Après la chute de Baba Amr, la crainte des représailles

Le Haut commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a appelé vendredi les autorités syriennes à ne pas exercer de « représailles, de torture, de détention arbitraire » dans le quartier de Baba Amr de la ville de Homs, indiquant avoir reçu des informations non confirmées de 17 exécutions sommaires.

Rupert Colville, porte-parole du Haut commissariat, a rappelé à Damas ses « responsabilités » au regard du droit international en matière des droits de l’homme.

Bombardée et assiégée depuis le 4 février par les forces du régime, Baba Amr est tombé hier après-midi.

Hier, le Conseil national syrien (CSN), la principale coalition de l’opposition, avait déjà appelé la communauté internationale à prévenir un éventuel « massacre » après la prise de Baba Amr.

Ce matin, un convoi de sept camions du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et du Croissant-Rouge syrien (CRAS) était en route pour Homs avec de la nourriture, des médicaments, des couvertures, et du lait pour bébé notamment.

La ville de Homs (centre) est à la pointe de la contestation en Syrie où depuis bientôt un an une révolte est réprimée dans le sang.

Baba Amr était depuis un mois totalement coupé du monde, sans électricité, sans nourriture et sans moyens de communications, selon les militants.

Malgré la chute de Baba Amr, les militants anti-régime ne désarment pas.

Vendredi, ils ont appelé à manifester pour réclamer que l’Armée syrienne libre (ASL), qui compte une vingtaine de milliers de déserteurs, puisse recevoir des armes de l’étranger.

Celle-ci, qui compte une vingtaine de milliers de déserteurs, fait face à l’armée syrienne.

« Le Vendredi de l’armement de l’Armée syrienne libre … pour défendre nos familles », lit-on sur la page Facebook « The Syrian Revolution 2011 », qui choisit le slogan des manifestations organisées après la prière chaque vendredi depuis l’éclatement de la révolte en mars 2011.

Hier, le chef du CNS a annoncé que l’opposition, via un « bureau militaire » créé mercredi, veut organiser l’approvisionnement en armes de l’opposition.

Devant la paralysie de la communauté internationale, le CNS avait déjà appelé hommes d’affaires syriens et arabes à financer les opérations rebelles, puis avait commencé à évoquer la possibilité de livraisons d’armes.

Des pays, comme le Qatar, ont déjà indiqué qu’ils y étaient prêts.

Le Parlement koweïtien a appelé jeudi à armer l’opposition syrienne. Les Etats-unis, eux, redoutent que des armes ne tombent entre les mains d’éléments extrémistes comme el-Qaëda.

Des combattants de l’ASL ont par ailleurs affirmé à un journaliste de l’AFP présent près de Homs avoir intercepté des conversations sur les canaux radio de l’armée syrienne dans lesquelles certaines unités communiquent en farsi et a estimé qu’il s’agissait de la preuve que des Iraniens combattent aux côtés de l’armée syrienne.

Ces communications en farsi ont été entendues par le journaliste de l’AFP.

Dans une interview accordée hier au quotidien panarabe Acharq al Awsat, le général Houssam Awak, chef des opérations de l’ASL, a affirmé jeudi qu’une brigade de l’armée iranienne et des unités du Hezbollah aident le régime syrien dans la répression de la contestation.

Sur la scène internationale, le Premier ministre britannique David Cameron a dénoncé vendredi la situation « effroyable » en Syrie et prévenu que le régime « criminel » du président Bachar el-Assad serait un jour tenu pour responsable des violences et de la répression des contestataires.

La France s’est prononcée cette semaine en faveur d’une saisine de la justice internationale pour sanctionner la répression en Syrie mais il faudrait pour cela un feu vert du Conseil de sécurité de l’ONU où Damas bénéficie du soutien de la Russie et des Chinois.

Vladimir Poutine a, de son côté, affirmé que la Russie n’a « aucune relation particulière avec la Syrie », et justifié le veto de son pays aux propositions occidentales par une position de principe face à une situation de « guerre civile », dans une interview à des médias étrangers publiée vendredi.

Réunis à Bruxelles, les dirigeants européens ont aussi indiqué vouloir faire en sorte que les responsables des violences contre les civils « répondent de leurs actes », selon le projet de déclaration finale de leur sommet obtenu par l’AFP. Ils disent également vouloir préparer de nouvelles « sanctions ciblées » à l’encontre du régime de Bachar el-Assad.

Les violences ont fait plus de 7.500 morts en Syrie, selon l’ONU.

Parallèlement, les journalistes Edith Bouvier et William Daniels, évacués de Homs jeudi soir vers le Liban et actuellement à Beyrouth où ils sont « en observation » à l’hôpital Hôtel Dieu.

Ils devraient rentrer à Paris aujourd’hui s’ils obtiennent le feu vert des médecins, a indiqué Paris.

Edith Bouvier a été grièvement blessée à la jambe le 22 février lors d’un bombardement à Homs qui a coûté la vie à la journaliste du Sunday Times Marie Colvin et au photographe français RémiOchlik.

Les deux journalistes ont été enterrés en Syrie.

OLJ/Agences |

Vendredi 02/03/2012

http://www.lorientlejour.com/category/%C3%80+La+Une/article/747868/Apres_la_chute_de_Baba_Amr%2C_la_crainte_des_represailles.html

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