Déplacer l’Ambassade des Etats-Unis à Jérusalem : un acte nécessaire

S’exprimant devant la Conférence d’Orientation Politique de l’AIPAC hier, le Vice-Président américain Mike Pence a déclaré que Trump « envisage toujours sérieusement » de déplacer l’Ambassade américaine à Jérusalem. Du point de vue de l’ancien Ambassadeur israélien à Washington, David Ivry, cette promesse de longue haleine de la part des candidats américains à la Présidence doit finir par être tenue. 

L’Ambassade américaine à Tel Aviv, Israël (Photo: Bigstock)

Recentrer l’Ambassade américaine en Israël à sa place, de Tel Aviv à Jérusalem est un acte nécessaire depuis des années. Jérusalem est la capitale de l’Etat d’Israël et il est approprié que toutes les ambassades étrangères soient relocalisées dans la capitale, où la Knesset et la plupart des ministères du Gouvernement sont situés. L’anormalité de la situation présente est, paradoxalement, devenue la norme et rompre la norme acceptée constituera une violation du status-Quo qui aura forcément des implications politiques, en particulier en des périodes aussi sensibles que celles d’aujourd’hui.

Certes, la bévue remonte aux jours d’avant la Guerre des Six-Jours (1967). L’Ambassade américaine aurait dû être établie à cette époque, dans l’Ouest de Jérusalem. Mais encore plus absurde est le fait que le Consulat des Etats-Unis à Jérusalem ne sert principalement que les habitants arabes de Jérusalem – et pas les Israéliens du tout!

Au fil des années, de nombreuses promesses ont été faites par les Présidents élus américains, autant démocrates que républicains, en vue du transfert de l’Ambassade américaine à Jérusalem – essentiellement dans le cadre de discours de campagne. Les Présidents  qui ont fait ces promesses sont passés et repartis, mais cette promesse n’a jamais été tenue.

En tant qu’Ambassadeur israélien aux Etats-Unis, je me suis engagé dans l’une des nombreuses initiatives censées pousser à l’exécution de cette promesse.

Le premier cas s’est présenté à la suite de l’échec des négociations menées par le Premier Ministre Ehud Barak avec le Président Arafat, sous les auspices du Président américains Bill Clinton. A l’époque, en 2000, le Président Clinton a publié son projet de « Paramètres Clinton », qui, de son point de vue, auraient dû fournir les fondements nécessaires et suffisants à l’instauration de deux Etats. L’échec de ces pourparlers a été perçu par l’opinion publique comme de la responsabilité entière d’Arafat, et à partir de ce moment, on a déclaré qu’Arafat n’était pas un partenaire pour la paix, en insistant sur le fait que Barak était allé au-delà des quelques pas supplémentaires dans la direction d’Arafat.

A cette époque, l’atmosphère politique internationale était très pro-israélienne et à la conclusion de ces discussions, je me suis entretenu avec le Premier Ministre Barak, lors de notre retour à Washington et nous sommes tombés d’accord sur le fait que je devrais relancer une démarche prônant la relocalisation de l’Ambassade américaine. Naturellement, de nombreuses parties prenantes au sein de l’Administration dominée par les Démocrates ont torpillé cette initiative, bien que mon estimation est que le Président Clinton était très favorable à entreprendre ce changement, comme moyen de manifester son approbation à Ehud Barak et de faire un geste « punitif » contre la mauvaise volonté d’Arafat.

Immédiatement après, la campagne présidentielle a débuté aux Etats-Unis et George W. Bush l’a emportée et a donc été élu Président. Bush et son équipe, qui comprenait beaucoup d’amis d’Israël, percevaient ce transfert de l’Ambassade à Jérusalem comme un acte nécessaire. En effet, après son entrée au Bureau Ovale, des mesures préliminaires ont été prises, comme la révision des sites potentiels et la planification initiale ainsi que la spécification des besoins de cette nouvelle Ambassade – mais ensuite, tout s’est arrêté là.

Certes, le Président Bush a annoncé qu’il avait introduit les mesures préliminaires à la réalisation pleine et entière de cette promesse, mais il s’est ensuite retiré sur la pointe des pieds d’une telle démarche, tout au long de son mandat, en invoquant diverses raisons.

Aujourd’hui, à l’ère du Président Républicain Donald Trump, la question du changement de localisation de l’Ambassade américaine à Jérusalem est, une fois encore discutée – de façon encore plus intensive et la promesse apparaît enfin proche de son exécution. J’estime que le déplacement de l’Ambassade américaine vers l’ouest de Jérusalem – et je dois insister sur le terme : l’ouest de Jérusalem – est un geste approprié et nécessaire. Il ne peut y avoir aucune justification au fait que les USA ne reconnaissent pas l’Ouest de Jérusalem comme la capitale de l’Etat d’Israël. Cela n’implique, d’aucune façon, la position des Etats-Unis sur l’Est de Jérusalem ou le droit des Palestiniens.

Je ne suis pas naïf au point de penser que les hommes politiques perçoivent ce qui est juste ou logique comme ce qu’ils doivent faire, mais selon mon estimation, le transfert de l’Ambassade d’Etats-Unis dans l’ouestde Jérusalem est plus justifié et bien moins provocateur que l’annexion de Ma’alé Adumim. Peut-être serait-il juste de mettre les deux options sur une échelle de valeurs, à partir de laquelle les dirigeants des pays concernés devraient décider de la suite. J’estime que le camp arabe préférera cette option, aussi, plutôt que de soutenir n’importe quelle action radicale de la part des Palestiniens.

***

Le Maj. Gen. (ret.) David Ivry est Président de Boeing Israel. Il a occupé les fonctions d’Ambassadeur d’Israël auxUSA, de Dteur du Conseil National de Sécuritél, de Directeur-Général du Ministère de la Défense, de Président des Industries Aérospatiales d’Israël, ef d’Etat-Major-adjoint de Tsahal et de Commandant des Forces Aériennes d’Israël.

David Ivry | 27/03/2017

israeldefense.co.il

Adaptation : Marc Brzustowski 

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ISRAEL

– Sinon, alors il faudra déplacer toutes les Ambassades israéliennes dans tous ces pays qui insultent la ville Capitale Jerusalem D’ISRAEL État légitime. Et donc vu, par-exemple, c’est tout d’abord, l’Ambassade israélienne de Washongton D.C. qu’il faudra la déplacer vers une ville de baignade au bord de la mer… Et c’est juste, puisque et les diplomates israéliens ont droit de faire d’une politique relaxante vacancière comme et tous ces autres…

Mireille Cabille

Pourquoi pas ? J’habitais à côté de l’ambassade à Tel Aviv pendant 5 ans. Ils avaient la plage au pied du bâtiment. Par contre sur le plan politique je trouve que ça pourrait engendrer une option favorable à Israël.

Tamara

Quoi de plus naturel et normal. Ce ne serait pas une concession mais une absolue légitimité. Refuse t on aux autres nations leur capitale? Non

DANY83270

si je devais faire une proposition, je demanderais à Donald TRUMP d’organiser une séance plénière à l’ONU en présence d’ experts juristes en droit international pour examiner les textes de lois et les Traités internationaux attestant que les Juifs ont le droit de s’installer partout où ils le veulent sur le territoire de la Palestine mandataire qui a été dévolue à la création d’un Etat juif et en aucun cas à la création d’un Etat « palestinien ».
A partir des conclusions de ces experts , il sera facile à l’Administration TRUMP d’imposer les respect des règles de droit que les Arabes feignent d’ignorer à cause de leur propagande antisémite ; cette séance servira à dénoncer le double langage des Etats européens qui se sont alignés sur les positions Arabes alors que leur signature figure au bas des Traités qui ont donné la Palestine aux Juifs.

Henri Biezin

Pense-t-on réellement que le transfert de l’Ambassade américaine à Jerusalem peut contribuer à la paix, au mieux vivre des israéliens ou même des palestiniens ?
Moi, non, non, non et au contraire.
Si je devais faire ma lettre au Père Noël (l’Oncle Sam) pour la paix au Moyen-Orient, je demanderais
– l’arrêt de toute l’aide financière américaine directe et indirecte à l’Autorité Palestinienne
– la mise sous séquestre des biens de toutes les associations sympathisant directement et indirectement avec le terrorisme, et sans oublier certaines ONG’s idéologiques
– 50 chasseurs F35 de plus et 5 Mds de $ pour la coopération militaire avec les USA dans le domaine des anti-missiles, des logiciels espions…
Rêvons…

Rachele Boker

Henri,

l’un d’empeche pas l’autre !

Bien au contraire, une fois les ambassades étrangères installées à Jérusalem, la Paix, avec un grand »
P » s’installera.

Un fait accompli, une page tournée et l’impossibilité de revenir à la situation antérieure, voilà ce qu’il faut et voilà ce qui va arriver.

marco abadon

I HAD AN IDEA : Regarding JERUSALEM as navel of the faith in the western world, six embassies at first Could Be built around the * dome of the rock * – they would be under the apexes of the magen david designed or carved on the paviment. At first setlement only countries whose have supported ISRAEL in this year – USA, NEATHERLANDS,CHINA, BRAZIL,RUSSIA and SINGAPORE .
In a long future more and more embassies close; leaving of course a great deal of paviment to the 3rd temple construction.