Sarkozy annoncera sa candidature entre le 10 février et le 8 mars. Après une « drôle de pré-campagne », le chef de l’État va tirer toutes ses cartouches à la fois. « On va mettre le treillis! », a-t-il prévenu ses conseillers. Après le beauf culturel, puis le lettré bachoteur, voici venu le temps de la guerre culturelle. Sarkozy ou le complexe de Richard Nixon. Chronique »>Article original « On va mettre le treillis! » La formule de Nicolas Sarkozy, rapportée en fin de semaine par le bon soldat Charles Jaigu dans Le Figaro, annonce la couleur. Après le président « beauf » et après la « représidentialisation », voici venue l’heure du combat. Et l’heure de vérité.

On a souvent comparé Sarkozy à Berlusconi et lui-même s’est flatté de reprendre à son compte les thèses sur la guerre culturelle du philosophe Gramsci. Et si le bon modèle n’était pas italien, mais américain? Non pas Reagan, ni même Bush, mais: Richard Nixon.

Minutieusement préparé depuis près de deux ans -les premières informations sur les agences de publicité mobilisées pour sa campagne de réélection m’ont été rapportées à l’été 2010- Nicolas Sarkozy va donc lancer sa campagne. Elle sera, prévient-il, rapide, courte, efficace et surtout totale.

On peut faire, à ce stade, deux hypothèses. Les deux options que peut choisir Sarkozy. D’un côté, il lui faut tenter de rassurer par une campagne « fluide », centrée sur le sérieux économique et fiscal, la place de notre pays dans le monde, les valeurs communes et l’identité de la France. En un mot: « Ras-su-rer ». De l’autre, il peut vouloir mener la « guerre culturelle », c’est-à-dire choisir de nouvelles ruptures, cliver sur les valeurs, batailler sur les idées et, opportuniste, tenter de passer en force.

« Vous allez voir ce que vous allez voir »

Mon intuition c’est que le président-sortant, bas dans les sondages, n’a pas vraiment le choix entre ces deux options. S’il veut être réélu, il va devoir privilégier à la fois l’une et l’autre.

Je sais où je vais, depuis le début, je le sais, faites-moi confiance

« Rassurer »: ce fut la « représidentialisation » engagée depuis 2011 par les communicants du président (Franck Louvrier, Jean-Michel Goudard, Christophe Lambert et le sondeur Pierre Giacometti). Après quatre années de surexcitation et d’agitation médiatiques, le chef de l’État est revenu à l’ADN de la communication politique. Ce fut le retour de Pilhan -du nom du discret ordonnateur de la communication de François Mitterrand puis de Jacques Chirac, Jacques Pilhan, qui a théorisé la « rareté » de la parole présidentielle. Sarkozy, dit-on, le détestait en 2007 et il l’assimilait à la vieille politique, la « politique à la papa ». Or, depuis une année, virage à 180 degrés: le chef de l’État a voulu ralentir l’actualité après l’avoir accélérée. « La meilleure communication, c’est de ne pas en faire. Il faut de l’authenticité, pas du tralala. Il faut être minimaliste », confiait le président de la République au JDD, mi-2011, pour théoriser cette modeste rupture. Pour un peu, on a pensé, alors, que ce compulsif éruptif était atteint de neurasthénie.

Car ce type de plan de communication -la non-communication érigée en communication-, à rebours des instincts de l’intéressé, rappelle les régimes alimentaires: on les applique un moment, puis on s’accorde quelques écarts, avant de les abandonner complètement. C’est ce qui va bientôt se passer.
Sarkozy, bien sûr, va conserver en partie cette carte maîtresse, celle du « Président » en majuscule et en majesté, ce que j’ai appelé ‘auto-agrandissement, mais il devrait ajouter une nouvelle carte à son jeu: celle du guerrier.

Secrètement, il a mis en place un dispositif de communication très élaboré (que j’ai décrit récemment dans mon livre J’aime pas le sarkozysme culturel), lequel sera complété par un dispositif guerrier construit en triangulation en direction de trois candidats : François Hollande, d’abord, contre lequel il va déclencher la guerre éclair, un véritable blitzkrieg; Marine Le Pen en ricochet; François Bayrou, enfin, en victime collatérale.

« Vous allez voir ce que vous allez voir » a dit Nicolas Sarkozy à ses proches cette semaine, pour confirmer qu’il allait passer à l’offensive et frapper très fort dès sa déclaration de candidature. « Je sais où je vais, depuis le début, je le sais, faites-moi confiance », a-t-il ajouté, pour les rassurer.

Sarkozy va lancer une véritable blitzkrieg contre François Hollande

Il y a d’abord la date. Elle serait déjà choisie, « entre le 20 février et le 8 mars » annonce, bien informé, Le Figaro. Trop? Car Sarkozy dit aussi: « Ce qui compte, c’est le secret, et le secret, c’est la surprise ». On peut donc imaginer toutes les dates, même un peu plus tôt, pour ménager justement cet effet de surprise, entre le 10 et le 20 février. En attendant, on est dans ce que Sarkozy appelle « la marche d’approche » qui précède la candidature. Laquelle signera le coup d’envoi de l’offensive.

Il y a ensuite la forme. Meeting ou pas? Caméra ou pas? Lettre aux Français ou pas? On sait que Nicolas Sarkozy va publier un livre (aux éditions XO de son ami Bernard Fixot comme Témoignage en 2006). Il pourrait, dans celui-ci, se livrer à un long exercice de pédagogie, s’expliquer sur ses erreurs et tenter de se les faire pardonner. Au nombre de celles-ci, il y a la nuit du Fouquet’s, le yacht de Bolloré, le « Cass’ toi pov con » du salon de l’agriculture, l’augmentation de son salaire personnel de 172 %, l’affaire de l’Epad et de son fils Jean, l’affaire Woerth-Bettancourt, sans oublier l’incroyable « Carla et moi c’est du sérieux », restée comme la phrase du quinquennat. Bref, il a beaucoup à faire oublier grâce à ce livre. Fera-t-il d’une pierre deux coups et, par l’écrit, et par ce nouvel ouvrage-témoignage, choisira-t-il de faire son acte de candidature? C’est possible, mais non pas certain.

Emmanuelle Mignon: le retour du cerveau

Vient ensuite le projet. Beaucoup y travaillent depuis des mois, dans des cercles distincts, pas forcément cohérents entre eux. Mais il manquait jusqu’à présent la tête pensante capable de rassembler les idées et de fédérer les rédacteurs. Or, Emmanuelle Mignon vient de rejoindre cette semaine le staff présidentiel. Elle devrait s’occuper des réseaux et des idées, à moins qu’elle ne dirige sa campagne puisque René Ricol se serait désisté. Mais à la différence de 2007, où elle avait eu plus de deux années pour se préparer, elle aura cette fois un peu moins de trois mois.

Reste les sujets de la campagne sarkozyienne. Le président a dit qu’il mènerait l’offensive sur trois ou quatre thèmes, guère plus. Selon nos informations, les thèmes anti-Hollande et les principales attaques sont déjà programmés. On sait bien sûr que le président-sortant va mettre en avant son bilan international, ses décisions budgétaires pour limiter la dette et brandir ce qu’il pense être des marqueurs de l’intérêt général, par exemple la règle d’or, la réforme des retraites ou la TVA sociale qui ne dit pas son nom.

Nicolas Sarkozy a fait savoir aussi qu’il allait prendre des risques et oser des idées fortes. Ira-t-il jusqu’à défendre le mariage gay ? C’est une hypothèse de travail sérieuse, déjà testée grandeur nature dans Libération, ce qui lui permettrait de « trianguler », c’est à dire d’empiéter sur l’électorat de gauche, tout en limitant les dégâts à droite. C’est osé, mais combiné à une attaque violente contre l’islam, cela peut séduire la minorité gay et au-delà le faire apparaître comme un président original, innovant et capable de s’échapper du catéchisme de son parti.

L’arme lourde: dénoncer le vote des étrangers aux élections locales.

Mais c’est probablement sur un autre terrain que Nicolas Sarkozy va « frapper un grand coup », comme il le dit lui-même, à savoir la proposition de François Hollande d’ouvrir le droit de vote aux étrangers non-communautaires aux élections locales je précise ici que j’y suis pour ma part favorable »>Article original. Nicolas Sarkozy, selon mes informations, va sortir l’artillerie lourde sur ce sujet et en faire un des axes frontaux de sa campagne. Et cela pour plusieurs raisons.

Tout récemment, j’assistais à un débat public dans une enceinte de gauche et un intervenant s’est fait applaudir en disant simplement, calmement, qu’il n’était pas favorable au vote des étrangers aux élections locales. C’est aussi ce que répète à longueur de chroniques et sur tous les plateaux de télé, Caroline Fourest -qui sait bien prendre le pouls de l’opinion de gauche. Elle fut, elle aussi, applaudie longuement par les militants socialistes lors de la Convention sur l’égalité en décembre 2010 dans un discours habile, quoique entièrement hostile à la diversité et à la culture des français issus de l’immigration.


convention égalité Caroline Fourest par PartiSocialiste

Sur le droit de vote des étrangers, dont elle a déjà dit tout le mal qu’elle pensait dans Le Monde et sur France Inter, Caroline Fourest sera la boussole indiquant le Nord-Sarkozyste durant les semaines à venir.

Claude Guéant ne fait pas autre chose que de tester de telles idées pour le compte du président. D’ou sa sortie très millimétrée hier sur le fait que « toutes les civilisations ne se valent pas », et sa réponse ce dimanche matin sur RTL: « Notre civilisation nous y tenons. Nous refusons le communautarisme à la différence de la gauche ». Le thème de la vraie laïcité contre le communautarisme de François Hollande va être martelé dès l’entrée en campagne de Sarkozy avec une puissance extrême.

D’ailleurs, Sarkozy sait très bien que parmi les propositions de François Hollande, seule l’instauration du droit de vote des étrangers aux élections locales est majoritairement refusée par les Français: elle recueille 57 % d’opinions défavorables (contre 40 % de favorables). Il parie sur le fait que le nombre des personnes qui y sont favorables déclinera encore dès qu’il décrira concrètement ses conséquences. Il a trouvé le talon d’Achille de Hollande -il ne va plus cesser de le viser.

La culture Halal

A cette opposition frontale, le président ajoutera sans doute toute une série de critiques et d’exemples concrets qui viendront nourrir sa thèse: celles des étrangers qui ont voté pour le parti Ennahda (élections tunisiennes), celles des salles municipales ou des piscines réservées aux femmes voilées, et celle des cantines halal. Je pense même que le « halal » peut devenir pour Sarkozy un emblème, non pas simplement d’une mode alimentaire, mais de toute une culture (le mariage halal, le Quick halal, les mosquées, le voile, bref le halal de « la table au lit » comme dit Gilles Kepel etc.). Au propre, comme au figuré, Sarkozy va partir en guerre contre la France halal.

Peut-être évoquera-t-il d’ailleurs la question technique du non-étourdissement préalable des bêtes avant l’abattage, histoire de frapper aussi, si le sujet est monté en épingles, l’esprit des écologistes et des végétariens (il n’est pas anecdotique que des dossiers et émissions se multiplient depuis une année sur la « souffrance animale » et la barbarie de l’égorgement de bêtes non étourdies).

Autoriser le vote des étrangers aux élections municipales, c’est ouvrir, dira-t-il, la boîte de pandore des communautarismes, des replis identitaires, casser la République, abandonner notre laïcité et notre universalisme. Et il ajoutera quelques attaques sur la proposition mal comprise de François Hollande d’inscrire les principes de la loi de 1905 dans la Constitution (alors que ses principes y sont déjà via le « bloc de constitutionnalité », justement constitutionnalisé par le Conseil Constitutionnel dans sa décision historique de 1971, et alors qu’elle peut rouvrir la guerre religieuse en Alsace).

Tout cela se fera avec beaucoup de mauvaise foi. Car Nicolas Sarkozy a beaucoup varié sur ces questions. Il fut parfois favorable, avant 2007, au vote des étrangers aux élections locales et, plus clairement encore, favorable à la « discrimination politique » et aux statistiques ethniques. Mais le président n’en est plus à une contradiction près. Comme me le confiait Emmanuelle Mignon, « Sarkozy n’a pas de colonne vertébrale ».

L’islamisme au coeur de la campagne

Plus pervers, il est possible que Sarkozy attende aussi un évènement du type de celui de la gare du Nord pour lancer un vaste débat en France. Il peut également encourager ses lieutenants à s’en prendre à François Hollande et à son entourage sur toute compromission vis à vis de l’Islam. S’il trouve le moindre conseiller qui n’est pas tout à fait « casher », la moindre personne liée à des islamistes, il n’hésitera pas à faire d’un épiphénomène un sujet national.

Ainsi, des proches du président ont déjà « briefé » certains journalistes sur les liens supposés entre des proches conseillers de François Hollande et le Maroc.

Selon mes informations, les réseaux algériens du chef de l’État sont à l’origine de cette cabale et de ces rumeurs (François Hollande a prévu un voyage au Maroc et il pourrait faire l’objet de critiques à cette occasion). Une campagne sur ce registre est donc à prévoir, dans la même lignée que la campagne de rumeurs, totalement infondées, l’été dernier, à l’égard du mari « islamiste » de Martine Aubry. Cette campagne contre Jean-Louis Brochen, pourtant avocat catholique, d’origine bourgeoise, bretonne et symbole de la laïcité lilloise (il est contre le voile et plus encore contre la burqa), ont savamment été entretenues par l’Élysée et par un chef de l’État qui n’hésitait pas à évoquer lui-même « Martine et Martine », allusion sibylline à une légende hostile à un maure islamiste. Ici encore, c’est Caroline Fourest qui fut la principale responsable de la médiatisation de cette fausse rumeur…

Ce discours de rupture sur le vote des étrangers va profondément diviser les familles de gauche et, peut-être, rallier à Sarkozy des suffrages au centre et à l’extrême droite. Il y a dans parmi les intellectuels et les médias de gauche, de Elisabeth Badinter à Elisabeth de Fontenay, d’Alain Finkielkraut à Philippe Val, du Nouvel Observateur au Monde, de Marianne à France Inter de nombreux responsables ou journalistes qui pensent que l’Islam est un problème pour la France et qui assimilent l’islamisme au communisme, critiquant au passage l’aveuglement du reste de la gauche qui ne verrait pas monter ce péril vert -la couleur de l’Islam.

Mais l’objectif du président-sortant n’est pas seulement, en la matière, de convaincre la gauche: ce qu’il veut, c’est contraindre les électeurs du Front National à penser que François Hollande risque de faire émerger des quartiers, des arrondissements et peut-être même des villes islamistes en France. Son objectif est d’amener les électeurs du FN, bien qu’ils détestent Sarkozy, à détester plus encore Hollande et donc à finalement voter, contraints et forcés, pour le président-sortant au second tour. C’est ce que j’appellerais le drive -du nom du cattle drive, le déplacement du bétail dans l’Ouest américain, repris depuis comme une des techniques marketings des films hollywoodiens. On va conduire de force les électeurs du FN à voter Sarkozy au second tour avec ce chiffon rouge.

Qu’il aime ou pas cette stratégie que lui a vendue son conseiller Patrick Buisson, Nicolas Sarkozy n’a de toute façon pas d’autres choix que de faire la guerre s’il veut gagner. Et le vote des étrangers aux élections locales est probablement la dernière grande idée de campagne de ce président-sortant « embuisonné ».

Nicolas Sarkozy-Nixon

On a souvent comparé Sarkozy à Berlusconi et lui-même s’est flatté de reprendre à son compte les thèses sur la guerre culturelle du philosophe Gramsci. Et si le bon modèle n’était pas italien, mais américain? Non pas Reagan, ni même Bush, mais: Richard Nixon.

A cause de sa chute dans l’affaire du Watergate, le président américain Richard Nixon (1969-1974) reste un personnage méconnu en France. Il est associé à un anticommunisme viscéral, un antisémitisme et un racisme violents (quoique initialement cachés), et à une tendance gravement paranoïaque qui lui a fait surveiller tout le monde par sa police politique. Par bien des aspects, la proximité avec Sarkozy, sans forcer le trait, frappe. C’est vrai du cynisme politique extrême et de la paranoïa maladive (Nixon dans ses rapports au FBI puis dans l’affaire du Watergate, Sarkozy avec la DCRI du désormais célèbre Bernard Squarcini, dit « le Squale »). Vrai encore de la politique économique brouillonne, des paris diplomatiques les plus fous (Nixon pariait en Chine comme Sarkozy en Libye), et d’une absence confondante d’idéologie et de « colonne vertébrale » (on a oublié la phrase célèbre de Nixon : « Nous sommes tous keynesiens maintenant » -on dirait du Sarkozy). C’est vrai aussi de leurs rapports respectifs à la culture, caricaturalement middlebrow, c’est-à-dire ni vraiment populaire (low), ni élitiste (high) mais la culture de l’entre-deux, une culture moyenne pour deux hommes en quête de self-aggrandizement et de statut social, des hommes qui incarnent jusqu’à la caricature la culture du parvenu en quête d’un statut social -et donc culturel. Sans parler du double-jeu de leurs discours, des critiques violentes à l’égard de la presse et de tous les corps intermédiaires (les fonctionnaires, les magistrats, les diplomates, les hauts fonctionnaires). Et aussi l’amour de l’argent et des affaires (Nixon, comme Sarkozy, était un avocat d’affaires). La comparaison Nixon-Sarkozy est audacieuse, mais fonctionne. Mais au-delà de ces traits de caractère, ce rapport à la vérité, au pouvoir et à la culture, communs à Nixon et à Sarkozy, je vois une autre proximité: la stratégie électorale.

Sarkozy a déjà emprunté à Nixon, sans le savoir, l’une de ses principales techniques -et il va le faire à nouveau lors du lancement de sa candidature dans quelques jours. Cette technique, c’est celle de la Southern Strategy nixonienne. Elle consiste à reprendre les thèmes spécifiques des Blancs du Sud et leur vocabulaire raciste, sans bien sûr, apparaître comme raciste (Nixon parlait par exemple de welfare queens, sans citer précisément les Noirs comme profiteurs de l’Etat-Providence, mais le message était bien décrypté localement). Sarkozy a déjà utilisé cette technique à Grenoble durant l’été 2010 pour parler aux électeurs de Marine Le Pen. En s’en prenant aux Roms, une minorité peu influente électoralement en France, il a fait passer un message anti-étranger reçu 5/5 par l’extrême droite, sans pour autant trop stigmatiser les Français d’origine arabo-berbère qui existent eux, électoralement.

C’est cette technique qu’il va employer de nouveau avec le droit de vote des étrangers aux élections locales: il va défendre la République, la laïcité contre les communautarismes et la montée en puissance de toute une culture et un mode de vie halal. Et bien sûr, en pur cynique, il laissera Claude Guéant et sa droite dure faire le sale travail. Sarkozy pourra privilégier la partie positive du discours, qui sera assumé et public (comme l’attaque sur le droit de vote des étrangers), et laisser aux autres les attaques plus basses (sur le halal ou l’entourage marocain de François Hollande).

Sarkozy 2012: combien de divisions?

Dans tous les cas, après le président beauf et le chef de l’Etat représidentialisé, c’est un nouveau Sarkozy qui devrait apparaître dans les jours à venir. Un guerrier, un Sarkozy attrape-tout, celui d’un homme qui ne lâchera rien et sera prêt à tout, coûte que coûte, pour être réélu.

Et c’est alors qu’on risque de voir, à notre grande surprise -et peut-être trop tard-, apparaître la matrice du sarkozysme et sa cohérence d’ensemble: le système Sarkozy, sa machine à idées et de communication, et tous ses relais se mettre en marche ; les stratégies de communication du premier candidat « inculte » et du second président « cultivé » se rejoindre; la culture personnelle middlebrow de Nicolas Sarkozy s’élargir à ses deux extrêmes high et low pour embrasser tout le spectre culturel; le cynisme et même l’impudence, cette « offense à la bonne honte », comme modèle de comportement et de gestion des hommes porter ses fruits; et, progressivement, la mécanique électorale prendre tout son sens.

Sarkozy 2012: combien de divisions? Nous allons bientôt le savoir. Car en fin de compte, l’idéologie sarkozyste n’est que cela: une tentative de prendre ou de conserver le pouvoir par tous les moyens; l’absence totale d’idéologie et de « colonne vertébrale »; et, bientôt, la guerre culturelle.

Et si, en fin de compte, par hasard -et par malheur- il était réélu, je suis certain qu’il serait, une nouvelle fois, entre 2012 et 2017, le digne héritier de Nixon. Car son second mandat ne s’achèvera pas sans un Watergate.

Par Frédéric Martel, l’EXPRESS Article original

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