Au cours d’une menace mise à nue, comme jamais auparavant, de la part de la Russie, le Vice-Ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Ryabkov a déclaré à l’agence de presse Interfax que la Russie pourrait « élever les enchères », dans sa confrontation avec l’Occident, en révisant ses positions concernant l’Iran. C’est l’Associated Press qui en révèle le contenu Article original.

La menace est tout-à-fait crédible. La Russie n’est pas seulement membre détenteur du droit de veto au Conseil de Sécurité de l’ONU et capable, ainsi, de bloquer de nouvelles sanctions ou toute autre action de l’organe international contre l’Iran, mais c’est aussi un membre du groupe 5+1 de négociation, qui travaille pour obtenir un compromis nucléaire avec l’Iran.

Si la Russie retourne sa veste, et cesse de pousser l’Iran, même très modérément, à abandonner une partie de son programme nucléaire, pour lui promettre tacitement, voire ouvertement, de soutenir la République Islamique, sans se préoccuper du problème nucléaire, la stratégie occidentale envers l’Iran pourrait rapidement se disloquer.

Des relations économiques plus étroites avec la Russie pourraient contribuer à protéger l’Iran de l’effet de toutes nouvelles sanctions et toute assistance technique, soit dans le domaine nucléaire, soit dans celui des composants de missiles de longue portée, pourrait radicalement accélérer le renforcement stratégique de l’Iran.

Il nous reste encore à savoir si et comment cette menace est reprise et répétée par d’autres dirigeants de haut-rang de l’appareil sécuritaire et politique russe, mais si c’est bien le cas, nous aurons alors un signe clair que les buts de la Russie ne se limitent pas à sécuriser ses bases en Crimée. La Russie ne veut pas, simplement l’emporter dans cette crise, mais surtout, elle ne veut, en aucune façon, que le Président Barack Obama s’en sorte sans une humiliation publique écrasante.

Le simple fait de lier la crise en Ukraine aux négociations sur l’Iran est un véritable cauchemar éveillé pour les Etats-Unis. Cela doit aussi être la réalisation d’un rêve russe longtemps gardé secret. Le Président Obama a tenté de dissocier la question nucléaire de toute autre question géopolitique régionale. Il a poursuivi la recherche d’un accommodement nucléaire avec l’Iran, en dépit de la quête, aussi intensive qu’acharnée, des Iraniens pour dominer la Syrie, le Liban et l’Irak.

Cette séparation de dossiers excède les alliés des Etats-Unis, comme Israël et l’Arabie Saoudite, qui craignent que les USA soient sur le point de laisser le contrôle de la région aux Ayatollahs, en échange de ce qui serait inévitablement tout, sauf une assurance en béton que le programme nucléaire iranien ne franchirait jamais le seuil de la fabrication d’une bombe.

La stratégie d’Obama a toujours été risquée. Si la Russie se lance dans une coopération active avec l’Iran, il devient difficile de voir comment la Maison Blanche peut encore maintenir vivace cet espoir. Encore une fois, nous devrons vérifier si ce communiqué représente réellement la politique russe, plutôt qu’un simple effet de rhétorique, mais si c’est le cas, le Président Obama n’aura plus qu’à choisir entre une humiliation cinglante sur la Mer Noire, et un risque accentué de guerre dans le Golfe Persique .

WALTER RUSSELL MEAD & son équipe.

Publié le 19 mars 2014 7:46 pm

the-american-interest.com Article original

Adaptation : Marc Brzustowski.

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Ratfucker

A propos de ses magouilles avec les mollah, Poutine ferait bien de s’inspirer de Lénine « Ils nous vendront la corde pour les pendre »