Le Premier ministre Byniamine Nétanyaou était, ce dimanche après-midi, l’invité d’honneur de la Conférence internationale sur la cyber-guerre organisée par l’état major national « cybernétique » auprès de la Présidence du Conseil à Jérusalem. Au cours de son intervention, Mr Nétanyaou a été très clair sur l’importance de la cybernétique : « C’est aujourd’hui une partie prenante du champ de bataille moderne. C’est n’est pas une guerre du futur. C’est une guerre qui se déroule ici et actuellement » a dit le Premier ministre avant de préciser qu’au cours des derniers mois, Israël avait noté un très net regain d’activité dans les cyber-attaques provenant d’Iran, « ou de ses bras avancés, le Hamas et le Hizbollah ». Un regain d’activité confirmé également par les Américains. Le New York Times a cité, en fin de semaine, un officier supérieur de Tsahal anonyme qui a révélé que les forces iraniennes et nord coréennes coopéraient massivement en vue de se livrer à des cyber-attaques en particulier contre Israël.

Selon cet officier supérieur, Iran, soucieuse de rattraper son retard en la matière, se serait dotée des services de hackers russes : « L’Iran refléchira à deux fois avant de lancer un missile contre Israël mais la guerre cybernétique lui offre une excellente occasion pour réagir aux sanctions de la communauté internationale ».Et de préciser : « Nous avons été effrayés par la rapidité avec laquelle les capacités des Iraniens se sont améliorées ». Cote israélien, on est, comme l’a affirmé Mr Nétanyaou, persuadé que cette cyber-guerre bat actuellement son plein au Moyen Orient et l’on est très préoccupé par les progrès réalisés ces derniers mois par les Iraniens. Alors que les Russes épaulent les Iraniens dans ce domaine, ce sont les Américains qui encouragent leurs alliés israéliens d’une part, et saoudiens, de l’autre, à se protéger. Il convient de rappeler qu’il y a encore trois ou quatre ans, l’Iran n’accordait qu’une importance marginale à la cyber-guerre. Mais l’introduction par trois fois de virus informatiques dans les réseaux iraniens et en particulier dans les centrales nucléaires ont totalement modifié la donne. Ainsi , au cours de l’été 2010, la centrale nucléaire de Natanz et d’autres réseaux ont été attaqués par le fameux virus Stuxnet qui avait pour propriété d’espionner et de saboter
les programmes informatiques des centrifugeuses chargées d’enrichir l’uranium.

Au total plus de 40.000 systèmes informatiques iraniens avaient été affectés. En octobre 2011, selon des publications étrangères, Israéliens et Américains auraient lancé une seconde cyber-attaque en introduisant un cheval de Troie dévastateur et particulièrement malveillant du nom de Duqu dans les réseaux informatiques iraniens. Et enfin, en mai 2012, c’est Téhéran elle-même qui a reconnu avoir été victime d’une attaque massive et destructrice de ces mêmes réseaux affiliés à son programme nucléaire et au programme de production de pétrole, et ce à l’aide du virus ultra-sophistiqué Flame qui a la particularité de travailler en secret, d’affecter au coup par coup des programmes informatiques et d’être donc par la même difficilement détectable .
Après avoir essuyé ces trois revers, l’Iran a compris qu’elle se devait de consacrer efforts et moyens financiers dans le cyber-combat dans l’espoir de rattraper son retard sur le tandem USA-Israël. Pour ce faire tous les moyens sont bons et les hackers russes se sont avérés posséder le meilleur rapport qualité/prix.

Très vite ils ont « boosté » l’Iran, la propulsant vers des techniques particulièrement performantes. L’un des principaux soucis des autorités israéliennes actuelles est de constater que l’Iran serait désormais en mesure d’acquérir sur le marché noir des programmes informatiques particulièrement nocifs et de s’en servir pour détruire des réseaux informatiques en Occident.

Toutefois cette préoccupation, même si elle est prise au sérieux par les Israéliens, reste limitée. A l’Etat major de Tsahal, on admet que les progrès accomplis par Téhéran en matière de cyber-guerre se sont pas suffisants pour qu’elle rivalise avec Israël ou avec les Etats-Unis. A Washington, on est tout à fait conscient du fait que la menace cybernétique iranienne peut être orientée vers de nombreuses cibles et pas seulement contre Israël.

D’ailleurs, il y a quelques jours, on a appris que le président Obama avait donné l’ordre au Conseil national de Sécurité de préparer une liste de cibles cybernétiques de choix contre l’Iran . Une manière pour le locataire de la Maison Blanche de prouver que si sur le terrain, il se montre réservé, il l’est bien moins sur la Toile.

Nissim Liel /JForum (Correspondant Spécial)

TAGS: Cyberguerre NSA Iran Flame Malware Exploit Virus Duqu

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