De manière à ce que la parashat Devarim tombe toujours  le shabbat avant 9 beav  surnommé  « shabbat Hazon » et que le shabbat qui suit 9 beav soit toujours « Vaethanan » surnommé « shabbat nahamou », les sidrot « matot-mass’ê » sont lues séparément ou ensemble.

Cette année, la première des trois semaines étant shabbat « pinhas », le shabbat qui suit sera « mattot-mass’ê ». Il y sera question entre autres sujets des vœux, des villes-abri, des différentes stations dans le désert.

Mattot commence par les lois sur les vœux et les promesses en tout genre[1] : qui prononce un vœu et qui a la possibilité de l’annuler. Quelles sont les modalités d’annulation ? Quelle est la valeur du vœu et quelle est son implication  dans la vie quotidienne ? Qu’en est-il du vœu prononcé à la légère par l’homme, la femme ou l’enfant ?

Ainsi comprendrons-nous l’importance que l’être humain doit accorder à chaque parole émise car, en effet, sous l’emprise de sentiments divers : colère, jalousie, peur, ferveur, amour, quiconque peut être amené à prononcer un vœu qui pourra porter sur une période bien déterminée  et ce vœu non réalisé peut devenir un handicap pour l’avenir-même de la personne intéressée.

C’est la raison pour laquelle, si un homme adulte prononce un vœu et que par la suite il regrette de l’avoir fait il peut demander à un groupe de trois personnes d’annuler sa promesse mais, si le vœu a été émis par une femme, son mari peut l’en délier de même qu’il peut délier sa fille ou son jeune fils mais dès celui-ci arrivé à l’âge des mitsvoth celui-ci devra procéder tel un homme adulte.

Les membres des tribus de Ruben, de Gad et la moitié de la tribu de Menashé vinrent trouver Moïse pour lui demander d’intercéder en leur faveur et de leur attribuer dès à présent leurs territoires de ce côté-ci du Jourdain, étant encore en Cisjordanie cette contrée  semblant si riche en pâturages et ils voulaient aussi construire des villes pour leurs enfants.

D’autre part, le fait de vouloir dès cet instant recevoir leur « part d’héritage »  viendrait prouver qu’ils étaient désireux de se séparer de leurs frères et par conséquent du reste du peuple en prenant en ligne de compte uniquement leur avenir matériel et en se désintéressant du sort commun, de la communauté.

Cependant, leur désir de résider dans cette région  peut être interprété différemment et dans une volonté de former une barrière protectrice pour les autres tribus : en effet, les membres de la tribu de Gad étaient de farouches guerriers comme le confirme Moïse dans sa bénédiction : « ils marchèrent en avant » et leur réputation leur valut que les Midianites prirent la fuite devant eux et c’est ainsi que Gad et Ruben s’enrichirent considérablement.

La parashat mass’ê[2],  commence par l’énumération des nombreuses étapes qu’ont franchies les bné Israël depuis l’Egypte jusqu’à leur entrée en Israël pour nous montrer qu’en réalité, s’il n’avaient pas commis de fautes et suscité le courroux divin, ils auraient pu toucher au but du voyage en onze jours  au lieu d’errer pendant 40 années. En fait pour certaines étapes, ils ont séjourné de nombreuses années comme ce fut le cas à Kadesh Barnéâ .

En dénombrant ces stations (42), le Shlah HaKadosh opère un rapprochement entre ce nombre d’étapes et l’un des noms sacrés de D qui comporte 42 lettres ainsi que cela est exposé dans  la supplique Ana bekoah dans lequel on invoque la clémence divine pour que l’Eternel  de Sa main droite (clémence = midat harahamim) nous sauve et nous pardonne nos péchés et que la clémence subordonne la justice (midat hadin)  .

C’est  à propos du verset 53 du chapitre 33 que nos Sages  ont défini en quelque sorte les règles premières du « yishouv haaretz » c’est-à-dire de la façon dont nous devons « peupler » ce pays où D habite.

C’est aussi dans cette parasha qu’il est question des villes abri (âré miklat)  qui seront situées sur tout le territoire de manière à permettre à toute personne ayant attenté à la vie d’une tierce personne sans intention, par inadvertance, de se mettre à l’abri de ceux qui voudraient   éventuellement  « venger  »  le sang de la victime.

La période de séjour dans la ville abri est limitée à la durée de vie du Cohen HaGadol.  Le Tirgoum Yonathan implique la responsabilité du Grand Prêtre qui, à Yom Kippour doit prier, entre autres, dans le Saint des Saints pour qu’au cours de l’année qui vient, aucune transgression sexuelle,  aucune faute d’idolâtrie, et qu’aucun crime par inadvertance ne soient commis ; n’ayant pas prié dans cette intention, le Grand Prêtre mériterait de mourir car il a de par ses fonctions la faculté d’ajourner de tels évènements.

Si, à la suite d’un meurtre involontaire,  les récoltes s’avéraient mauvaises, il ne faudrait pas en rendre la terre responsable.

Cependant, il faut prendre en considération qu’un meurtre apporte l’impureté et que dans de telles conditions, la Shekhina se retirera, car chacun des bné Israël doit savoir et être conscient que de par sa propre conduite il peut amener la disgrâce sur tout un peuple.

Caroline Elishéva REBOUH

 

[1]Quelle différence y a-t-il entre un vœu (neder en hébreu   נדר), un serment ( shevouâ en hébreu – שבועה), par un vœu,  le neder est un vœu qu’on s’impose vis-à-vis de D tandis que le serment concerne plutôt une privation que l’on s’impose vis-à-vis même d’un être humain comme ne plus jamais parler à quelqu’un pour la vie ou pour une certaine période l’accent étant mis sur le fait qu’en général le serment est fait au nom de D.

[2] Le nom de la parasha vient du mot massa’ôthמסעות de la racine sâסע voyager. Il est question ici des différentes stations faites dans le désert durant toutes les pérégrinations.

 

 

HAFTARAT MATOT MASS’E: LES LECTURES DES 3 SEMAINES ET LES DIFFERENTES COUTUMES

Les Hakhamim ont fixé des lectures prophétiques qui sont lues chaque semaine après la lecture de la Torah et qui offrent un lien avec  les sidroth et, la plupart du temps, entre les différentes communautés existent des différences minimes.

Pourtant,  à une période de l’année, les haftaroth n’ont pas de lien avec la parasha,  comme l’enseigne le Tossefot : « de Bereshit au 17 tamouz on lit des haftaroth ayant un lien avec la parasha mais à partir du 17 tamouz, c’est différent. » Pourtant, si la parasha de Pinhas est lue  avant  la semaine du 17 tamouz ou après, les communautés s’engagent sur des terrains différents : les ashkenazim, les sefaradim, les edothhamizrah et parmi eux  on remarque encore des divergences selon qu’il s’agisse d’une communauté yéménite ou tunisienne ou autre, on ne lira pas les mêmes extraits.

Le Shlah HaKadosh[1]  donne des « simanim » (ou repères) concernant les haftaroth des sections se succédant de mattot-mass’é jusqu’à la fin du livre de devarim ou deutéronome. Il enseigne ainsi que dans la tête qui abrite notre intellect on peut dénombrer 7 orifices devant lesquels, dit-il, il faudrait  poster des juges et des policiers (shoftim veshoterim) pour empêcher l’homme de chuter et de céder aux fautes qui peuvent s’imposer à lui facilement. En effet, depuis la fin du livre des Nombres (Bamidbar), se profilent 12 parashioth que l’on peut diviser en trois sortes : les trois semaines de catastrophes, les sept semaines de consolation et les deux semaines de teshouva. A l’instar des dix plaies d’Egypte qui ont été regroupées en « familles » de plaies, ces douze haftaroth ont été regroupées en trois sortes en associant les initiales de chacun des textes prophétiques.

Les trois haftaroth de pourânouyoth (catastrophes) sont : « dashah » initiales de DivréYirmiyahou, Shim’ôudvar HaShem et Hazon. Ces trois textes font allusion à 5 sur 7 des orifices de la tête : Divré = la bouche ; Shim’ôu = oreilles ; Hazon = yeux. Car c’est à partir de ces organes que s’exprime le lashon harâ (médisance). Et, qu’à cause de la médisance surgit souvent la haine gratuite d’autrui.

Le deuxième groupe de haftaroth est :  « noâ-arkash » (nahamou de vaethanane, vatomartsion de êkev, âniya de re’é, anohianokhi de shoftim, rani âkara de kitetsé, koumiori de kitavo, de sossassisss de nitsavim).

Le troisième groupe appartenant à shouva Israël pour la teshouva. Cette semaine dans la plupart des communautés sera lue la haftara mettant en scène le jeune Jérémie. HaShem le prévient qu’il va être prophète et il répondra (comme Moïse devant le buisson ardent) qu’il n’est pas apte à remplir une telle fonction parce qu’il est trop jeune et HaShem par la métaphore de l’amandier lui confirme qu’il a été choisi pour cela. La métaphore de l’amandier est que si telle est la volonté du Tout Puissant, de même que dans l’Arche la branche d’amandier d’Aharon a fleuri et produit des fruits en une nuit, lui Jérémie pourrait être prophète dès lors qu’HaShem l’aura décidé et qu’en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, il sera prophète.

LE PROPHETE JEREMIE naquit en -655 près de Jérusalem. Il n’était âgé que de 59 ans lorsque fut détruit le temple de Salomon. Il fut exilé et continua à prophétiser même lorsqu’il se trouvait en Egypte où et il fut enterré. Il commença à être prophète à 28 ans alors que Yoash était roi en Israël.  Les rois qui se succédèrent pendant sa fonction furent : Yoahaz, Joachim, Yehoyakhin, Tsidkiyahou.  Comme toujours Jérémie exhorta le peuple à se renforcer et à revenir vers D, et il prévint ses compatriotes de catastrophes qui pourraient arriver au peuple s’ils ne revenaient pas à de meilleurs sentiments.

Jérémie serait décédé en -411 à l’âge de 244 ans.

Le mot français « jérémiade » vient du nom de Jérémie car il utilisait comme langage des plaintes pour illustrer ce que serait le futur de ce peuple à la conduite inconstante.

Caroline Elishéva REBOUH.

[1]Yshâya Halévy Horowitz auteur du célèbre ouvrage « shnélouhothhabrith » (d’où le diminutif « shlah ») 1558-1630.

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