Par Jean Tsadik

Après un journal koweitien et l’Etat d’Israël, les Etats-Unis ont officiellement fait savoir que la Syrie avait livré à la milice chiite du Hezbollah, au Liban, des missiles balistiques de type Scud.

Ces armes ont été conçues selon un savoir-faire nord-coréen ou russe. C’est ce que l’administration US a confié au Wall Street Journal.

Nous d’ajouter, que les supplétifs de l’Iran et de la Syrie au pays du cèdre ont reçu des Scud de deux types, acquis, modifiés ou produits par le régime damascène.

Le premier de ces missiles est l’équivalent du Scud-B soviétique, conçu au début des années 60. C’est largement le plus répandu des Scud ; il a une portée de l’ordre de 300 kilomètres et peut ainsi atteindre la quasi-totalité du territoire israélien, sans même devoir être déployé au Liban-Sud, zone où patrouillent les casques Bleus de l’ONU.

Le second missile dont des exemplaires ont été livrés à Hassan Nasrallah, est une arme proche des Scud C et D, disposant d’un rayon d’action situé entre 600 et 700 kilomètres.

Ces fusées demeurent cependant des engins obsolètes dans la guerre moderne. Tous les Scud sont des évolutions du V-2 allemand du Second conflit mondial. A l’origine, ils ont été élaborés par des savants nazis capturés par les troupes de Staline. Durant la même époque, de l’autre côté de l’Atlantique, d’autres ingénieurs teutons développaient les fusées de l’Oncle Sam.

C’est mardi qu’Israël avait annoncé la transaction entre Damas et le Hezbollah. Le Président Pérès avait accusé la junte des Al-Assad de « jouer un double jeu. D’une part de parler de paix, et de l’autre, de doter le Hezbollah de missiles précis de manière à ce qu’il puisse menacer Israël ».

Des « missiles précis » ? Nous sommes obligés de contredire le président de l’Etat hébreu : les engins volants transmis à la milice chiite ne se distinguent pas par leur précision. Celle-là varie entre 700 et 900 mètres de l’objectif visé.

C’est exactement ce qui en fait une arme terroriste, une sorte de grand frère de la Katioucha. Ca n’est pas grâce aux Scud livrés par Béchar Al-Assad que le Hezb vaincra Israël ou lui détruira ne serait-ce qu’un seul char.

Mais en tirant plusieurs de ces fusées en direction d’une ville de la taille de Tel-Aviv, les miliciens auraient une chance certaine d’assassiner un nombre indéfini de civils, déterminé, par le hasard, et les caractéristique démographiques du point d’impact.

Encore faudra-t-il que les serveurs chiites de ces Scud aient l’occasion de les lancer. Ils sont transportés sur de lourds camions, le remplissage de leur carburant est encombrant et fort délicat. Ces activités sont facilement identifiables par les moyens de surveillance, en activité permanente, de Tsahal.

Avatar suivant dans le dessein d’atteindre Tel-Aviv ou Jérusalem : il arrive très fréquemment que ces missiles de grand-papa explosent au nez et à la barbe de leurs utilisateurs. On l’a vu plus d’une fois lors des essais de lancement dans les bases syriennes, notamment à Al-Safir.

Dernier écueil pour les Scud survivants, en route pour Tel-Aviv, et non des moindres, les missiles chasseurs de missiles balistiques Khetz (Flèche), qui, en principe, ne devraient en faire qu’une bouchée. Mais voilà, aucun missile anti-missile balistique n’a jamais été utilisé lors d’un conflit réel, en condition de combat.

L’armée du dictateur alaouite a touché des missiles Iskander (Alexandre) des Russes. Une arme high-tech, de 200 km de portée, mais d’une aisance d’emploi et d’une précision redoutables.

Dans ces conditions, les officiers de Damas ont dû avoir du mal à cacher leur satisfaction, lorsqu’ils ont vu les Scud made in Syria prendre le chemin de Beyrouth.

Des Scud qui sont le résultat du projet d’Hafez Al-Assad, le père de Béchar. Celui-ci, dans les années soixante-dix, se rendant compte qu’il ne ferait jamais le poids, dans les airs, contre les chasseurs du He’l Avir et leurs pilotes, entreprit de faire l’impasse sur l’aviation et de se lancer dans la production de missiles et d’ogives de destruction massive, chimiques et bactériologiques.

Les fruits de ce plan sont relativement maigres. Gênés par les sabotages, les nombreux accidents de travail et les opérations de l’Armée des Hébreux, les ingénieurs locaux ont payé de leur vie, par milliers, les rêves de grandeur militaire du précédent dictateur.

Les Scud entreposés et développés en Syrie sont plus dangereux pour les lanceurs que pour leurs cibles. Logiquement, on avait le choix entre les jeter à la casse et les « refiler » à l’allié Hezbollah. C’est la seconde option qui fut choisie.

Un choix qu’il convient d’envisager dans la perspective d’un affrontement possible entre Israël et l’Iran. En dotant la milice libanaise de ces fusées, Damas s’offre, en fait, la possibilité de ne pas participer directement à une guerre, en cas d’attaque israélienne contre les installations perses de destruction massive.

Il suffirait que « deux ou trois » Scud, en provenance du Liban, s’abattent sur une métropole israélienne pour qu’Al-Assad puisse se présenter à son allié stratégique iranien comme quelqu’un qui a rempli son contrat ; ce, sans avoir mis son trône en péril.

Pour cela, encore va-t-il falloir calmer les Israéliens, qui n’apprécient que très peu que des missiles soient braqués sur leur population depuis un nouveau point cardinal. La région est souvent passée à deux doigts d’un conflit généralisé Syrie-Israël à cause de la livraison, de la construction ou du déploiement de nouveaux moyens guerriers. A cause d’une action entreprise par Damas, qui modifiait le statut ante de l’équilibre des forces dans la région.

A Jérusalem, on est très irrité par la provocation syrienne. Si l’on évite de trop faire monter la pression, c’est parce qu’on ne veut pas confondre le problème principal, l’Iran, avec des problèmes périphériques. Et parce que l’on sait – à part si on s’y trouve forcé – qu’il est fortement contre-indiqué de livrer bataille à trop d’ennemis à la fois.

Reste qu’on garde un œil vif sur la Syrie et, prêt à l’emploi, tout ce qui est nécessaire pour lui régler son compte dans le laps le plus court possible.

Et puis on a accru encore la surveillance du territoire libanais. Nous en sommes presque au point où chaque fois qu’un milicien chiite allume une cigarette à Tripoli, on le voit sur des écrans à Tel-Aviv. On sait précisément ce qui se passe chez nos voisins septentrionaux. Il est vrai que ne pas s’en soucier tiendrait de l’inconscience.

Les Libanais non alliés des Perses et des Syriens sont également les victimes du déploiement des Scud sur leur territoire. Au cas où le Hezb déciderait d’agresser à nouveau l’Etat hébreu depuis le Liban, nombre de civils seraient exposés aux répliques de notre légitime défense.

Tous les observateurs s’accordent à prédire, qu’en cas de nouvelle attaque de la milice chiite contre Israël, l’étendue des destructions serait considérablement plus large qu’en 2006.

Et Tsahal ne s’arrêtera pas, cette fois, en échange d’une résolution 1701 bis du Conseil de Sécurité. Car l’ONU et les membres permanents du Conseil sont juste un peu moins coupables que le dictateur de Damas de la situation mortelle qui s’est instaurée.

On l’a déjà écrit dans ces colonnes, la 1701 obligeait la FINUL à renforcer l’autorité du gouvernement légitime de Beyrouth, notamment en l’aidant à désarmer les milices et à couper leur approvisionnement en armes.

En 2006, le Hezbollah disposait d’une dizaine de milliers de roquettes environ. Aujourd’hui, on estime leur quantité, parvenue au pays des cèdres durant la présence des soldats de l’ONU, à plus de 40 000. Y compris des missiles sol-sol et antiaériens.

La France a proposé la 1701 et les autres membres permanents l’ont adoptée, pour vider le Liban de ces armes illégales. En prenant la responsabilité de l’exécution de la résolution sans l’exécuter, tous ces responsables ont fait peser un danger létal sur la population civile israélienne, et ont enterré la république libre, démocratique, indépendante et pro-occidentale du Liban. Bientôt, à moins d’un miracle, ce sera ses habitants qu’il va falloir enterrer.

Etincelant bilan d’un service après-vente inexistant ! D’apprentis sorciers qui se muent en fossoyeurs de toute une région, à cause de leur inconsistance et de leur intolérable futilité.

C’est pourtant un Etat membre de l’ONU qui a fourni ces tonnes d’armes et qui a refermé son poing sur la liberté du Liban. De sanctions contre la Syrie, il n’est pourtant pas même question ; de menace d’intervention, ou de velléité de disposer des Casques Bleus sur les axes du trafic entre Beyrouth et Damas… on entre dans la science-fiction.

Largué le Liban, soldé le Liban, abandonnés à leur sort, jetés aux chacals, les Libanais amis de l’Europe. Et dans le même élan, et sans le moindre état d’âme, le mode d’application de la 1701 expose la population d’Israël, à commencer par celle du Nord, à 40 000 projectiles et aux Scud – des « armes à large zone d’impact » -.

Pendant que la diplomatie française fait une cour assidue au fournisseur de ces armes à Damas, Barack Obama entend y renvoyer un ambassadeur.

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