LA DEMOCRATIE SELON DOV ZERAH

Le Conseil d’Administration du Consistoire de Paris s’est réuni le 15 avril dernier pour statuer sur le projet de « Conseil des communautés » présenté par le président Dov Zérah et destiné à être soumis à la prochaine Assemblée Générale Extraordinaire à titre de modification statutaire.

Ce projet de « Conseil des communautés » répond à une promesse électorale inscrite par Dov Zérah dans le programme des candidats de la liste « Tous Ensemble ». Dans s profession de foi il annonçait clairement la couleur : « Associer les communautés aux décisions par la création d’un véritable Parlement des Présidents des communautés, seconde chambre à côté du conseil d’administration. En associant étroitement les communautés au fonctionnement du Consistoire, cette évolution démocratique entraînera une plus grande réactivité de l’institution ».

Le projet que Dov Zérah a soumis à son Conseil répond-il à cette grande ambition ? Hélas non !

En lieu et place du fameux « véritable Parlement des présidents », sa formule de « Conseil des communautés » n’est rien d’autre qu’une instance de réunion et un simple outil médiatique pour une communication directe entre le président du Consistoire et les administrateurs de ses synagogues.

Un Parlement organise le débat de manière libre et équitable, le sien n’est qu’une tribune à usage présidentiel. Au cours des 3 premiers Conseils (Créteil, Sarcelles, La Varenne) réunis depuis son élection, il a accaparé près de 80% du temps de parole et laissé quelques miettes à des administrateurs et présidents qui avaient eu la patience de rester jusqu’au bout de ces interminables shows.

Un Parlement légifère et exerce ainsi un impact décisif sur l’avenir de la communauté concernée, celui de Dov Zérah est réduit à un rôle consultatif qui n’engage en rien le Consistoire.

Un Parlement constitue effectivement une deuxième chambre qui permet l’exercice d’un contre-pouvoir face à l’exécutif. Celui de Dov Zérah ne détient strictement aucun pouvoir hormis celui d’applaudir le président ou, si son humeur le permet, de le chahuter.

Un Parlement est, par définition, présidé par une personnalité détachée de l’exécutif, celui de Dov Zérah est présidé par lui-même. Il dirige donc l’exécutif et le législatif, ou en l’occurrence le consultatif, puisqu’il a confisqué à son « Conseil des communautés » tout pouvoir délibératif.

Enfin un Parlement détient un droit de censure sur le gouvernement, ce qui n’est ni plus ni moins qu’un droit de vie ou de mort sur l’exécutif. Celui de Monsieur Zérah ne peut en aucune manière censurer le Conseil d’administration du Consistoire. Par contre il est doté d’un droit de saisine du fameux « Conseil des sages » dont la vocation essentielle est d’arbitrer des litiges internes au Consistoire. La grande affaire ! Imaginons tous les présidents de communautés rassemblés pour débattre pendant des heures et se crêper le chignon pour tenter d’obtenir une majorité sur la question névralgique de savoir s’ils pourront ou non soumettre telle ou telle question au futur Conseil des sages. Immense progrès démocratique !

Toutes ces distorsions entre les promesses électorales du candidat et leur mise en application par le président élu, entre la règle républicaine et l’exercice réel du pouvoir, nous renseignent-elles réellement sur la conception démocratique de Dov Zérah. Difficile à dire, car ce grand commis de l’Etat connaît parfaitement, pour s’y être frotté dans les hautes sphères du pouvoir, le sens et l’enjeu réel de la Démocratie. Circonstance aggravante, il ne fait aucun doute qu’au fond de lui-même il a conscience que son projet n’est qu’une mascarade.

Alors pourquoi toute cette effervescence réformatrice ? Aurait-il des velléités de dictateur ? Impossible, il est trop intelligent… et sans doute humaniste. Alors, se peut-il que ce président, issu des beaux quartiers, ait un mépris souverain pour le « Tiers Etat » communautaire, ces dirigeants de terrain dont beaucoup sont d’un niveau social modeste et officient dans des secteurs difficiles ? Pas sûr, car le trait est par trop désobligeant et caricatural.

Je ne vois alors que deux possibilités : soit Dov Zérah considère que la communauté consistoriale n’a pas la maturité nécessaire pour se doter d’une véritable instance démocratique (ce qui serait d’un mépris souverain et une atteinte à la dignité de notre communauté), soit il craint que la présidence et le conseil d’administration n’y laissent des plumes et y perdent certaines de leurs prérogatives régaliennes. Pourtant c’est la grandeur d’un chef éclairé que de fixer lui-même des limites et des mécanismes correctifs à son propre pouvoir.

Quoi qu’il en soit, le projet de Dov Zérah ne mérite pas d’être affublé du titre de noblesse de « Réforme statutaire ». En effet on ne voit pas pourquoi son « Conseil des communautés », qui n’est qu’un simple copier-coller de l’ancien « Conseil des présidents » du regretté Emile Touati (zal) et de Moïse Cohen, aurait droit de cité dans l’aggiornamento annoncé par Dov Zérah avec tambours et trompettes depuis près de dix ans. Cette réunion des présidents, qui en fait existe depuis des décennies, et s’inscrit parfaitement dans le fonctionnement ordinaire et dans le cadre statutaire actuel de l’institution, ne mérite pas le nom de « réforme ». Ou alors, pourquoi ne pas intituler « réforme statutaire » la suppression des sandwiches dans les réunions consistoriales ordonnée par le nouveau président dans un désopilant souci d’économies ?

Monsieur Dov Zérah, que ne vous contentez-vous d’améliorer la gestion et le fonctionnement courants de notre institution, qui en a un si grand besoin, plutôt que de dépenser le temps et l’énergie de vos collègues et de votre administration à concocter des réformes qui n’en méritent pas le nom. Votre acharnement compulsif à soumettre le Consistoire à un régime de fausses réformes pourrait laisser penser, à D-ieu ne plaise, que vous seriez plus soucieux de laisser une trace personnelle dans l’histoire consistoriale plutôt que de propulser réellement notre belle institution dans le 21ème siècle.

Mais surtout, si vous voulez être crédible, monsieur Dov Zérah, dans votre volonté de démocratiser la maison consistoriale, il vous faudrait commencer par donner l’exemple. Or, il semblerait que votre début de mandat ait été marqué par un style présidentiel quelque peu solitaire et autoritaire qui laisse peu de place à une véritable concertation et à un débat libre et contradictoire. Certaines prérogatives consenties habituellement aux commissions consistoriales, vecteurs de démocratie interne, sont bafouées par le fait du prince. Enfin, dans cette même séance du Conseil d’administration du 15 avril, où vous étiez censé donner le top du départ de votre grande réforme démocratique, versus Dov Zérah, vous vous êtes comporté, aux dires de certains, comme une sorte de potentat. En refusant arbitrairement le vote à bulletin secret, pour l’adoption du projet de « Conseil des communautés », au motif que vous teniez absolument à connaître, à visage découvert, le suffrage de chacun de vos administrateurs, ce qui constitue une véritable régression au regard de la règle démocratique la plus élémentaire, mais aussi au regard de l’usage instauré dans ce domaine par vos prédécesseurs.

Aussi, la Communauté sera très attentive, à l’avenir, au respect de vos promesses électorales, mais aussi et surtout au respect de la règle et de l’esprit démocratique, car les Juifs de France ne sont pas des bœufs, et vos administrateurs, démocratiquement élus, n’ont pas vocation à faire de la figuration. Quels que soient leurs positions, favorables ou non à vos thèses personnelles, ils doivent être rétablis dans leurs droits réglementaires en conformité avec la grande et noble tradition républicaine de notre pays. Le judaïsme français doit se débarrasser de l’esprit de dhimmitude qui obère encore certaines de ses instances communautaires.

C’est, en raison de cette préoccupation, partagée avec de nombreux dirigeants associatifs que j’en appelle d’abord à la vigilance active de tous pour arrêter cette descente aux enfers, et à la création d’un Observatoire des Engagements des Instances Communautaires Juives.

M. COHEN

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Frbelaisch

Désolée mais « les juifs de France  » dont vous proposez d’être le portique ne sont pas tous au Consistoire, vous l’oubliez ! Et ce comportement du Consistoire ne nous donne aucune motivation pour le soutenir. Toute instance qui gère des fonds publics doit être évaluée et sur ses comptes(commissaires aux comptes) et sur son éthique( comité d’ethique avec personnalités vraiment indépendantes) et sur sa représentativité dans la société (combien de juifs soutiennent ce Consistoire sur un total même approché?) et sur son adaptation à la sociéré française (application des textes et modernisation).
Donc ce Consistoire se condamne lui-même à disparaitre et ne se rend même pas compte de sa responsabilité.
Hannah

Francoise.michaelis

FATIGUANT
Les juifs s’illustrent par la dispute.
pourquoi toujours dire du mal?
Arrettez et laisser leur leur chance au lieu de distiller votre venin!!
F Michaelis