Judaïsme, christianisme et islam, trois religions nées d’une même souche, et qui ont entre elles un air de famille ; trois religions qui, parce qu’elles sont aujourd’hui au cœur des grandes questions sociétales et géopolitiques, façonnent notre monde. Extraits de Dieu, une enquête, sous la direction de Dionigi Albera et Katell Berthelot (Flammarion).
Le Mont du Temple ou/et esplanade des Mosquées à Jérusalem, au coeur des tensions entre musulmans et juifs, est à la fois un haut lieu de l’islam et un site sacré pour le judaïsme – Photo : Jean-David & Anne-Laure / Flickr cc.

Afin de combattre les idées reçues, une équipe internationale d’historiens et d’anthropologues des religions a mené l’enquête ; dans Dieu, une enquête, ils mettent à disposition de tous la pointe du savoir sur les trois grandes religions monothéistes. Du fervent pratiquant à l’athée convaincu, chacun y trouvera une précieuse source de connaissance et, surtout, matière à réflexion.


Extraits de Dieu, une enquête Article original, sous la direction de Dionigi Albera et Katell Berthelot (Flammarion – 2 octobre 2013)

Séparant le monde en deux grands territoires, la religion musulmane distingue la terre de l’islam (dâr al-islâm) de celle de l’impiété (dâr al-kufr) synonyme de territoire de guerre (dâr al-harb), qui légitime le jihâd. Le mot dâr évoque à la fois la maison, la demeure, le pays mais aussi le lieu, le territoire, la terre. Louis Gardet, dans La Cité musulmane, nous invite, à juste titre, à le rapprocher du sens théologique que donne le christianisme au mot « monde ». Pour rendre cette différenciation compréhensible à un esprit occidental, A. Morabia la rapporte à la distinction romaine entre l’ager romanus et l’ager hosticus, les terres romaines et celles ennemies. Cette maison de l’impiété englobait, au début de l’islam, toutes les terres où l’islam ne pouvait être officiellement pratiqué.

Dâr al-islâm est constitué par l’ensemble du territoire habité par une majorité de fidèles musulmans et régi par la loi de l’islam. Les fidèles d’autres religions peuvent y vivre à condition d’admettre la suprématie de la loi musulmane. Si dans la conception classique, dâr al-islâm s’oppose à dâr al-harb, le territoire du combat, les évolutions historiques vont faire admettre à l’islam la cohabitation et pousser les penseurs musulmans à élaborer d’autres dénominations. Ainsi à l’occasion, évoque-t-on dâr al-‘ahd, territoire du pacte, une notion théorisée par le cadi et auteur du livre des conduites, Kitâb al-siyar al-kabîr, Muhammad Ibn al-Hassan al-Shaybânî (mort 185 h/805 après J.-C). D’autres territoires transitoires existent également, comme le dâr al-hudna, territoire de la trêve ex : Gaza »>Article original. Jadis, après la signature d’un pacte, les habitants de ces territoires n’étaient pas combattus mais devaient payer un impôt foncier (al-kharaj) moins lourd que celui de la capitation (al-jizya) exigé en général des non-musulmans. Les bénéficiaires d’un tel pacte restaient cependant toujours, d’une certaine manière, en instance d’islamisation .

Les défis auxquels se trouve confronté l’islam contemporain, dans ses diverses configurations, aussi bien à l’intérieur de ses territoires traditionnels qu’ailleurs, poussent ses doctrinaires à revisiter des notions depuis longtemps inusitées pour les réadapter à des réalités inédites. De nouvelles catégorisations sont ainsi venues ultérieurement bousculer la partition binaire des territoires. Désormais, les militants islamiques vivant hors des territoires de l’Islam parlent de trois territoires. À la traditionnelle dyade dâr al-islâm/ dâr al-harb est venue s’ajouter la maison de la prédication dâr ad-da‘wa, ou territoire de mission.

À l’intérieur du dâr al-islâm même, territoire accessible à tous ceux – musulmans et non-musulmans – qui ont accepté la loi islamique comme loi principale, certains endroits demeurent, néanmoins, exclusivement réservés aux musulmans et formellement interdits aux autres, quelquefois sous peine de mort. Ainsi en est-il des deux lieux saints de l’islam, La Mecque et Médine, et de leurs périmètres sacrés. Un autre lieu, al-haram al-sharîf, « le noble sanctuaire », situé dans la partie sud-est de l’actuelle vieille ville de Jérusalem, est considéré comme le troisième lieu saint de l’islam, thâlith al-haramayn . Il s’agit d’une vaste plate-forme trapézoïdale, appelée l’Esplanade des mosquées, qui comprend le Dôme du Rocher (qubba al-sakhrâ) et la mosquée al-Aqsâ. Ce lieu doit son caractère sacré, aux yeux des musulmans, à un événement majeur : l’ascension (al mi‘râj) du prophète vers les cieux.

À ces lieux sacrés sont venus s’en ajouter, dans plusieurs parties de dâr al-islâm, d’autres qui, le plus souvent, sont des lieux de sépulture devenus objet de pèlerinage. Ainsi en est-il de tous ces mashhad-s du monde shiite, qui désignent la sépulture d’un saint ou d’un martyr. Le premier et le plus prestigieux est celui de ‘Alî, calife et premier imâm des shiites : le mashhad ‘Alî. Les shiites considèrent plusieurs sépultures comme lieux saints, également interdits aux non-musulmans, tels les « saints tombeaux » dans les villes de Karbala, Nadjaf, Kazimin, Samarra et Bagdad.

Ces espaces réservés aux musulmans continuent à être à l’origine d’insurrections et d’affrontements sanglants. En autorisant une armée non musulmane, en l’occurrence l’armée américaine, à s’installer sur les terres de l’Arabie Saoudite lors de la guerre du Golfe en 1990, le régime saoudien est accusé par les puristes d’avoir transgressé la règle défendant aux non-musulmans de fouler les lieux saints de l’islam. Rappelons encore l’épisode de la guerre israélo-palestinienne déclenché par la visite de Sharon, le 28 septembre 2000, à l’Esplanade des mosquées. Quelquefois, ces territoires exclusifs provoquent des affrontements entre les musulmans eux-mêmes, par exemple entre shiites et sunnites.

jolpress.com Article original

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ramsesde45

Le Judaïsme et la Chrétienté sont les seuls a avoir comme souche la Sainte Bible mais pas du tout l’islam. Arrêter de mettre l’islam à la même sauce car eux sont issus des Sumériens en Mésopotamie bien avant Abraham, Mahomet a fabriqué une religion-politique en mélangeant des souches païennes et Biblique pour favoriser sa pédophilie, son immoralité en se désignant le prophète annoncé par Jean le baptiste en prenant une partie du verset comme dans toute la Bible seulement les passages choisis pour affirmer ses dires. Atatürk disait en son temps : « l’islam est une religion inventé de toute pièce par un bédouin immoral ».

Les musulmans disent qu’a la fin du coran JÉSUS revient sur les nuées des cieux mais pour qui revient-IL, pas pour les musulmans puissent que JÉSUS n’est pas le Fils de DIEU et comment ce serait Lui et pas Mahomet ??? Pour revenir avec toute la Puissance Divine JÉSUS ne revient que pour les Chrétiens pour ceux qui le reconnaissent Fils et Sauveur, pas les autres.