Nous formons une assemblée de 26 membres appelée communément Conseil du Consistoire dont la vocation première est de développer et d’organiser la vie religieuse des communautés juives de Paris et de la région francilienne. Et, pour mener à bien cette honorable mission, la qualité première exigée de chacun de ses membres est celle de la loyauté ou de la fiabilité, sans laquelle aucune vie commune entre nous ne serait possible.

C’est à l’aune des évènements consistoriaux que sont mises à l’épreuve les qualités de loyauté et de fiabilité. Nous vivons un épisode important de la vie consistoriale qui est celle de l’élection du Grand Rabbin de Paris et de l’Île-de-France. Conformément aux règles statutaires du Consistoire de Paris, c’est un collège électoral de 45 grands électeurs composé des 26 membres du Conseil, de 10 présidents de communautés et de 9 rabbins élus par leurs pairs qui élira le futur Grand Rabbin de Paris.

À l’occasion de la préparation de l’élection des grands électeurs présidents de communautés que des irrégularités auraient été commises affectant le résultat de ce scrutin.

Nombreux étaient les membres du Conseil qui n’ont pas été invités à assister à cette opération électorale fort importante. Plus grave, la Secrétaire-Rapporteur dont la mission est de faire le rapport de tous les évènements a fortiori exceptionnels de la vie du Consistoire a été écartée, car le Président de la Commission juridique était présent.

C’est dans ce contexte «sous influence» dénoncé par un dirigeant imminent d’une communauté importante que se sont déroulées ces élections.

Tout naturellement, à l’instar de toutes les associations furent-elles cultuelles, le Conseil d’Administration aurait dû être convoqué en session extraordinaire pour se prononcer sur la validation de l’élection des « présidents électeurs », et des « rabbins électeurs ». La réponse fut la convocation d’un bureau qui est une instance non décisionnelle. Est-il nécessaire de rappeler que le Conseil d’Administration est l’organe souverain dans une association et qui est comptable de son bon fonctionnement? Une fois de plus, des administrateurs sont interdits de parole par le fait du prince qui les considère comme de « la piétaille ».

D’aucuns ont justement suggéré la saisine du Consistoire Central. Riche idée. Mais le Président du Central n’est-il pas celui de Paris ? Les dés sont encore pipés. Or, quand on clame « urbi et orbi » que l’on est le preux chevalier des juifs et de la communauté, on ne se conduit pas en « monarque » cumulant les mandats. Ainsi, la voie du Central nous est aussi fermée. Où trouvons-nous, des systèmes verrouillés ? Dans les pays ou institutions agissant « sans foi, ni loi ».

Puisque les consistoires sont claquemurés, nous nous tournons naturellement vers le Beth Din de Paris pour lui soumettre notre dossier. Nouvel obstacle. Un des juges permanents est aussi candidat au poste du Grand Rabbin de Paris. Nous sommes assurément dans une situation inextricable. Ubuesque. Les Consistoires seraient-ils devenus des zones de non-droit.

Vous vous dites, c’est cauchemardesque, hallucinant. Et, plus encore, quand il nous est opposé des arguments de droit dérisoires pour ne pas dire spécieux. Lesquels ?

On nous opposait l’usage ou la coutume. Lors des précédentes élections du Grand Rabbin de Paris, le Conseil d’Administration du Consistoire ne les a jamais validées. Peut-être. Or, l’usage ou la coutume a-t-elle pour fonctions de couvrir des irrégularités ? Le bon sens nous dit que l’usage est inapplicable lorsqu’il existe un risque de préjudice, en l’espèce, des sérieuses présomptions d’influence sur les électeurs.

Puis, « la cerise sur le gâteau », il a été proposé aux quatre rabbins candidats de signer un communiqué aux termes duquel ils affirment avoir été élus par un collège électoral «valablement constitué». Pourquoi un tel communiqué ? Pourquoi le faire certifier par des candidats alors qu’ils sont étrangers à la préparation desdites élections, alors qu’ils ne sont pas habilités à les valider ? Le Consistoire est-il devenu une institution bananière au point de le dénuder de ses valeurs les plus élémentaires ? Et, pour donner plus de crédit à ce communiqué, on l’affiche sur la newsletter du Consistoire en l’érigeant comme information crédible.

Ces manœuvres ont pour but de dissimuler des faits inavouables. Il est regrettable de dire et d’écrire que de tels comportements ne se voient que dans des pays ou des institutions agissent «sans foi, ni loi» Dommage pour notre Consistoire dont la respectabilité est encore gravement mise à mal.

Je conclurais en soulignant que le principe d’égalité entre les candidats est violé de façon continue. Comment peut-on accepter qu’un candidat au poste de Grand Rabbin de Paris, demeure à son poste d’intérimaire. La décence la plus élémentaire eut voulu que lui-même démissionnât. Là encore, l’éthique juive est bafouée par ceux qui sont censés l’incarner, l’exprimer et la défendre.

Il est encore temps de réparer ces flagrants dysfonctionnements et de rappeler à leurs initiateurs que de tels dévoiements discréditent le Consistoire à Paris et le Grand Rabbinat de Paris.

André BENAYOUN
Vice-Président du Consistoire de Paris et d’Île-de-France

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DANIELLE

Continuez comme cela, vous finirez bien par vous entendre quand Marine sera au pouvoir, et là ce sera irréversible.
Chez nous les Juifs, le partage connais pas, c’est tout ou rien.
Prions ensemble pour que la raison nous revienne.
Vanité des vanités, tout est vanité.
Salomon.