Recentrer le combat contre l’Antisémitisme de BDS

Le combat contre le mouvement Boycott Désinvestissement et Sanctions (BDS) est mené de bien des façons. Pourtant, l’argument le plus direct reste sous-représenté : les activités de BDS, qui se focalisent uniquement sur Israël sont, en et par elles-mêmes, antisémites.

Il n’y a qu’à lire la définition de l’antisémitisme reconnue par l’Assemblée Internationale pour le Souvenir de la Shoah pour comprendre le caractère antisémite de BDS[1]. I ly est écrit spécifiquement : « appliquer des double-standards en requérant d’Israël un comportement qu’on attend ou exige d’aucune autre nation démocratique ». Le fait que les activités de BDS sont d’ordinaire, uniquement destinées à Israël, ne fait qu’exprimer de telles normes à deux vitesses. L’acceptation de la définition de l’Antisémitisme par l’IHRA a requis l’accord des 31 pays démocratiques qui en sont membres. Cette liste comprend les Etats-Unis, le Canada et 24 membres de l’U.E.

Une incitatrice contre Israël, l’auteure et journaliste juive canadienne, Naomi Klein écrit : « La meilleure stratégie pour mettre un terme à l’occupation de plus en plus sanglante est qu’Israël devienne la cible de ce genre de mouvement mondial qui a mis fin à l’Apartheid en Afrique du Sud ». Klein ajoute : « Qu’est-ce qui singularise Israël, quand les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et d’autres pays occidentaux font de même en Irak et en Afghanistan? ». Sa réponse est la suivante : « Le boycott n’est pas un dogme, c’est une tactique. La raison pour laquelle il faut essayer la stratégie de BDS contre Israël est d’ordre pratique : dans un pays aussi petit et ulktra-dépendant de son commerce extérieur, cela peut vraiment bien marcher[2]! »

Klein affirme ainsi ouvertement qu’elle promeut l’agression exclusive contre Israël d’une façon totalement différente qu’elle ne le ferait à l’égard de toute autre nation démocratique. Sa déclaration représente un cas d’école d’antisémitisme, selon la définition de l’IHRA. Elle singularise Israël pour lui appliquer un traitement négatif de la même façon que les antisémites traditionnels appliquent aux Juifs des normes à deux vitesses.

Dan Diker, du Centre des Relations Publiques de Jérusalem, conclut que les buts du mouvement vont bien au-delà de l’expression de simples attitudes antisémites. Il déclare : « BDS  n’est pas seulement destiné à faire pression sur Israël pour qu’il adopte la solution à deux-Etats. BDS est plutôt utilisé comme tribune pour mettre un terme à l’existence d’Israël en tant qu’Etat-Nation du  Peuple Juif[3]« . C’est, en effet, le but d’une bonne partie des promoteurs de BDS.

La liste est longue de ceux qui font la promotion de BDS contre Israël, et de leurs déclarations de soutien. Aux Etats-Unis elle comprend des organisations, des universitaires, des conseils étudiants et des fonds de pension. On peut en tirer des exemples parmi les conseils étudiants, dans sept des dix campus de l’Université de Californie. Ceux-ci ont voté pour le désinvestissement des entreprises américaines supposées profiter des implantations, comme Caterpillar et Hewlett-Packard. Le Bureau des retraites de l’Eglise Méthodiste Unifiée a mis sur sa liste noire les cinq principales banques d’Israël,qui disposent de filiales dans les implantations[4]. L’Eglise Presbytérienne a voté une série de résolutions lors de son assemblée générale, en soutien à BDS et appelé Israël à quitter les territoires[5].  Dans un environnement qui fait la promotion de la liberté d’opinion et d’expression, ces gens semblent penser que cela inclut la liberté d’être antisémite.

Plus de 70 intellectuels et universitaires américains ont récemment publié une lettre ouverte appelant à un « boycott ciblé » de toutes les implantations israéliennes de la Bande Occidentale de Judée-Samarie, ainsi que des produits et services des implantations[6]. L’Association des Etudes Américaines et l’Association Nationale des Etudes sur les Femmes ont voté pour le boycott des universités israéliennes[7].  D’autres associations universitaires américaines qui se sont jointes au boycott csont l’Association pour la Littérature Africaine, l’Association pour les Etudes Américano-asiatiques, l’Association Critique des Etudes Ethniques, les Associations des Etudes sur les Peuples Natifs et Indigènes Américains[8].

Quatre professeurs de l’Université d’Etat de Pennsylvanie et ce l’Université Rutgers ont poursuivi en justice l’Association des Etudes Américaines pour cause de boycott des Universités israéliennes, en déclarant qu’elle se mettait en infraction de la Loi en vigueur à Washington D.C. Aux Etats-Unis, il existe toute une série de règles et de textes contre BDS, qui sont prises en considération au Congrès et dans plus de 20 législatures d’Etats. Beaucoup de textes d’Etats requiert le retrait des financements gouvernementaux, dont les retraites, aux organisations, quand elles boycottent Israël. L’Illinois et la Caroline du Sud ont voté des textes contre BDS qui intègrent une clause de protection des implantations[10]. Le Gouverneur de New York, Andrew Cuomo, a signé l’Ordre Exécutif de Loi n° 157, qui désavoue les services gouvernementaux qui utilisent des financements publics pour soutenir les campagnes de BDS contre Israël[11]. Le Président Barack Obama a signé un texte de loi qui pénalise la campagne BDS contre Israël, mais il a déclaré q’il n’étendrait pas ces garanties aux implantations de Judée-Samarie[12].

Un certain nombre d’institutions européennes ont également condamné BDS. Le Conseil de la Ville de Paris a adopté deux résolutions condamnant les tentatives de boycott d’Israël[13]. Une de ces résolutions dit que laVille de Paris ‘s’oppose publiquement à toutes les tentatives d’isoler Israël de la collectivité des nations[14]« . Au Royaume-Uni, le Bureau du Cabinet Britannique a diffusé un communiqué disant que, selon les lois gouvernementales, les autorités locales et les organisations du secteur public en Grande-Bretagne ont interdiction de boycotter des fournisseurs d’Israël et que les contrevenants s’exposent à de sévères sanctions. Le communiqué ajoute que de tels boycotts « sapent les bonnes relations communautaires, empoisonnent le débat en le polarisant, affaiblissent l’intégration et alimentent l’antisémitisme[15]« .

Le caractère antisémite de BDS n’a pas seulement été clairement identifié et souligné par l’Etat d’Israël, les personnalités et organisations juives, comme le Congrès Juif Mondial[16], le Centre Simon Wiesenthal[17] et le Congrès Juif Américain[18]. Le Sénateur de New York Chuck Schumer a aussi récemment désigné comme Antisémite, la campagne BDS[19].

Hillary Clinton et les Républicains John Kasich, Ted Cruz et Donald Trump, le Sénateur américain Cory Booker, un groupe de Députés latino-Américains et des Caraïbes, ainsi que le Ministre de la Justice Britannique Michaël Gove et lev Ministre allemand des Affaire étrangères, Frank-Walter Steinmeier ont tous condamné le mouvement BDS comme antisémite[20].

 

La majorité des critiques contre BDS, cependant, n’insiste pas sur son caractère antisémite.

Une exception intéressante concerne le Conseil étudiant de l’Université de Leipzig en Allemagne. Le conseil étudiant a procédé à un vote  » pour condamner la campagne antisémite de BDS » et le fait qu’il se prononce « contre les mesures antisémites telles que le désinvestissement des universités israéliennes[21]« . Ce scrutin contre BDS était une réplique à un événement sur le Campus qui mettait en vedette Lori Allen, un Professeur de l’Université de Londres favorable aux boycotts universitaires d’Israël et qui justifie le terrorisme contre l’Etat Juif[22].

En 2015, le parlementaire vert allemand Volker Beck déclarait : « Il ne fait aucun doute qu’il y a bien une motivation antisémite au sein du spectre des campagnes de BDS. BDS vise essentiellement les Juifs Israéliens et il est par conséquent antisémite. Quiconque boycotte agressivement les produits et les gens d’Israël doit aussi être perçu comme un Antisémite, du point du gouvernement fédéral[23]« .  Pourtant, le Gouvernement allemand a refusé de reconnaître ce qu’il disait, à l’époque, en prétendant qu’il n’existait aucune définition de l’antisémitisme. Depuis lors, la définition de l’IHRA a é&té acceptée, avec l’accord du gouvernement allemand. A présent, la proposition de Beck que l’Allemagne classe BDS comme mouvement antisémite mérite un nouvel essai.

 

Dans une étude, Talia Naamat, du Centre Kantor de l’Université de Tel Aviv,analyse les actions de BDS comme des distorsions de la loi internationale, des principes des droits de l’homme et des principes de non-discrimination des accords commerciaux internationaux[24]. Du fait de l’acceptation de la définition de l’IHRA, le mouvement contre BDS peut et devrait, en outre, se focaliser, à présent, spécifiquement, sur deux objectifs principaux. Le premier consiste à trouver d’autres alliés qui, non seulement, prennent des mesures contre BDS ou le condamnent, mais le déclarent également antisémite. Le deuxième est d’attaquer frontalement les organisations et les individus qui soutiennent BDS, en tant que promoteurs de l’antisémtisme.

 

 Par Manfred Gerstenfeld 

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Le Dr. Manfred Gerstenfeld a présidé pendant 12 ans le Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem (2000-2012). Il a publié plus de 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme.

Adaptation : Marc Brzustowski.

 

 

[1] www.israelnationalnews.com/Articles/Article.aspx/18995

[2] www.naomiklein.org/articles/2009/01/israel-boycott-divest-sanction

 

[3] jcpa.org/unmasking-bds/

[4] www.newyorker.com/news/news-desk/the-e-u-vs-b-d-s-the-politics-of-israel-sanctions

[5] www.timesofisrael.com/jewish-groups-decry-fresh-presbyterian-divestment-efforts/

[7] www.newyorker.com/news/news-desk/the-e-u-vs-b-d-s-the-politics-of-israel-sanctions

[8] http://spme.org/boycotts-divestments-sanctions-bds/israel-boycott-battle-heads-court/22581/

[9] http://spme.org/boycotts-divestments-sanctions-bds/israel-boycott-battle-heads-court/22581/

[10] http://forward.com/news/breaking-news/334195/president-obama-signs-anti-bds-bill-wont-apply-to-settlements/

[11] http://brandeiscenter.com/blog/new-yorks-landmark-executive-order-and-the-battle-against-bds/

[12] http://forward.com/news/breaking-news/334195/president-obama-signs-anti-bds-bill-wont-apply-to-settlements/

[13]www.wiesenthal.com/site/apps/nlnet/content2.aspx?c=lsKWLbPJLnF&b=4441467&ct=14821449

[14] www.jpost.com/Diaspora/Paris-municipality-passes-anti-BDS-resolutions-445248

[15] http://uk.reuters.com/article/uk-britain-israel-boycott-idUKKCN0VQ16J

[16] www.worldjewishcongress.org/en/videos/bds-is-the-modern-form-of-anti-semitism-3-3-2016

[17] www.wiesenthal.com/atf/cf/%7B54d385e6-f1b9-4e9f-8e94-890c3e6dd277%7D/REPORT_313.PDF

[18] hwww.ajcongress.org/blog

[19] http://antisemitism.org.il/article/85573/schumer-bds-antisemitic

[20] www.algemeiner.com/2016/04/01/spme-bds-monitor-presidential-candidates-renounce-boycotts-as-antisemitism-spreads/

 

[21] www.jpost.com/Diaspora/German-University-students-declare-BDS-anti-Semitic-464596

 

[22] www.algemeiner.com/2016/08/26/co-author-of-anti-bds-bill-passed-at-german-university-first-step-in-war-against-antisemitism-interview/

 

[23] www.jpost.com/International/German-government-refuses-to-label-BDS-as-anti-Semitic-393337

 

[24] Talia Naamat, “The Anti-Israeli Boycott as Discrimination against Jewish Groups and Israeli Persons: International, European and National Legal Trends,” Kantor Center for Study of Contemporary European Jewry, Tel Aviv University, 2006

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