Si les printemps sont arabes il y a de fortes chances que l’hiver soit russe. En effet, profitant de la faiblesse endémique du gouvernement américain et de sa politique d’abandon stratégique de toutes les pièces maîtresses de l’échiquier géopolitique au Proche-Orient, Poutine replace petit à petit ses pions.

En moins de cinq ans, les Américains sont en train de perdre leurs principaux alliés et mettent en danger des équilibres délicats, fruits de longues années d’efforts diplomatiques. L’Egypte, clé de voûte de la diplomatie américaine mise en œuvre au Proche-Orient par Henry Kissinger, au lendemain de la guerre de Kippour, est en train de revenir dans le giron de Mère Russie, dont l’intransigeance politique à l’égard des islamistes a de quoi séduire le pouvoir militaire égyptien, qui ne comprend guère le soutien tacite d’Obama aux Frères musulmans et les mesures de restriction à son égard. Comme à leur habitude, les Russes n’ont pas perdu de temps et hier le ministre des Affaires Etrangères Lavrov et le ministre de la Défense Serguei Shoigu sont arrivés au Caire pour signer un accord de fourniture d’armes avec l’armée égyptienne.

Ce contrat, dont on ne connaît pas tout le contenu, comprend, dans la partie annoncée publiquement, la livraison de missiles anti-aériens, de missiles terre-terre et d’armes sophistiquées destinées notamment à la lutte contre le terrorisme dans le Sinaï et à la défense des côtes égyptiennes dans la Mer rouge contre la livraison d’armes vers les groupes d’Al Qaida.

Par extension, ces armes protègeront l’Arabie Saoudite, qui a donné son aval préalable, puisqu’elle a décidé de prêter ou donner près de 4 milliards de dollars pour financer ces projets. Les Russes ont également annoncé la création d’une base navale en Méditerranée, à proximité des côtes égyptiennes, qui servira de relais en cas de danger pour les intérêts de la Russie et de ses alliés dans la région. Selon certaines sources, plus de 1500 « techniciens » russes devraient s’installer en Egypte d’ici juin 2014. Cet accord permettra surtout à la marine russe d’avoir un accès direct au Golfe persique, dont on connaît l’importance stratégique. Obama et Kerry, pendant ce temps, se concentrent sur deux sujets : le nombre de logements qu’Israël construit au-delà de la ligne verte et l’avancement de la négociation avec l’Iran qui lui permettrait de lever les sanctions économiques.

La semaine dernière, John Kerry s’est rendu en Egypte pour essayer de renouer des liens avec le général El Sissi, en proposant de réitérer l’accord d’aide américaine à hauteur d’1.3 milliard de dollars, à condition qu’il annule l’accord avec les Russes, mais le dirigeant égyptien a, semble-t-il, rejeté l’offre des Américains et confirmé l’accord avec les représentants du Kremlin. Washington a toujours refusé de fournir aux Egyptiens des missiles longue portée, qu’ils achètent maintenant à Moscou. C’est dur pour nos amis américains de subir ainsi la loi du marché, surtout venant de la part d’un ancien agent du KGB.

Michaël Bar-Zvi Yod Alef Kislev 5774 Chronique du 14 novembre 2013

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