A Gaza, chaque mois, la police du Hamas brûle dans le désert des centaines de boîtes de Tramadol. Le 4 décembre dernier, elle a ainsi saisi et détruit un stock estimé à plusieurs dizaines de milliers de dollars. Motif, ce médicament antidouleur est devenu en cinq ans la drogue préférée des Gazaouis. Essentiellement des jeunes. Personne ne sait comment le Tramadol est arrivé dans la bande de Gaza.

Au départ, les jeunes Gazaouis l’utilisent pour… retarder l’éjaculation. Il est alors distribué librement dans les pharmacies. Mais le Tramadol annihile surtout la fatigue.

GAZA Opération coup de poing menée par le Hamas contre le marché noir du Tramadol.

Un laboratoire à ciel ouvert

Sa consommation s’amplifie alors avec le développement des tunnels de contrebande sous la frontière égyptienne, les creuseurs pouvant ainsi travailler vingt-quatre heures d’affilée. « Aujourd’hui, tout le monde y a recours à cause de la situation politique, soupire le docteur Hassan Shaban Zeyada, psychologue pour le programme de santé mentale de Gaza. Minés par le chômage, le blocus israélien, ils dissimulent leurs traumatismes avec un remède bon marché et facile à se procurer. » La plaquette de dix comprimés venue d’Israël, d’Egypte ou des pays occidentaux coûte 5 $. Près d’un habitant sur deux la consommerait.

Conséquence, Gaza est devenue un laboratoire à ciel ouvert pour connaître les effets secondaires du Tramadol. Premier symptôme, l’addiction. « Elle rythme mes journées depuis quatre ans et me permet d’oublier mes problèmes », soupire Ali, 22 ans.

Les centres médicaux voient régulièrement affluer des jeunes à la limite de l’overdose. Dépression, fatigue, problèmes rénaux et intestinaux… la liste des effets secondaires s’allonge. « Nous sommes obligés d’être inquiets, analyse un médecin de l’hôpital Al-Shifa de Gaza, les effets physiques les plus dévastateurs ne seront pas connus avant dix ans. » Depuis sa prise du pouvoir à Gaza en 2007, le Hamas tente de juguler le phénomène.

Désormais, le Tramadol est délivré uniquement sur ordonnance. Certains magasins ont même été fermés manu militari pour ne pas avoir respecté ces conditions. Les dealeurs, quant à eux, sont traduits en justice et condamnés à mort.

Alain Pirot et Coraline Salvoch – Le Parisien

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