L’accord-cadre, devant détruire les stocks d’armes chimiques de la Syrie, qu’ont annoncé le Secrétaire d’Etat américain John Kerry et le Ministre russe des affaires étrangères, Sergeï Lavrov, lors d’une conférence de presse à Genève, samedi 14 septembre, couvre des questions importantes – mais il laisse des problèmes bien plus importants sans réponse. Son instauration dépend de la pleine coopération de la part de Bachar al Assad et de son armée, pour sécuriser le processus. Il est, par conséquent, assuré de rester au pouvoir et totalement libre de poursuivre sa guerre sans entrave.

Le Secrétaire d’Etat américain a mentionné six des points de cet accord :

1. Il comprend une évaluation partagée des quantités et des types d’armes chimiques en stock dans l’arsenal du régime syrien.

Selon DEBKAfile : des rapports précédents parlent d’une disparité de 40% entre les évaluations américaines et russes.

2. Le régime syrien dispose d’une semaine, jusqu’au 21 septembre, pour soumettre une liste conforme à la réalité, comprenant les noms, les types et les quantités d’agents chimiques composant ses armes, les types d’obus, leurs dépôts locaux et à l’étranger, ses installations de recherche, développement et production.

L’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques –OPCW/OIAC, qui, d’habitude, offre un délai de 30 jours, a donné son accord à des procédures extraordinaires, de façon à assurer l’inspection et la destruction de tous les stocks d’AC.

3. Les inspecteurs devront être sur le terrain, en novembre et la destruction d’AC, devra être totale, à la mi-2014.

— Sur ce point, le Ministre russe des Affaires étrangères s’est montré bien moins précis : l’instauration de ce cadre d’accord, en vue de la suppression et de la destruction des armes chimiques syrienne doit obtenir l’agrément d’une « résolution du Conseil de Sécurité et d’une enquête de l’OIAC », a-t-il affirmé, de façon très vague indiquant que cette procédure prendrait encore plusieurs mois.

Debkafile : Ce calendrier devrait s’étendre sur plus de temps encore, à cause des difficultés techniques consistant à détruire, non seulement des stocks, mais aussi des sites de fabrication, pour le mélange et le chargement des agents chimiques sur des missiles et d’autres armes qui les véhiculent.

Il est à noter qu’il n’est absolument pas question des armes biologiques que possède la Syrie, dans aucun alinéa de l’accord Lavrov-Kerry.

4. La Syrie doit permettre un accès immédiat et sans entrave à ses sites d’AC.

5. Toutes les armes chimiques, à commencer par leurs stocks à l’intérieur et à l’extérieur de la Syrie doivent être livrées et détruites sur zone, ou, si c’est nécessaire, à l’extérieur du pays.

6. La non-conformité entraînerait une approbation de l’article 7 de la Charte de l’ONU, qui ouvre, automatiquement, la voie à des sanctions militaires et non-militaires.

La version de Lavrov :

— Sur ce point, également, Lavrov a présenté l’approche plus mitigée de Moscou : les violations doivent d’abord faire l’objet d’enquêtes et être confirmées par l’OIAC, avant d’être traitées par le Conseil de Sécurité de l’ONU, en vue de nouvelles résolutions mandatant des « mesures concrètes ». Elles ne doivent pas entraîner d’action militaire, selon le Ministre russe des affaires étrangères « qui seraient catastrophiques ».

Bien que ce point n’ait pas été clairement mentionné, cet accord laisse Moscou libre de faire usage de son droit de veto, une fois encore, afin de faire barrage à toute intervention militaire contre la Syrie.

Répondant à la question d’un journaliste, Kerry a insisté, un peu plus tard, sur le fait que le régime syrien serait tenu pour pleinement responsable de son refus de se conformer à ses engagements et que le Président américain conservait le pouvoir et le droit de mettre en œuvre des mesures militaires de coercition « proportionnelles au niveau de responsabilité du Dictateur syrien », sans l’approbation de l’ONU, si jamais la diplomatie ne parvient pas à réaliser cette objectif.

Au même moment, le Secrétariat américain concédait que les Etats-Unis et la Russie s’accordaient sur ce point que la Syrie devait être désarmée de ses armements chimiques par des moyens diplomatiques et non militaires.

Lavrov s’écarte sur bien d’autres points de la présentation de leur accord faite par Kerry :

a) Toutes les armes chimiques doivent être détruites – non seulement celles entre les mains du régime Assad, mais aussi celles en possession des rebelles. Cela prépare le terrain au tyran syrien pour qu’il puisse reporter à volonté toute conformation, en pointant du doigt qu’Israël posséderait aussi des armes chimiques…

b) L’action militaire contre la Syrie a été écartée a priori

c) L’accord russo-américain sur les armes chimiques syriennes doit déboucher sur une conférence internationale, pour débattre d’une déclaration sur le Moyen Orient, qui doit devenir une région débarrassée des armes de destruction massive, ce qui représente le but ultime de Moscou.

Cela appuie les déclarations d’Assad qui a conditionné sa signature de la Convention sur les Armes Chimiques par l’obligation, pour Israël, de ratifier cette CAC, signée en 1993, comme un pas important sur la route exigeant le désarmement nucléaire d’Israël.

Le Secrétaire Kerry n’a fait aucun commentaire sur ce point.

d) Les Etats-Unis contribueront au financement et à l’apport d’autres ressources en vue de la destruction des armes chimiques de la Syrie, et demandent aux autres puissances mondiales de participer.

Bien d’autres oublis :

Alors que le Secrétaire américain a fait l’éloge du Président Vladimir Poutine, pour avoir initié l’abandon théorique de ses armes chimiques, par la Syrie, Lavrov a omis d’en faire autant, en restant avare de louanges envers le Président Barack Obama.

Les sources des renseignements militaires de Debkafile perçoivent cinq omissions criantes sur la voie de « la pleine instauration » de l’accord américano-russe de Genève :

— Le calendrier est demeuré flou et ouvert. Dans aucun des discours et interviews, le Président Obama n’a posé de date-butoir pour l’éradication des armes chimiques et toxiques de la Syrie, et les dates proposées par Kerry, samedi à Genève, sont purement irréalistes.

— La Russie et le dirigeant syrien sont restés sur l’impression qu’Obama avait opté contre l’idée de tenir Assad pour responsable de l’usage d’armes chimique, dans le but de laisser sa guerre se poursuivre, en conservant une position de force. Effectivement, le Président américain n’apparaît pas hostile à l’idée de laisser Assad au pouvoir, ni, de fait, qu’il triomphe, dans cette guerre civile.

Ni Kerry, ni Lavrov n’ont répondu à la question du journaliste qui leur demandait simplement : “Pourquoi n’avez vous rien tenté pour commencer, d’abord, par mettre un terme à cette guerre?”

— Quelle que soit l’impression que Kerry a essayé de transmettre, lors de la conférence de presse, Obama a, clairement, rejeté l’option militaire comme un moyen de maintenir Assad sous pression pour qu’il se conforme à son engagement de démanteler ses armes chimiques. Même si Washington décidait d’invoquer l’Article 7, afin de punir la Syrie pour son manque de loyauté envers l’accord, le veto russe reste en suspens, au-dessus d’une telle mesure.

— Sauvé par le gong de toute menace militaire américaine imminente, le tyran syrien est parfaitement libre de ne livrer qu’une infime partie de ses ressources chimiques et, avec l’appui de ses alliés russes et iraniens, il détient suffisamment de gaz toxiques pour l’utiliser comme ultime recours, si jamais il risquait de perdre la guerre.

Il peut, parfaitement, continuer d’ignorer les preuves découvertes par les agences de renseignement américaines, affirmant que l’armée syrienne est coupable d’avoir fait usage d’armes chimiques contre les civils, à Homs, Alep et Idlib – bien avant même ses massacres aux gaz toxiques du 21 août, à l’Est de Damas.


Le Général Itay Brun, analyste en chef des renseignements militaires israéliens-

Lorsque, le 24 avril, le Général de Brigade Itay Brun Article original, chef du département de recherche de Tsahal, a déclaré publiquement : « Nous avons récemment détecté l’usage répété, par l’armée syrienne, d‘armes chimiques meurtrières, du Sarin, apparemment », la Maison Blanche s’est mise en branle-bas de combat, à Washington, pour exiger du Premier Ministre Binyamin Netanyahou et du Ministre de la Défense, Moshe Ya’alon, des promesses formelles que de tels « écarts de langage » ne se reproduiraient plus. On attend le Secrétaire d’Etat John Kerry en Israël, ce dimanche 15 septembre, pour un séjour d’une journée.

Il a deux missions particulièrement ardues à accomplir : il doit convaincre Israël qu’il n’y a aucun danger que des armes chimiques syriennes passent entre les mains du Hezbollah Article original selon certains chefs rebelles, Nasrallah dispose déjà d’1 tonne de VX »>Article original et soient ainsi subtilisées au contrôle international ; et que l’accord russo-américain ne sert pas de modèle pour, ensuite, laisser l’Iran se tirer d’affaire, sur la question de son programme nucléaire. C’est là, la principale inquiétude pour Jérusalem.

debka.com Article original

DEBKAfile Reportage spécial 14 septembre 2013, 7:23 PM (IDT)

Adaptation : Marc Brzustowski.

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Elie

NOUS NE DEVONS FAIRE CONFIANCE A PERSONNE , ET SURTOUT PAS AUX 3 PIEDS

NICKELES !! obama , le russe et encore moins au petit français !!!