A défaut de hauteur, les dérapages de Taro Aso donnent à la politique japonaise un peu de piquant. « La Constitution de l’Allemagne de Weimar a été discrètement remplacée par la Constitution de l’Allemagne nazie : pourquoi ne pas s’inspirer de leur tactique ? », a lancé le vice-premier ministre japonais lors d’un débat organisé, lundi 29 juillet, par l’Institut japonais pour les fondamentaux nationaux (JINF). Le JINF, organisme de réflexion ultraconservateur, milite pour la révision de la Constitution nippone, un projet également défendu par l’administration actuelle du premier ministre Shinzo Abe.

Le vice-premier ministre japonais Taro Aso en juin 2013 | AFP/TORU YAMANAKA

Le Centre Simon Wiesenthal a immédiatement réagi. Le 30 juillet, l’organisme basé à Los Angeles a exhorté l’actuel vice-premier ministre et ministre des finances, ex-chef de gouvernement et vieux routier des cabinets nippons, à s’expliquer sur ce qu’il entendait par les « techniques employées » par les nazis.

Pressé de toutes parts, le ministre s’est excusé publiquement, jeudi. « Il est regrettable que mes remarques sur l’administration nazie aient conduit à un malentendu, ce qui n’était pas mon intention », a expliqué M. Aso dans un communiqué lu devant la presse. « Il est évident, et mes propos dans leur intégralité le montrent, que je porte un jugement extrêmement négatif sur les nazis et leur rapport à la Constitution de Weimar. Mais puisque cet exemple a entraîné un malentendu, je voudrais retirer la référence au régime nazi », a-t-il ajouté.

« HEUREUSEMENT, NOUS AVONS LA PEAU JAUNE »

La référence au régime d’Adolf Hitler avait également fait réagir la Corée du Sud. Ces remarques « affectent beaucoup de gens », a déclaré le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Cho Tai-Young, qui a appelé les dirigeants japonais à « mesurer leurs propos ». La nouvelle gaffe de M. Aso s’ajoute à une liste déjà longue, où la référence au nazisme n’est pas absente. Dans un entretien du 4 août 2008 avec Satsuki Eda, à l’époque président du Sénat et membre du Parti démocrate du Japon (PDJ, centre-gauche), il avait assené : « Est-ce que le PDJ veut vraiment prendre le pouvoir ? (…) En Allemagne, il fut un temps où le peuple avait choisi de donner le pouvoir aux nazis. »

Dans la même veine, alors ministre des affaires étrangères en 2006-2007, il avait déclaré : « Le Japon fait au Proche-Orient ce que les Etats-Unis ne peuvent pas faire. Si nous avions des cheveux blonds et des yeux bleus, ça ne marcherait peut-être pas. Heureusement, nous avons la peau jaune. » En 2001, il avait souhaité faire du Japon « un pays où les juifs riches et autres étrangers aisés aimeraient vivre ».

Son retour au pouvoir aux côtés de M. Abe en décembre 2012 n’a pas ralenti le rythme. Il a déjà estimé que les personnes âgées feraient mieux de mourir plutôt que de recourir à des traitements onéreux financés par les contribuables. Et puis, a-t-il récemment expliqué, si les banques japonaises ont été épargnées par la crise de 2008, ce n’est pas parce que les banquiers sont compétents… mais parce qu’ils parlent mal l’anglais et n’ont rien compris au système des crédits hypothécaires à risque.

Philippe Mesmer (Tokyo, correspondant) Le Monde. Article original

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Armand Maruani

{{ » Heureusement, nous avons la peau jaune  »

Il se prend pour un poulet de Bresse ?

Une chose est certaine , il n’est pas Cacher Beth Din .

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Tobar

On devrait l’enfourner comme un poulet sauce yakitori. Ça le rapprochera un peu plus de ses idées de sale merdeux de niakwe nazi.