EGYPTE Le nouveau pouvoir veut en finir avec la contestation des islamistes.

Au moins 65 personnes ont péri et 269 ont été blessés samedi au Caire dans des heurts entre forces de l’ordre et partisans du président déchu Mohamed Morsi, les plus meurtriers depuis sa chute, a indiqué le ministère égyptien de la Santé.

Les deux camps se sont rejeté la responsabilité des violences, qui ont aussi fait 9 morts vendredi à Alexandrie (nord) et aggravé la division du pays où plus de 250 personnes au total ont perdu la vie en un mois de graves troubles politiques.
Un journaliste de l’AFP a compté le matin 37 morts dans un hôpital de campagne des islamistes. Selon des médecins de cet hôpital de campagne, tous les morts ont été touchés par balles. La police a fait état d’une cinquantaine de blessés dans ses rangs, certains par balles.

Les affrontements ont eu lieu, quelques heures après des manifestations massives rivales vendredi des partisans de l’armée et des Frères musulmans, la formation de M. Morsi.

Des pro-Morsi partis de leur campement à la mosquée Rabaa al-Adawiya (nord-est du Caire) ont tenté de bloquer la circulation à un pont routier sur la voie de l’aéroport et se sont heurtés aux riverains d’un quartier voisin, selon le porte-parole du ministère de l’Intérieur.

La police est intervenue pour s’interposer et n’a « utilisé que du gaz lacrymogène », a-t-il dit laissant entendre que les dizaines de morts avaient été tués par des habitants des environs.

Les pro-Morsi en revanche ont mis en cause des « policiers en uniforme agissant au côté d’hommes de main », tirant à balles réelles et de la chevrotine.



A Alexandrie, deuxième ville du pays, les affrontements meurtriers ont opposé partisans et adversaires du président déchu.

Samedi soir, les milliers de pro-Morsi qui campent à Rabaa al-Adawiya ont rompu le jeûne du ramadan dans le calme en s’apprêtant à passer une nouvelle nuit sur place. Ils ont déployé des banderoles avec le mot « Pacifique ».

Le pouvoir veut en finir avec la contestation
Faisant redouter de nouveaux heurts sanglants, le ministre de l’Intérieur Mohamed Ibrahim a annoncé la dispersion « très prochaine » des deux campements au Caire où se sont installées des milliers de partisans de M. Morsi depuis son renversement.
Il a promis une intervention « dans le cadre de la loi » et « le moins de pertes possible », mais a appelé les protestataires à quitter les lieux d’eux-mêmes « pour éviter que le sang ne coule ».
Pour le porte-parole de l’Intérieur, la réponse massive à l’appel du chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, à manifester vendredi pour lui donner « mandat d’en finir avec le terrorisme » démontre que le peuple « souhaite la stabilisation du pays sous la protection de l’armée et la police ».

Mais les partisans de M. Morsi voient dans ces violences le résultat direct du discours du général Sissi, maître d’œuvre du renversement du premier président d’Égypte élu démocratiquement.
« De telles déclarations de Sissi incitent à la violence et à la haine et servent à couvrir les crimes haineux de l’armée et de la police », ont-ils accusé. A Rabaa al-Adawiya, des jeunes islamistes portant casque et gourdins scandaient « Sissi assassin ».
« Le général Sissi est l’homme fort du nouveau régime », souligne Moustafa Kamel el-Sayyed, professeur de science politique à l’Université du Caire, ajoutant qu’il « jouit du soutien d’une grande partie de la population en raison de son action contre les Frères musulmans ».

Inquiétudes

La plus haute autorité musulmane d’Égypte, l’imam d’al-Azhar cheikh Ahmed al-Tayeb, a demandé une « enquête urgente » sur ces violences, et le vice-président du pouvoir de transition, le Prix Nobel de la Paix Mohamed ElBaradei, a « condamné le recours excessif à la force ».
Le Front du salut national (FSN), principale coalition politique de gauche et libérale laïque, a exprimé sa « tristesse » après les violences meurtrières, mais a dénoncé « l’attitude provocatrice » des Frères musulmans.

Les Etats-Unis, par la voix de leur secrétaire d’Etat John Kerry, se sont dits « très inquiets » après « l’explosion de violence » en Egypte où plus de 250 personnes au total ont perdu la vie en un mois.
De son côté, Ankara a condamné les violences, appelant à un transfert du pouvoir à une « direction démocratique », tout comme la représentante diplomatique de l’Union européenne Catherine Ahston.
Londres a « condamné » l’usage de la force contre les manifestants », et Paris a appelé « toutes les parties, et notamment l’armée, à la plus grande retenue ». Berlin a demandé aux nouvelles autorités de « tout faire pour éviter d’autres dérapages ».

Arguant que M. Morsi ne pouvait régler la grave crise politique secouant le pays depuis son élection en juin 2012, l’armée l’a déposé le 3 juillet et a nommé un président civil intérimaire pour conduire la transition avant la tenue de législatives, en principe début 2014, puis d’une présidentielle.
Les Frères musulmans dénoncent un « coup d’État » et assurent vouloir défendre la « légitimité » du président élu.

lorientlejour.com Article original

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