait pour traduire les responsables présumés en justice, ou pour accorder des réparations à ces femmes», déplore Amnesty.

Et les violences faites aux femmes demeurent monnaie courante.

Marie Desnos- Parismatch.com

LUNDI 12 MARS 2012

http://www.parismatch.com/Actu-Match/Monde/Actu/Ahmed-Adel-El-Mogy-le-medecin-egyptien-accuse-de-tests-de-virginite-acquitte-382541/

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires