«Echec» d’un tir d’essai de missile M51 qui s’est «autodétruit» au large du Finistère.

La France a enregistré dimanche un échec lors du sixième tir d’essai d’un missile balistique M51, sans sa charge nucléaire, qui s’est autodétruit, pour des raisons encore inconnues, dans la matinée dans la baie d’Audierne (Finistère) après son lancement par le sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) Le Vigilant.

Le sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) Le Vigilant sur la base de L’Ile Longue, le 13 juillet 2007 (Photo Francois Mori. AFP)

Selon le ministère de la Défense, il s’agit du «premier échec» du genre «depuis 1996» pour ce missile de 120 millions d’euros l’unité, produit par Astrium, la division espace du groupe européen EADS.

«C’est un échec dont une enquête devra déterminer les raisons», a reconnu lors d’un point de presse le capitaine de corvette Lionel Delort, officier de communication de la préfecture maritime de l’Atlantique, à Brest.

Le missile a été tiré vers 09H30 depuis le Vigilant, dans la baie d’Audierne. Mais après une minute environ de vol, «il s’est autodétruit dans la première phase de propulsion, pour une raison inconnue», a précisé l’officier.

La sortie du missile depuis le sous-marin, s’était pourtant «déroulée normalement», a précisé le ministère de la Défense. L’engin, selon la trajectoire «notifiée en vertu des traités en vigueur, devait passer en Atlantique nord avec une retombée en pleine mer», a indiqué le commandant Delort. A plusieurs centaines de kilomètres de toute côte, selon le ministère.

Selon l’officier de la préfecture maritime, «il n’y a pas d’impact environnemental avéré sur ce tir, ni d’impact sur la population puisque ce tir a eu lieu en mer et que la zone de retombée des débris se trouve dans une zone d’exclusion» qui avait été spécialement délimitée pour cet essai.


Stupeur dans la baie d’Audierne

«Ces débris sont en train d’être récupérés par la préfecture maritime, par moyens nautiques et aériens que nous mettons en oeuvre actuellement», a précisé le commandant. Des débris qui se trouvent à environ 25 kilomètres de la côte, sur des fonds de l’ordre de 100 m et qui seront «intéressants pour les enquêteurs», a commenté l’officier.

Le M51, qui remplace le M45, est un missile intercontinental destiné à équiper les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins de nouvelle génération.

D’une hauteur de 12 mètres et d’un poids maximal de 56 tonnes avec ses six têtes nucléaires, le M51 dispose, par rapport aux M45, d’une portée sensiblement accrue (de l’ordre de 8.000 km contre 6.000 km) et d’une précision améliorée.

Ce tir d’essai, dimanche, comme toujours sans tête nucléaire, était destiné à valider la capacité du Vigilant à mettre en oeuvre le M51, déjà déployé sur le SNLE Le Terrible depuis 2010, a expliqué un porte-parole du ministère de la Défense.

Le Vigilant, mis en service en 2004, avait été l’objet, pendant ces deux dernières années, de lourds travaux portant notamment sur l’adaptation de ses soutes pour recevoir les M51.

L’explosion de dimanche a provoqué la stupeur de nombreuses personnes, aux alentours de la baie d’Audierne. «On a senti le vol vibrer», a témoigné un homme, resté anonyme, qui se trouvait dans un bar à Penmarch, au sud de la baie d’Audierne, lors du tir. «Je suis sorti et j’ai vu de la fumée blanche», a-t-il dit à un correspondant de l’AFP.

«J’ai entendu un gros bruit», a de son côté raconté Andrée, une habitante du Guilvinec. «Je suis sortie et j’ai vu de la fumée et tout d’un coup, j’ai vu comme un feu d’artifice», a-t-elle raconté. «On a vu des éclats dans le ciel, j’ai pensé que c’était un avion qui explosait», a témoigné Claude Jean, du Cap Sizun, au nord de la baie d’Audierne.

Après Le Terrible et Le Vigilant, le M51 doit également équiper les deux autres SNLE français, «Le Triomphant» et «Le Téméraire».

Il s’agissait du 6e tir d’essai du M51, trois ayant été effectués depuis des installations terrestres, trois depuis un sous-marin, en comptant celui de dimanche.

La base des sous-marins SNLE de la Force océanique stratégique française (FOST) est située à l’Ile Longue, dans la rade de Brest.

La dissuasion nucléaire française repose sur deux composantes: océanique avec les quatre sous-marins de la FOST, et aéroportée avec des Mirage 2000N et des Rafale opérant à partir du territoire national ou du porte-avions Charles-de-Gaulle.

AFP – LIBERATION Article original

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