Un documentaire projeté à Istanbul raconte un épisode méconnu de l’Holocauste

«N’oubliez jamais que ce sont les Turcs qui nous ont sauvés», souffle un vieil homme sur son lit de mort. A bout de forces, il trouve pourtant l’énergie d’ébaucher un salut militaire. Puis rend l’âme.
La scène, bouleversante, est racontée par ses deux filles dans un documentaire étonnant projeté ces jours-ci à Istanbul : Le passeport turc. Il raconte les efforts de dix-neuf diplomates en poste à Paris, à Vichy ou encore à Hambourg, pour sauver des centaines de juifs d’une mort certaine dans les camps nazis. Des centaines ou peut-être même deux mille, à en croire les producteurs.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, alors que, en Europe, les juifs étaient livrés à l’administration hitlérienne, douze trains spéciaux ont traversé le continent pour «ramener» à Istanbul les juifs d’origine turque. Coïncidence : cet épisode méconnu de l’histoire de l’Holocauste est aussi raconté dans Le monde d’Hannah, un roman que la Française Ariane Bois a publié en octobre chez Robert Laffont.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que le documentaire tombe à point nommé, en pleine crise diplomatique entre la Turquie et Israël, qui refuse de s’excuser pour le raid meurtrier mené l’an dernier contre la «Flottille pour Gaza», au cours duquel neuf ressortissants turcs ont été tués sur le bateau Mavi Marmara. Ankara a renvoyé l’ambassadeur de l’Etat hébreu et gelé tous les accords de défense entre les deux pays. Faut-il y voir un film de propagande, censé calmer le jeu? Ou éviter à la Turquie des accusations d’antisémitisme ? Au Ministère des affaires étrangères, on affirme qu’il s’agit d’une initiative privée. Le producteur Gunes Celikcan ajoute que le documentaire est le fruit de six ans de recherches et qu’il n’aurait pas pu être réalisé sans l’aide de la communauté juive de Turquie. Il est d’ailleurs soutenu par le Projet Aladin, une association qui entend «construire des ponts» entre juifs et musulmans.

Diffusé en avant-première à Cannes en mai, il sera en compétition au Festival européen du film indépendant, à Paris en mars. Bref, le documentaire fait une carrière remarquée mais modeste. Rien à voir, donc, avec la série télé qui avait fait sensation en 2007 en Iran. Celle-ci racontait l’histoire d’un diplomate perse qui fabriquait des faux passeports pour faire fuir des juifs de France. Elle servait visiblement à justifier les discours du président Mahmoud Ahmadinejad, qui veut voir Israël «rayé de la carte» tout en affirmant n’avoir rien contre le peuple juif.

Tribune de Genève.ch

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Serge Belley

Ils sont très fort les turcs. Reste-t-il seulement des témoins de cette époque-là. En tout cas moi je n’ai jamais entendu parler de cette épisode rocambolesque. S.V.P. DES PREUVES…