L’opposition syrienne vient de recevoir un soutien d’un fort poids symbolique : le successeur d’Oussama ben Laden à la tête d’al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri.

Ce dernier s’est fendu d’un message vidéo de huit minutes – diffusé ces jours-ci sur un certain ombre de sites islamistes radicaux -, dans lequel il fustige les « crimes » commis par le régime syrien contre son peuple, et assure celui-ci du soutien plein et entier d’al-Qaïda à sa lutte. Al-Zawahiri ne précise pas les modalités pratiques de cette aide à la révolte, mais depuis un mois la Syrie a connu ses premiers attentats à la voiture piégée, sur un modèle éprouvé durement par l’Irak voisin, confronté depuis des années à un terrorisme sunnite radical inspiré très fort de l’esprit et des méthodes d’al-Qaïda, qui vise les chiites irakiens bien plus que les soldats américains.

Et le ministre adjoint de l’Intérieur irakien, Adnane al-Assadi, a affirmé à l’AFP, samedi 11 février, qu’il avait la preuve qu’ »un certain nombre » de djihadistes étaient passés en Syrie à partir de l’Irak, avec armes et bagages.

Dans son message, intitulé sobrement « En avant les lions de Syrie !« , al-Zawahiri exhorte les musulmans de Turquie, de Jordanie et du Liban à soutenir la révolte de leurs frères syriens. Toutefois, le chef d’al-Qaïda confond dans une même opprobre le régime de Damas et ses ennemis occidentaux et arabes, qu’il soupçonne de vouloir mettre en place en Syrie un régime conforme à leurs intérêts – c’était déjà le sens d’un premier message du chef d’al-Qaïda en juillet dernier (voir notre article « Al-Qaïda rejoint – avec réserves – la coalition américano-euro-séoudienne !« , mis en ligne le 29 juillet) : voilà qui dégage certes une base d’accord minimum entre Infosyrie et al-Qaïda ! C’est de toute façon une constante américaine de jouer avec le feu, et de s’appuyer sur le fondamentalisme le plus rétrograde – Arabie Séoudite, Qatar – ou le plus agressif – CNT libyen, al-Qaïda – pour détruire, diviser, affaiblir tout ce qui, dans le monde arabo-musulman, leur résiste géopolitiquement. De ce point de vue, les disciples de ben Laden sont les alliés, ponctuels mais objectifs, des Etats-Unis et d’Israël.

Février 2011 : le roi Abdallah de Jordanie ouvre sa porte aux Frères musulmans locaux : il n’a pu, depuis, la refermer…

Puisque nous en sommes au chapitre « Guerre sainte » contre la Syrie telle qu’elle et, restons-y avec cet appel au djihad en Syrie lancé par les Frères musulmans jordaniens ce week-end, quelques heures seulement après la diffusion de la vidéo d’al-Zawahiri où celui-ci appelait les sunnites jordaniens à participer à la lutte contre Bachar ! Pour la confrérie jordanienne des « Frères », le soutien actif à l’opposition radicale syrienne est un »devoir islamique ». Or, les Frères musulmans pèsent d’un poids politique de plus en plus lourd en Jordanie : maintenus longtemps à distance par le roi Abdallah, – ils occupaient 20 des 84 sièges du Parlement d’Amman jusqu’en 2009 – ils ont été reçus officiellement pour la première fois voici tout juste un an par le souverain hachémite, lui aussi confronté à un certain mécontentement intérieur. Dans un communiqué publié à l’issue de cette rencontre, le roi avait affirmé sa volonté de travailler avec les Frères musulmans afin d’ »appuyer les réformes politiques« . Entre-temps, Abdallah de Jordanie est devenu l’otage des Frères qu’il avait jusqu’ici plutôt réprimés, et son opposition à Damas s’explique autant par cette pression intérieure que par celles de l’extérieur, américaines, séoudiennes et qataries. Ce n’est certes pas une bonne nouvelle pour la Syrie, mais à terme, cela n’annonce rien de bon non plus pour les Américains et leur protégé régional privilégié : un des grands griefs des Frères musulmans de Jordanie contre le gouvernement royal, c’est le traité de paix signé avec Israël.

Tourner Damas – et Téhéran – par le Liban

Plus inquiétants encore, non pas tant pour la Syrie que pour l’équilibre de la région, sont les troubles intervenus ces dernières 48 heures à Tripoli, au nord du Liban, entre factions pro et anti-Bachar : samedi 11 février, des heurts sanglants ont opposé, à coups d’armes automatiques et de RPG, sunnites hostiles au régime de Damas et alaouites pro-syriens dans cette grande ville, capitale de ce Nord-Liban littéralement encastré dans la Syrie. Les troubles semblent s’être vite arrêtés, mais ils ont fait deux morts – un sunnite et un alaouite, et 18 blessés – et surtout ils mettent en évidence la fragilité de l’équilibre politique au Liban, gouverné depuis par une coalition favorable à Damas et comme telle confrontée aux manoeuvres déstabilisatrices du clan Hariri et de ses puissants alliés américains et qataro-séoudiens. En juin dernier, des incidents similaires, au même endroit, avaient fait cette fois 9 morts. Bref , le feu de la guerre communautaire respire sous la cendre à Tripoli. Et la veille des derniers incidents, un Libanais et trois Syriens avaient été victimes de l’explosion d’un dépôt de munitions : après enquête, l’explosion était accidentelle, due à l’imprudence des quatre hommes, en charge de la surveillance du dépôt, mais il ne pouvait, vu le contexte général, qu’être interprété différemment, et alourdir le climat général prévalant dans la ville.

Il est évident que replonger le pays du Cèdre dans une guerre civile confessionnelle, comme celle qui a ravagé le pays entre 1975 et 1990 ne déplairait certes pas aux stratèges de la Maison Blanche et de la CIA, pour ne pas parler de ceux du Mossad. Allié à Damas dans la tourmente, fief de l’importante force politico-militaire pro-iranienne qu’est le Hezbollah, le Liban demeure un objectif de choix dans la stratégie occidentale qui vise au-delà de Beyrouth et de Damas, Téhéran. Bref, le terrain et les circonstances sont extrêmement propices à toutes les provocations imaginables : la Syrie tenant bon, communiquer l’incendie au Liban voisin peut être le moyen de relancer le conflit et la déstabilisation de toute la région. Le gouvernement Mikati, en place depuis juin 2011, va devoir faire preuve d’une combinaison délicate de doigté et de fermeté face aux fauteurs de troubles : l’armée libanaise s’est déployée dans les deux quartiers, l’un sunnite, l’autre alaouite, de Tripoli théâtre des incidents. Mais il ne faudrait pas que Tripoli « fasse école » dans le reste du pays.

Obama et son homme-lige libanais, Saad Hariri : le premier a une carte libanaise à jouer contre Damas, le second a une revanche à prendre contre Beyrouth

Par Guy Delorme, le 13 février 2012 Article original

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S.LEVY

Cette bande d’enfoirés d’arabo-musulmans ne connaissent-ils autre chose que la force, la guerre, les tueries, la destruction, tout au nom d’un « prophète » et d’une religion qui ne sont que des farces, des parodies humaines, de tout ce qui est négatif depuis la création du monde, de tout ce qui est faux et tordu, de touit ce qui est mensonge et tromperie, enfin: de tout ce qui est primitif et sauvage.

Jean

Ce Levant d’apparence compliquée ne l’est pas plus que d’autres régions du monde ; Pourtant l’hétérogénéité de son peuplement est un peu incompatible avec des passions politico-religieuses ,portées à incandescence , par des Machiavel orientaux.

Ces Chiites-Druzes-Alaouites sont des rescapés de la longue, millénaire terreur musulmane , dans cette région , sur ses minorités . La splendeur de la dynastie omeyade, dans l’espace de la Syrie actuelle , s’éleva sur les ruines de cette première sédition que fut la révolte d’Ali emporté avant son cher fils , Hussein , martyrisé , égorgé , avili , suite à la défaite de Karbala . Mais la pérennisation de ce premier martyre dans la célébration de la fête de l’Achoura ne les ramena pas en ce bas monde mais creusa , plutôt, le contentieux de la succession du prophète , qui ne fut enterré , lui, que …quatre jours après sa mort tant il fut oublié du fait de la virulence des batailles de clan .

Et ceci demeure dans la mémoire alaouite .

Rassurez vous, le Français Juif , d’origine pied noir algérienne , ne plaide pas pour l’émergence d’un mausolée à la mémoire d’Ali et de ses fils dans les grandes villes du monde .

Mais il faut rappeler que les Druzes , dont les Alaouites, furent des “ dhimmis “ , eux aussi, dans le monde musulman dominé sans partage par les sunnites.

Quand le nationalisme arabe , empreint de laïcité et de modernisme apparut , ce fut une lueur d’espoir pour les Chrétiens et pour d’autres minorités . Les Juifs , eux , adhérèrent, peu ou prou, comme il se doit , au sionisme qui était leur propre mouvement d’émancipation .

Quand le mouvement Baas apparut dans les années 30 , il faisait pièce à l’émergence des frères musulmans de Hassan El Banna ou d’autres groupuscules . Il se voulait nationaliste et socialiste , laïc bien sûr et remporta dans la suite de Mustapha Kémal l’adhésion de nombreux leaders surtout parmi les dirigeants et l’élite militaire . Les Assad , longtemps adulés par les Républicains français , Chirac , Dumas , en sont les héritiers .

Mon interrogation est la suivante :si le clan ou la dynastie alaouite Assad , minoritaire en terre sunnite , devant , de ce fait , en permanence donner des gages de sa fidélité musulmane , de son « patriotisme arabe  » donc à montrer une virulence anti sioniste , avec un gros devoir dans le combat permanent , ne s’était pas positionné en flèche contre Israël , avec la barbarie d’ailleurs que l’on sait sur les prisonniers israéliens lors de la guerre de Kippour(1973 ),

Si donc le camp alaouite n’avait pas adopté , pour survivre, cette ligne virulente contre Israël , il n’aurait eu qu’une alternative : s’allier avec  » l’occupant » du Golan qui, lui , est son allié et son défenseur authentique , ainsi que celui de toutes ces minorités chrétiennes qui n’ont plus d’avenir dans le nouveau monde arabo-musulman .

Le Hezbollah et l’Iran actuel me semblent plus les défenseurs du régime syrien que celui-ci ne le demande : on ne peut pas toujours choisir ses amis .

En tout cas , les dirigeants israéliens actuels n’ont plus à choisir entre la peste et le choléra , soit la dictature sanglante alaouite soit les Islamistes syriens.

Jean

http://www.juif.org/blogs/40671,opposant-syrien-apres-assad-on-reglera-leur-compte-aux-juifs.php

Quand on lit le lien indiqué , on s’aperçoit que l’opposant syrien n’est pas un simple quidam, ni un analphabète islamiste syrien mais un officier qui sera donc peut être un jour colonel ou général c’est à dire faisant partie des élites et des dirigeants .

“Le lieutenant Hassan va continuer à se battre contre l’armée syrienne et à diffuser des messages de l’Armée de la Syrie Libre sur ??Internet. Au cours de notre conversation, il a tenu à clarifier un point pour qu’il n’y ait pas la moindre équivoque:

“Sionistes, ne croyez pas qu’après le remplacement du gouvernement, nous renoncerons à l’épée. Le plateau du Golan et de l’état sioniste sont encore définis comme faisant partie du “Dar al-Harb” (zone de guerre musulmane) [1]. Après avoir libéré la Syrie de ce régime corrompu, nous serons encore plus forts pour régler leur compte aux Juifs.”

Voilà , à peu près, une opinion moyenne chez ces rebelles sunnites Anti -Assad et ce qu’ils éprouvent pour les Juifs et Israël.

Qu’ils crèvent ,sous la main des Chinois , des Russes , du Hezb ou des Mourabitouns policiers syriens , peu importe , tous autant qu’ils sont, on n’en a rien à f.