La cour d’assises spéciale de Paris a condamné jeudi à 30 ans de réclusion criminelle trois membres de l’organisation palestinienne Fatah-CR du défunt Abou Nidal, jugés en leur absence, 23 ans après l’attaque du bateau grec City of Poros qui fit neuf morts.

Cette condamnation est la toute première, la Grèce n’ayant jamais organisé de procès pour cet attentat commis au large d’Athènes.

La cour d’assises spéciale de Paris a condamné jeudi à 30 ans de réclusion criminelle trois membres de l’organisation palestinienne Fatah-CR du défunt Abou Nidal, jugés en leur absence, 23 ans après l’attaque du bateau grec City of Poros qui fit neuf morts. ( © AFP photo AFP)

Au nom des nombreuses victimes qu’il représentait, l’avocat Francis Szpiner s’est « réjoui » de cette condamnation: « Le message, c’est que la justice de France ne renonce jamais à condamner ceux qui commettent des actes de terrorisme ».

Les sept magistrats qui formaient la cour ont suivi les réquisitions du parquet général en prononçant la peine maximale encourue, 30 ans, pour chacun des trois accusés.

Le tireur, photographié sur le bateau et reconnu par une trentaine de témoins, a été condamné sous l’identité incertaine d’Adnan Sojod, prétendument libanais tout comme Abdul Hamid Amoud, jugé complice.

La cour a aussi condamné pour « complicité » un ancien haut responsable du Fatah-CR que l’accusation considère comme l’organisateur de A à Z de l’attaque: Samir Mohamed Ahmed Khaidir, alias Jaballa, alias Raphael ou Rouphael, né en 1951 à Naplouse (Jordanie, actuellement territoire occupé de Cisjordanie).

Leurs éventuels décès avaient été évoqués durant le procès sans qu’aucune preuve en soit apportée. S’ils étaient arrêtés un jour, un nouveau procès aurait lieu.

Le 11 juillet 1988, après une journée en mer, le navire City of Poros rentre vers Athènes, avec des centaines de touristes à bord. Soudain, un jeune homme qui avait visité les îles avec les autres sort « un pistolet-mitrailleur de son gros sac bleu et commence à tirer, au jugé », a relaté l’avocat général Olivier Bray. « Il lance une grenade sur le pont du dessous, change de chargeur et +arrose+ à nouveau de balles la foule, puis lance une bombe incendiaire ».

Neuf personnes sont tuées dont trois Français: deux étudiants, Laurent Vigneron et Annie Audejean, qui s’apprêtaient à fêter leurs fiançailles et une secrétaire de 21 ans, Isabelle Bismuth qui s’était trouvée à jouer aux cartes avec le tireur.

L’enquête grecque va être « bâclée et honteuse », selon l’avocate Constance Debré, les autorités grecques accusant aussitôt deux victimes françaises: Isabelle Bismuth, présentée comme complice, et Laurent Vigneron, soupçonné d’avoir été le tireur alors qu’il avait pris deux balles dans le dos.

Des « accusations détestables, sans fondement », a dit l’avocat général selon lequel les « policiers du Pirée gardèrent, volontairement, cette fausse piste » pendant neuf mois.

Me Szpiner avait souhaité que l’avocat général « condamne fermement l’infamie commise par les autorités grecques » et « reconnaisse le dysfonctionnement de la justice française par la longueur de la procédure », cinq parties civiles étant décédées avant la tenue du procès.

M. Brai a répondu : En tant que magistrat, « je n’ai pas d’excuses à présenter pour le gouvernement grec (de l’époque), pour l’attitude inqualifiable des policiers du Pirée, pour l’indifférence qui était peut-être celle des autorités françaises au retour des victimes. (…) Mais qu’on mette 23 ans pour juger des faits, c’est inadmissible ».

Après le verdict, la mère d’une victime, Christiane Vigneron, 70 ans, semblait désabusée: « Ça a quelque chose d’abstrait, ça ne correspond pas à grand chose ». Et elle ne comprenait toujours pas pourquoi l’Etat français avait laissé Athènes accuser son fils, sans jamais démentir publiquement: « Ça, pour moi, c’est resté ».

© 2012 AFP

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