La Fifa face au mensonge de la colonisation

Le 11 mai 2017, la Fédération Internationale de Football (Fifa) s’est réunie à Barhein dans le cadre de son 67ème congrès. Elle était notamment amenée à se prononcer sur la demande palestinienne visant à suspendre l’association israélienne de football de l’organisation, compte tenu de « la présence de clubs israéliens sur le territoire » qui serait « palestinien » (sic) et, de surcroît, « occupé par Israël » (sic). La Fifa a finalement reporté l’examen de cette question au mois de mars 2018,  estimant qu’elle avait « besoin de plus de temps » pour appréhender cette problématique. La Fifa devrait, naturellement, rejeter cette demande uniquement fondée sur le « mensonge international de l’occupation de la Cisjordanie par Israël ».

Tout d’abord, rappelons que la Fédération palestinienne de Football n’a pas qualité à agir, c’est-à-dire qu’elle ne dispose pas du droit de présenter cette demande à la Fifa, faute d’une reconnaissance officielle au sein de la Fifa (condition indispensable conformément au règlement de l’instance). La raison en est simple : la Fédération palestinienne a été reconnue en 1998 au sein de l’instance, c’est-à-dire à une date ou la Palestine n’était pas reconnue en tant qu’entité étatique. La Fifa a ainsi violé ses statuts en 1998 en admettant la fédération palestinienne, en l’absence d’Etat palestinien.

En outre, et à supposer que l’admission de la fédération palestinienne de football puisse être rétroactivement validée (compte tenu de la reconnaissance de la Palestine en tant qu’Etat, le 29 novembre 2012), sa demande n’est toujours pas fondée.  En effet, en dépit de cette reconnaissance, la Palestine ne s’est pas vue affectée de territoires particuliers. Aussi, et contrairement à ce qu’avance la fédération palestinienne, non seulement la Palestine n’est pas occupée, mais en outre, elle ne dispose pas d’une assiette territoriale sur laquelle elle exercerait une pleine et entière souveraineté, sur laquelle joueraient les clubs de football israéliens.

Il convient toutefois de reconnaître, à décharge des palestiniens, qu’ils sont convaincus qu’Israël « occupe la Palestine », tant le concept est tournée en boucle dans leur esprit (comme dans celui de la communauté internationale). Effectivement, à force de répéter en boucle que le peuple juif occupe « le territoire du peuple palestinien », ils finissent par le croire.

La demande palestinienne présentée à la Fifa vise à suspendre l’association israélienne de Football, en raison de la présence de clubs israéliens dans « les colonies qui seraient illégales en Cisjordanie ». Or, la présence israélienne en Cisjordanie et son contrôle exclusif de 60 % du territoire (abandonné par la Jordanie le 31 juillet 1988), résulte non d’une occupation mais d’accords israélo palestiniens opposable aux palestiniens, à la communauté internationale et bien évidemment à la Fifa : il n’y a ni occupation de territoires palestiniens par Israël ni colonies illégales.

A force de répéter « qu’Israël occupe la Cisjordanie depuis la guerre de 1967 » (sic), (ce qui est faux depuis la renonciation, par la Jordanie, à ce territoire), et que l’Etat juif construit des colonies sur les terres sur lesquelles les Palestiniens veulent établir leur futur état, ils finissent par le croire (en réalité, l’assiette territoriale palestinienne résultera des accords finaux qui seront conclus lorsque les palestiniens renonceront à la lutter armée contre Israël).

Les palestiniens sont en outre confortés dans leur conviction grâce à la résolution 2234 du Conseil de Sécurité de l’Onu du 23 décembre 2016 qui cautionne le mensonge international : « Réaffirmant qu’Israël, Puissance occupante, est tenu de respecter scrupuleusement ses obligations et responsabilités juridiques découlant de la quatrième Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, en date du 12 août 1949, et rappelant l’avis consultatif rendu le 9 juillet 2004 par la Cour internationale de Justice (sic),Condamnant toutes les mesures visant à modifier la composition démographique, le caractère et le statut du Territoire palestinien occupé depuis 1967, y compris Jérusalem-Est, notamment la construction et l’expansion de colonies de peuplement, le transfert de colons israéliens, la confiscation de terres, la destruction de maisons et le déplacement de civils palestiniens, en violation du droit international humanitaire et des résolutions pertinentes (sic)… ».

Or, comme six équipes israéliennes sont installées dans les implantations de Cisjordanie, les palestiniens estiment que ces clubs israéliens sont installés dans les ligues intérieures de leur pays, ce qui est faux, juridiquement et historiquement.

Autrement dit, cette résolution inique, laisse penser aux palestiniens que la Cisjordanie leur appartiendrait et que, selon le Droit international, la Cisjordanie serait illégalement occupée (sic).

Ce mensonge international est à l’origine d’une méprise, par les palestiniens, sur la portée des lignes directrices de la Fifa. Celles-ci interdisent, en effet, aux associations nationales d’enregistrer des équipes installées sur les territoires d’autres associations : « Les associations membres et leurs clubs ne peuvent pas jouer sur le territoire d’une autre association membre sans l’approbation de cette dernière ». c’est donc en se méprenant sur la portée de ce texte, que les 170 clubs de football palestiniens ont demandé à la Fifa de suspendre l’association israélienne de football, estimant que les clubs israéliens évoluaient sur leur territoire (sic).

En réalité, les palestiniens ne disposent pas de territoire sur lequel ils seraient souverains. Dans ces conditions, la règle selon laquelle l’association israélienne ne peut enregistrer les clubs implantés en Cisjordanie n’est pas applicable, dans la mesure où, non seulement les territoires sur lesquels les clubs israéliens sont implantés n’appartiennent pas aux palestiniens, mais en outre, Israël y exerce des prérogative quasi souveraines, en vertu des accords israélo palestiniens d’Oslo.

Saluons donc la décision de la Fifa qui aurait été grandement problématique pour Israël : en cas de suspension, les clubs israéliens et l’équipe nationale d’Israël seraient interdits de participer aux tournois internationaux professionnels.

Le Premier Ministre Benjamin Netanyahou s’est donc entretenu de cette problématique avec le Président de la Fifa, Gianni Infantino le 7 mai 2017, en l’invitant à beaucoup de prudence : « le conflit palestinien est de longue durée et la FIFA ne va pas le résoudre ». Il lui a donc proposer une solution alternative qui ne modifie pas le statu quo actuel relatif à la présence de clubs israéliens en Cisjordanie, confirmant qu’une solution inadaptée ruinerait la Fifa.

Le Conseil de la Fifa a finalement estimé, au vu du rapport du président du Comité de suivi Israël-Palestine, Tokyo Sexwale, qu’il était préférable pour la FIFA, de patienter avant de prendre une décision.

Il n’en demeure pas moins que le problème reste entier : il est urgent pour la communauté internationale qu’elle rectifie son erreur et qu’elle reconnaisse une bonne fois pour toute, un, « que la Cisjordanie, ce n’est pas la Palestine », deux, que « la Palestine n’est pas occupée ». a défaut, elle aura alors une lourde responsabilité à l’égard des palestiniens à qui elle n’aura cessé de mentir.

Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

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