Cinq aperçus, concernant la façon dont l’action américaine en Syrie peut se terminer, sur ce qui serait le mieux pour Israël et une suggestion qui a fait ses preuves en situation de conflit, pour imposer un ultimatum à Assad. Alors que la machine guerre américaine massive se ranime en se retournant d’un air menaçant contre la Syrie, voici cinq aperçus et une suggestion, concernant la situation en évolution rapide au nord :

1) Il subsiste encore des avis fondamentalement divergents, au sein même de l’appareil sécuritaire israélien, quant aux préférences dans les résultats escomptés, à propos de l’offensive américaine imminente en Syrie et ce qu’on peut attendre de cette guerre.

Après deux ans et demi de combats, dont le triomphe mené, tambour battant, par le Hezbollah à Qusayr en juin, l’opinion qui prévaut est qu’affaiblir Assad porte préjudice au Hezbollah et à l’Iran, et donc, que cette perspective l’emporte sur toute autre considération. Dans la façon de voir du Premier Ministre Binyamin Netanyahou, toute priorité est subordonnée à la question de la bombe iranienne. Netanyahou pense que sa mission historique est de rendre la menace iranienne inoffensive. Son ancien chef de bureau et actuel Ministre de l’économie et du Commerce, Naftali Bennett l’a confirmé dans une interview avec le Times d’Israël Article original, en 2012, en déclarant que, pour son ancien patron, « c’est une raison d’être » en français dans le texte »>Article original.

Dimanche, au cours de la réunion hebdomadaire du cabinet de gouvernement, Netanyahou l’a redit, une fois encore, en soulignant que l’exemple syrien d’emploi des ADM prouve que « les régimes les plus dangereux au monde, ne peuvent pas posséder les armes les plus dangereuses au monde ».

Mais, il y a aussi ceux qui pensent que sortir Assad de scène ne pourra conduire qu’à un bain de sang plus meurtrier et qu’une victoire des extrémistes sunnites mettra Israël en plus grand péril qu’une victoire d’Assad.

Le Général-Major (de réserve) Uzi Dayan, ancien adjoint de l’Etat-Major de Tsahal et ancien chef du Conseil de Sécurité Nationale, a affirmé, dans un entretien téléphonique, qu’il s’oppose fermement à un renversement d’Assad. « Ce qui m’effraie vraiment, c’est un encerclement de nations dirigées par les Frères Musulmans, allant de la Turquie à l’Egypte. Voilà ce qui me préoccupe le plus », avait, alors, dit Dayan.


Uzi Dayan, ancien général et neveu de Moshe Dayan (Photo credit: Moshe Shai/ Flash 90)

Il suggérait que les extrémistes sunnites déstabiliseraient, alors, la Jordanie et le Liban. « Quiconque porte le moindre intérêt à maintenir le Royaume Hachémite en place en Jordanie ferait bien de ne pas soutenir l’éviction d’Assad, parce qu’ils les Hachémites jordaniens »>Article original sont la prochaine cible ».

En outre, il a décrit le massacre de 100.000 personnes, jusqu’à présent, dans la guerre comme un « tarif de promotion », en comparaison de ce que pourrait être l’avenir, dans une ère de l’après-Assad.

Le Ministre de la Défense, Moshé “booguy” Ya’alon, sans préciser quel camp il préférerait, dans le cadre de la guerre à venir, a suggéré que le pire résultat envisageable, en Syrie, serait l’anarchie. « Le pire scénario serait de déboucher sur une situation chaotique… qui se traduirait par un vide, où les éléments d’Al Qaeda, les groupes terroristes occuperaient la place et viendraient nous défier, défier la Jordanie, défier l’a stabilité de la région toute entière », avait-il dit en juin, au cours d’une allocution devant l’Institut des Politiques proche-orientales, à Washington.

Lorsque la journaliste Barbara Slavin a demandé à Ya’alon, après son exposé, si une description exacte de ses sentiments concernant conflit syrien pouvait être mis en parallèle avec le sarcasme d’Henry Kissinger, à propos de la guerre Iran-Irak – : « Quel dommage que les deux camps ne peuvent pas perdre en même temps ! » – il a simplement dit, provoquant un éclat de rire dans l’auditoire : « Si seulement ! ».

2) Les Etats-Unis vont frapper la Syrie, en essayant peut-être de priver Assad de la capacité de tirer des missiles chimiques, peut-être, tout simplement, pour dissuader son régime de loucher, une seconde fois, dans cette direction et, peut-être, selon l’approche maximaliste, pour couper plusieurs doigts de la poigne de fer alaouite au pouvoir. Les responsables israéliens cherchent à se persuader que les chances d’une contre-attaque syrienne sur Israël, seraient, dans de telles circonstances, plutôt minces. Tel est le pronostic optimiste.

Le 15 mai, plusieurs jours après la frappe israélienne présumée contre des entrepôts de missiles Fateh-110, à Damas, au moins deux obus de mortier se sont écrasés sur les flancs élevés du Mont Hermon. A la première évaluation, il devait s’agir d’un tir perdu, loin des combats du côté syrien des hauteurs du Golan. L’analyste militaire expérimenté, Ron Ben-Yishaï, avait, par la suite, révélé que ce tir de mortier sur le Mont Hermon n’avait rien d’un accident. Il s’agissait d’une consigne, passée par le régime syrien au Hezbollah, qui l’avait retransmise à une obscure organisation sunnite , qui a, alors, déclenché ce tir de représailles. Ce genre d’attaque de faible envergure permet à Damas de faire preuve de bravade, en interne, à l’intention de son public, en prétendant avoir répliqué à l’agression israélienne, et cela autorise Israël, pour sa part, à absorber le coup en silence.

Mais, au-delà de ce genre d’actions symboliques, il y a toujours un large spectre de répliques envisageables. La Syrie, ou l’un de ses émissaires, pourrait prendre le territoire israélien pour cible, en employant un calibre bien plus gros, contre une localité plus sensible ; elle peut charger le Hezbollah d’exercer des représailles à l’étranger, par un attentat contre une ambassade ou un centre communautaire juif, elle peut viser des installations militaires à des degrés variables d’importance, y compris des bases aériennes, ou frapper des centres urbains très peuplés, et elle peut -bien que cela reste extrêmement improbable – faire usage d’une arme de destruction massive.

Le scénario le plus probable, en réponse à une frappe américaine, est quelque chose du genre du tir de roquettes de jeudi dernier sur l’Ouest de la Galilée, ou une attaque, le long du plateau du Golan – un déclenchement d’actions qui soient difficile à imputer directement au régime et d’une échelle qui n’exige pas de réplique immédiate et cinglante, de la part d’Israël.

3) Dans un tel scénario, et dans la configuration présente, Israël, en dépit de ses proclamations du contraire, peut se retrouver avec les mains liées derrière le dos. Les Etats-Unis se sont lancés dans un processus de rassemblement d’une large coalition internationale. La Grande-Bretagne, la France et la Turquie de l’antisémite notoire Erdogan »>Article original sont déjà montés à bord. L’Allemagne, la Jordanie, l’Arabie Saoudite et le Qatar joueront, très probablement, un rôle d’assistance. Le porte-avions, l’USS Harry Truman est, actuellement, en Mer Rouge. Il pourrait être appelé à faire demi-tour et revenir en Méditerranée où il frayait paisiblement, mercredi dernier, durant la massacre en Syrie »>Article original. Mais, même s’il le fait, fournissant ainsi une plateforme de proximité pour que les avions de chasse américains puissent mener la bataille, les Etats-Unis peuvent encore préférer utiliser leurs bases aériennes d’Incirlik et d’Izmir, en Turquie, et ainsi, au moins, offrir à ce membre de l’OTAN, ennemi de longue date de la domination alaouite en Syrie, mais aussi l’un des rares îlots de stabilité relative au Moyen-Orient, une occasion de s’impliquer plus étroitement dans l’offensive. La moindre action israélienne pourrait compliquer cette sorte de coopération planifiée à Washington.


Le Premier Ministre turc, Recep Tayyip Erdogan main dans la main avec le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, lors d’une rencontre entre coquins en janvier 2012 à Istanbul (Photo credit: Mohammed al-Ostaz/ Flash 90)

Le 21 août, le député Avigdor Lieberman, le chef de la Commission des affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, a rétorqué aux allégations antisémites du Premier Ministre turc Recep Tayyip Erdogan, qui prétendait « qu’Israël était à l’origine du complot en Egypte », par la déclaration qui suit : « Quiconque entend les propos d’Erdogan, qui sont remplis d’incitation à la haine, comprend, sans l’ombre d’un doute, que c’est la perpétuation de la voie tracée par Goebbels ». Cet héritier présumé du Ministre de la propagande nazie, cela tombe sous le sens, devrait être peu disposé à l’égard d’une coalition menée par les Etats-Unis si l’Air Force US et israélienne se partagent la maîtrise des cieux.

4) Lundi, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergeï Lavrov a fustigé une frappe américaine éventuelle contre la Syrie, sans l’autorisation du Conseil de Sécurité de l’ONU, comme représentant une « grave violation des lois internationales » et a caractérisé une telle action comme représente une « catastrophe ». Il n’a pas menacé de réaction hostile la coalition conduite par les Etats-Unis, mais la Russie, à l’instar d’Israël, semble penser que la Syrie est un laboratoire d’expérimentation pour l’Iran, et, par conséquent, il y a de fortes probabilités que la Russie, dans l’éventualité d’une frappe américaine, ait déjà fourni à la Syrie, des systèmes de défense anti-aérienne, du type S-300 – et elle s’avérera, à la suite d’une frappe, encore moins coopérative envers l’Occident, concernant l’Iran et les sanctions contre ce régime. Israël a rendu claire comme le cristal sa profonde opposition à la livraison russe de S-300 – pas seulement à cause de l’avantage qu’offrirait ces systèmes à Assad, mais aussi de la protection qu’elle apporterait au Hezbollah.

5) En 1991, quand les Etats-Unis ont envahi l’Irak, Israël n’avait pas grand-chose à offrir, en matière de renseignements. L’Irak est un pays distant, était et reste assez loin dans la liste des priorités d’Israël après la frappe contre Osirak, le réacteur de Saddam »>Article original. La Syrie est une toute autre affaire. Les deux pays sont voisins. En septembre 2007, lorsqu’Israël a, selon toute vraisemblance, détruit le réacteur nucléaire syrien à Dir a-Zur, cette frappe est survenue en situation de surprise totale pour les dirigeants syriens. Au début de l’année, Amos Yadlin, alors chef des renseignements militaires, à l’époque, et actuel président de l’INSS, un Think-Tank de Tel Aviv, a révélé que même le chef de l’Etat-Major syrien n’était pas au courant de l’existence d’un site nucléaire secret. Depuis lors, Israël a, d’après de nombreux reportages, frappé au moins 4 fois en Syrie et la nature de ces frappes indiquerait que l’appareil sécuritaire israélien dispose d’une très bonne maîtrise sur l’état des affaires en cours, en Syrie. La coopération en coulisse, entre Israël et les Etats-Unis, restera, selon toute vraisemblance, très étroite.

6) Le 12 juillet 2006, deux heures après qu’Israël ait appris le kidnapping de deux de ses soldats, au cours d’une incursion transfrontalière du Hezbollah, le Député Ami Ayalon, ancien amiral et ex-commandant du Shin Bet, a appelé son collègue du même parti que lui, Amir Peretz, qui était alors Ministre de la Défense et lui a enjoint ce conseil : « Dis au Premier Ministre Ehud Olmert de réunir une conférence de presse et d’annoncer qu’il donne trois jours au Hezbollah pour ramener les soldats. En même temps, qu’il annonce une grande mobilisation de réservistes et les préparatifs de Tsahal en vue d’une offensive en masse », lui a-t-il conseillé, selon le compte-rendu publié dans un livre sur la Seconde Guerre du Liban : « Captives of Lebanon » « Otages du Liban » »>Article original.

Peretz est resté sceptique : “Tu ne comprends pas! », l’a tancé Ayalon. Ce n’est pas le Hezbollah qui a besoin de ces trois jours, c’est toi ! ».

Peretz n’a pas tenu compte de cet avertissement. Israël est entré précipitamment en guerre – et a terminé cette guerre, un peu plus d’un mois plus tard, au mieux, sans résultat probant.


Un soldat américain, en patrouille, la semaine dernière, en Afghanistan (Photo credit: Senior Airman, Grovert Fuentes-Contreras/ US Air Force)

Les Etats-Unis sont, globalement, dans une situation identique. Ils ont besoin de foncer, parce que le scandale produit par l’attaque chimique d’Assad reste marquante dans les esprits, mais ils ont besoin de temps pour rassembler leurs forces. Dès que les ordres de mouvements de l’ONU seraient donnés ou, avec ou sans son accord, que la machine de guerre est sur zone, les Etats-Unis devraient offrir un dernier ultimatum à Assad. Cela pourrait même apparaître comme un sucre d’orge. Tout le monde a l’usage d’armes chimiques en horreur, pourrait, alors, dire le Président Obama. Ce sont des armes barbares. Vous prétendez que les rebelles les ont utilisées contre vos propres forces. Nous avons les preuves de leur usage par vos soldats contre des civils. Dans l’intérêt de la sécurité du monde, nous vous donnons trois jours pour restituer tous les matériaux liés aux armes chimiques à une unité de l’ONU. Ainsi, elles ne tomberont pas entre de mauvaises mains. De cette façon, on sécurisera ces armements meurtriers. Si vous ne vous pliez pas à ces conditions, nous n’aurons pas d’autre alternative que de lancer les frappes.

Assad se bat pour sa survie et pour celle de son clan, de sa secte religieuse. Il y a, bien sûr, une chance très infime qu’il puisse accepter les termes d’un ultimatum américain de cet acabit. Cependant, il n’y a pas de meilleure occasion de marchander avec lui qu’au moment où la lame froide de l’épée américaine est pointée sur sa gorge, prête à lui trancher le cou. Dans le pire des scénarii, il dit « non ! », fait un ultime discours plein de bravache et la coalition s’est ménagée un peu de temps pour s’organiser, mais elle donne au monde, comme avant le déclenchement de la Première Guerre du Golfe, un compte-à-rebours suffisant jusqu’au déclenchement de l’action.

Par MITCH GINSBURG 28 août 2013, 3:07 am 3

timesofisrael.com Article original

Adaptation : Marc Brzustowski

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Armand Maruani

{{ » Vraiment dommage que les 2 camps ne perdent pas en même temps « }}

{{Ils n’ont pas dit leur dernier mot ……………………..

Ainsi qu’Israël}} .

Armand Maruani
Armand Maruani

{{Assad a plus peur d’Israël que des américains .}}

{{Ces derniers vont sûrement bombarder les sites où se trouvent les armes chimiques , et après ?}}

{{La situation restera identique , sauf si les  » alliés  » arment les rebelle}}s .

{{Dans ce cas il se pourrait que l’Iran maintienne un foyer de guerre et mobilise des milliers de  » combattants  » qui viendraient renforcer l’armée d’Assad , sans compter que l’URSS poursuivra sa fourniture d’armes .}}

{{Peut être serait il temps de liquider le Hezbollah au sud Liban pendant qu’ils sont occupés en Syrie . Cela arrangerait beaucoup de monde .}}

{{Attendons les premières frappes pour voir les réactions de part et d’autre .}}

{{En tout cas il faut s’attendre à un drôle de pastis .}}