Le camp Khamenei assuré de l’emporter ; les réformateurs boycottent.Les Iraniens ont voté hier à des élections législatives ( « ni libres ni équitables », a accusé Londres…) qui devraient renforcer le camp du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, face à ses rivaux conservateurs du président Mahmoud Ahmadinejad. Il s’agit du premier scrutin depuis la présidentielle de 2009, qui a vu la reconduction de Mahmoud Ahmadinejad, suivie d’une vague de contestation sans précédent depuis la Révolution islamique et qui a été durement réprimée.

En pleine montée des tensions autour du programme nucléaire du pays, les dirigeants iraniens espèrent asseoir leur autorité grâce à un fort taux de participation. « Plus l’Iran a d’ennemis, plus les élections sont importantes », a déclaré l’ayatollah Khamenei après avoir déposé son bulletin dans l’urne. « Un fort taux de participation serait mieux pour la nation (…) et pour préserver notre sécurité », a-t-il déclaré. Les bureaux de vote, ouverts à 08h00 heure locale, ont fermé à 23h00, cinq heures plus tard que prévu, afin de faire face à l’affluence que la télévision d’État a qualifiée d’« exceptionnelle ». Les autorités avaient prédit un taux de participation supérieur à 65 %, contre 57 % lors des législatives de 2008.

Mehdi Karoubi, un des chefs de file de l’opposition, assigné à résidence comme Mirhossein Moussavi, a appelé de son côté sur son site Internet les Iraniens à boycotter une « parodie d’élection ». L’ancien président Hashemi Rafsandjani, qui a rejoint le camp réformateur, a lui fait une allusion aux fraudes présumées de 2009 en sortant du bureau de vote. « Si le résultat des élections correspondent à ce que les gens ont voté, alors si Dieu le veut, nous aurons un très bon Parlement », a-t-il dit.

Les résultats du scrutin ne devraient pas être connus avant trois jours, le dépouillement ayant lieu manuellement.

« Mort à l’Amérique »

Dès l’ouverture du scrutin, les partisans du guide se sont précipités dans les bureaux de vote : « Je gifle l’Amérique au visage avec mon vote », a déclaré Reza Ghoreishi, 25 ans, étudiant dans la ville sainte de Qom, en écho à la rhétorique de l’ayatollah Khamenei. « Mort à l’Amérique, mort à Israël, mort à toutes les puissances arrogantes », a-t-il scandé.
La télévision d’État, qui évoque « une participation aussi grande que l’Iran », diffuse des images de file d’électeurs interminables dans plusieurs villes de province, comme Ispahan et Chiraz. Les bureaux de vote des quartiers riches du nord de Téhéran sont en revanche restés quasiment déserts pendant plusieurs heures, avant de progressivement se remplir.
Face à un Majlis hostile, Ahmadinejad serait fragilisé pour le reste de son mandat. Selon les observateurs de la vie politique iranienne, le camp Khamenei, qui compte environ 20 millions de partisans, est pratiquement assuré de la majorité. « Je prévois que l’Assemblée sera dominée par les fidèles de Khamenei, avec une minorité composée des partisans d’Ahmadinejad », a pronostiqué l’analyste politique Babak Sadeghi.

Nucléaire inchangé

Face au président, plusieurs groupes influents à divers niveaux de la société ont fait bloc pour le priver d’une victoire aux législatives. Parmi eux figurent les puissants gardiens de la Révolution, d’influents membres du clergé, de riches « bazari » (commerçants) et divers dirigeants politiques ultraconservateurs. Plusieurs dizaines de partisans de Mahmoud Ahmadinejad ont ainsi été emprisonnés ou démis de leurs fonctions après avoir été accusés d’appartenir à un « courant déviant ».

De l’avis de certains spécialistes, la présence de M. Ahmadinejad pourrait toutefois être nécessaire aux yeux des hauts dirigeants au moment où Téhéran subit une pression internationale croissante du fait de ses activités nucléaires. « Son départ pourrait accroître la pression sur l’Iran et encourager l’opposition à redescendre dans la rue. Cela ne ferait qu’affaiblir l’establishment », a estimé Babak Sadeghi.

Quel que soit le résultat du scrutin, il n’aura vraisemblablement aucune conséquence pour le programme nucléaire, qui reste une priorité pour toutes les composantes du camp conservateur, ni pour l’opposition réformatrice, qui reste sous étroite surveillance et exclue de la vie politique.
(Source : Reuters)

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