C’est excités et en sueur, que passants et consommateurs du café, se précipitaient pour se faire entendre. Ils convergeaient vers la table poussiéreuse, en bordure de route du quartier populaire de Beit Shemesh, où Amos Oz était installé pour prendre note de leurs témoignages. Ils racontaient leur douloureuse mise à l’écart par l’establishment travailliste, et comment ils avaient contribué à chasser ce parti du pouvoir. « Pourquoi est-ce qu’ils ont fait venir mes parents en Israël? », demanda l’un d’eux, se référant à l’élite fondatrice du pays. Ce à quoi il répondit : « Parce que vous n’aviez pas d’Arabes à l’époque, alors vous aviez besoin de nos parents pour faire le sale boulot, pour vous servir de bonne à tout faire, d’ouvriers et pour faire la police aussi. Vous avez fait venir nos parents pour qu’ils soient vos Arabes … Mais vous savez quoi ? Maintenant, nous, on vous a collé (Menachem) Begin. Et maintenant vous allez devoir faire avec longtemps, très longtemps ».

Et en effet, il s’est passé 40 ans, depuis cette fameuse élection du 17 mai 1977. Elle a engendré une nouvelle hégémonie politique, une époque de bouleversement social, de défis nationaux et de révolte culturelle.

A la faveur de cet évènement, un nouveau mot a fait son entrée dans le jargon vocabulaire politique israélien. «  Mahapach ». On le doit au présentateur de télévision Haim Yavin, un Poivre d’Arvor israélien, qui, en ouverture du journal, a lancé «Mahapach» pour annoncer aux téléspectateurs ce séisme, auquel personne ne s’attendait.

Une révolution copernicienne

Jamais au cours de ces sept dernières décennies pourtant mouvementées, la politique israélienne n’a connu d’évènement aussi renversant, que cette fameuse nuit qui a porté au pouvoir Menachem Begin. Lui, cette sorte de Poulidor de la politique, qui semblait condamné à devoir rester cantonné à la tête de l’opposition pour toujours. Avec cette victoire, ses huit échecs aux élections nationales, appartenaient désormais au passé et à l’histoire.

«Mahapach» est un terme liturgique construit à partir de la racine hafoch, qui signifie « renverser quelque chose, mettre à l’envers». Une racine à partir de laquelle l’Hébreu moderne construit aussi les mots ‘révolution’ (mahapecha) et ‘coup d’Etat’ (haficha).

La victoire de Begin n’a pas été au sens propre, une révolution. Pas plus qu’un coup d’état. Elle n’a été ni violente, ni illégale. Mais l’évènement était de taille. Au point de donner, comme c’est souvent le cas en Israël, naissance à un nouveau mot. Depuis, ce qualificatif est entré dans le langage courant et les israéliens l’emploient régulièrement pour qualifier un changement de pouvoir pacifique, mais radical.

Au moment des évènements, ce passage du pouvoir, historiquement aux mains des travaillistes, à celles du Likoud, semblait n’être qu’un accident de parcours. Une aberration qui n’aurait qu’un temps. La prochaine élection aurait vite fait de rectifier le tir.

L’atmosphère délétère était telle, que Yitzhak Ben-Aharon, ancien chef de la fédération syndicale de la Histadrut (le syndicat israélien), était allé jusqu’à déclarer cette fameuse nuit-là, à la télévision: «Je refuse d’accepter le verdict du peuple.» Et il n’était pas le seul à le penser. Cela reflétait l’état d’esprit de beaucoup de travaillistes, qui percevaient la situation sous cet angle : leur défaite ne relevait pas d’un mécontentement social profond, pas plus que d’une faillite culturelle. Elle était due aux conjonctures. Pas tendres les conjonctures, bien sûr.

Le parti travailliste dans l’œil du cyclone

Avant l’élection, le parti travailliste avait été frappé par une série de scandales de corruption. Il y avait eu l’arrestation du gouverneur de la Banque Centrale israélienne Asher Yadlin, pour détournement de fonds. Le suicide du ministre du logement, Avraham Ofer, après qu’une enquête pour corruption ait été lancée contre lui. Et la démission du Premier ministre Yitzhak Rabin, suite à une révélation, selon laquelle sa femme détenait illégalement un compte bancaire américain.

Alors que ces conjonctures affaiblissaient le parti travailliste sur le plan juridique, sur le plan émotionnel, la confiance de la population avait été ébranlée par la guerre de Yom Kippour, et le fiasco des services de renseignements, lequel avait entaché le début de cette guerre. C’est ainsi qu’au moment des élections, trois ans après, comme si les preuves accumulées, qui dénonçaient la moralité des dirigeants du parti travailliste n’y suffisaient pas, de sérieux doutes quant à leurs compétences, achevaient de les disqualifier aux yeux de la population.

Voilà donc que sur le plan politique, le parti travailliste avait été mis au défi par un nouveau parti centriste, le Mouvement Démocratique pour le Changement. Soutenu par des généraux célèbres, des universitaires et des hommes d’affaires, il avait réussi à fédérer près d’un tiers de l’électorat travailliste, et remporté la victoire.

Une victoire qui ne fut pas un feu de paille. Le Likoud remporta encore l’élection suivante de 1981. Et encore plus impressionnant, en ralliant 11% supplémentaires de l’électorat et remportant 48 des 120 sièges de la Knesset. Plus que David Ben-Gourion n’en n’avait jamais obtenu.

Une discrimination quasi systématique

Quand Amos Oz était arrivé à Beit Shemesh l’année suivante, alors qu’il visitait le pays pour écrire ce qui deviendrait le best-seller « Dans la terre d’Israël» (paru en français en 1983), le pays était déjà en train de changer en profondeur. Et cela ne se traduisait pas seulement par la fin des scandales de corruption et autres fiascos militaires, ni par le nombre de sièges au parlement. C’est à Beit Shemesh qu’il était visible à l’époque de la façon la plus criante. C’était un bouleversement émotionnel qui transpirait dans les propos qu’exprimaient ses résidents, qui se réjouissaient de leur délivrance, eux les laissés pour compte, qui végétaient dans le marasme économique, à la périphérie géographique des centres névralgiques du pays et de la scène politique. Eux, que le pouvoir précédent avait dédaignés, humiliés, et abandonnés sur les bas-côtés de la construction du pays, relevaient la tête.

L’élite socialiste, principalement laïque, qui avait fondé Israël, avait sué sang et eau pour construire le pays. Mais elle avait marginalisé, ostracisé, créé des antagonismes et, dans certains cas, était même allée jusqu’à pratiquer un boycott systématique des partis issus de sa population immigrée. Parmi ceux qui avaient été le plus cruellement mis à l’écart, se trouvaient les vétérans du ‘Mouvement Révisionniste’ pré-étatique dirigé par Menachem Begin. Ils étaient farouchement hostile au Plan de partage et à l’accord portant sur les réparations proposées par l’Allemagne, que le pragmatisme diplomatique du parti travailliste avait entérinées.

Les religieux et les révisionnistes sur la touche

Le Mouvement Révisionniste était né en opposition au Mouvement sioniste, son rival. Et en souvenir des graves affrontements qui les avaient jetés l’un contre l’autre par deux fois, tandis qu’ils luttaient contre la domination britannique, le parti travailliste, excluaient systématiquement les révisionnistes de la fonction publique.

Mis à part quelques exceptions, comme l’enrôlement des anciens combattants de l’ombre par le Mossad, ainsi que celui de l’ancien leader du Groupe Stern, Yitzhak Shamir, le cercle de fidèles qui entouraient Begin était maintenu à l’écart de la vie politique et des postes clés. Ce qu’ils ressentaient comme une injustice et un affront cuisant.

Venaient ensuite, bien que moins marginalisés, les sionistes religieux. Ils faisaient certes, toujours parti des coalitions du parti travailliste, et avaient accès à des postes au sein de l’exécutif, dans différents ministères, antennes gouvernementales et municipalités. Mais n’avaient pas accès au noyau dur du gouvernement et les rênes du pouvoir leurs étaient interdites.

Malgré leur fidélité, les partenaires religieux du parti travailliste n’ont jamais obtenu de portefeuille ministériel majeur, comme celui de la Défense, des Affaires étrangères, des finances, de l’Education ou de la Justice. Bien que des compétences remarquables se soient distinguées à des postes importants au sein de l’armée, de la police, des services secrets et du corps diplomatique. Cette stigmatisation, perçue dans une certaine mesure comme une aliénation, nourrissait un fort ressentiment.

Quant à l’orthodoxie moderne, elle ne briguait pas de poste au sein de l’administration publique de l’État sioniste. Néanmoins, ses membres se sentaient religieusement étouffés par l’élite dominante du parti travailliste. Et ce, d’autant plus implacablement, que les rabbins Ultra-orthodoxes, au contraire de ceux du courant de l’orthodoxie moderne, percevaient Ben-Gourion et ses disciples, comme des ennemis du judaïsme.

Begin, le grand rassembleur

Mais la population la plus frustrée, la plus remontée contre le parti travailliste, qui aura le plus pesé sur le destin politique du jeune Etat, tant par son nombre que par sa colère, fut celle de la masse des immigrants du Moyen-Orient des années 1950 et 60. Comme ceux dont Amos Oz avait recueilli les plaintes à Beit Shemesh. «Quand j’étais enfant, mon professeur de maternelle était blanc [= Ashkenazi] et son assistant était noir [= Moyen-Oriental]», lançait une voix dans ce café où Oz prenait des notes. « À l’école », insistait-il, mon professeur était irakien et le principal était polonais. Sur le chantier où j’ai travaillé, mon superviseur était une rouquine de Solel Boneh [conglomérat de construction appartenant à l’union (syndicat)]. À l’hôpital, l’infirmière était égyptienne et le docteur Ashkenazi. Dans l’armée, nous, les marocains, n’étions que les caporaux, et les officiers venaient du kibboutz. Toute ma vie, j’ai été dans le bas de l’échelle et vous au sommet. « 

Ces propos jetaient une lumière certes crue, mais lucide et juste, sur l’antagonisme social qui régnait. Il découlait de l’arrivée massive de populations traditionnalistes en provenance des pays musulmans, désargentées et peu éduquées, dans un pays dirigé par des Juifs d’Europe majoritairement laïques, instruits et mieux lotis.

C’est donc auprès de cette population défavorisée que Begin s’étaient investi politiquement, pendant des années. Elle voyait en lui un compagnon d’infortune, victime de l’élite travailliste. Nombre d’entre eux s’identifiaient à ce Juif, fier de partager leur traditionalisme religieux, et qui les épatait avec sa rhétorique nationaliste. Maintenant, c’était à leur tour, d’avoir une place au soleil. Eux et leurs descendants émergeaient comme les jeunes pousses d’un nouvel électorat. Mais ils étaient perdus pour les travaillistes. Et c’est encore le cas aujourd’hui.

 

Un nouvel « air du temps »

Begin a su comprendre que pour générer leur engagement sur le long terme, il ne suffirait pas de fédérer cette populations par les urnes et de recueillir leurs bulletins de vote. C’est pourquoi il a eu à cœur de former la jeune génération de ces immigrés, pour en faire une nouvelle élite, à même de produire des leaders politiques. Ainsi faisant, il a inspiré cette population, lui insufflant l’élan nécessaire à son affranchissement social et culturel. C’est ainsi que petit à petit, cette population immigrée du Moyen-Orient a retrouvé confiance et fierté dans son patrimoine culturel, bénéficié d’un respect nouveau, perceptible dans l’organisation du système éducatif et les manuels scolaires, et bientôt dans la pop, le rock, le cinéma, le théâtre et la littérature.

Les historiens se demanderont longtemps jusqu’à quel point Begin a dû sa victoire à ce segment spécifique de population, qu’il avait su fédérer. Mais le fait est que dans les décennies qui ont suivi son mandat, la moitié des chefs d’état-major de l’armée israélienne furent issus des milieux immigrés du Moyen-Orient. Ce fut le cas de quatre ministres de la Défense, trois ministres des Affaires étrangères, quatre ministres des finances, deux des trois derniers inspecteurs généraux de la police israélienne. A cette époque, même le parti travailliste eût à sa tête deux dirigeants de premier plan, issus de ce milieu.

Sans compter un tiers environ des législateurs, et un nombre encore plus importante de maires, ainsi que d’hommes d’affaires de tout premier plan, tels que l’ingénieur et le magnat de l’immobilier Yitzhak Teshuva, le banquier Tzadik Bino, le magnat des assurances Shlomo Eliyahu et le magnat Haim Saban, Tous étaient nés dans des pays musulmans et arrivés en Israël enfants. L’époque où un Premier ministre comme Levi Eshkol interprétait chez lui des chansons en Yiddish et celle où successeur, Golda Meir, se rendait aux spectacles en yiddish de Tel-Aviv, était révolue. Un nouveau chapitre de l’histoire du pays s’écrivait, sur lequel soufflait un zeitgeist (air du temps), résolument nouveau.

La naissance des implantations

Simultanément à cette révolution sociale, l’époque a été marquée par l’augmentation du poids politique des partis religieux. Begin n’avait pas tardé à placer des politiciens précédemment marginalisés, au cœur des affaires de l’Etat. Il attribuait à l’orthodoxie moderne, le ministère de l’Education et à l’Ultra-orthodoxie la présidence du Comité des finances à la Knesset et plus tard encore, la fonction très prisée de Président de la coalition.

Bien qu’en partie circonstancielles, ces mesures étaient le reflet d’une stratégie visant à rassembler autour de la droite nationaliste, des segments de population plus diversifiés. Des Haredim, des anti-hassidim, des sionistes messianiques, puis des traditionnalistes sefarades, avec la création du Shas, rejoindraient plus tard la coalition.

C’est dans ce contexte qu’est née l’initiative la plus mondialement controversée ; celle des implantations. Sous Begin, la Cisjordanie se couvrira d’implantations juives. A son initiative, 200 verront le jour. Le projet fut mené à bien par l’orthodoxie moderne, avec la bénédiction de l’Ultra-orthodoxie, applaudi par le nationalisme séculaire, et accueilli avec enthousiasme par l’électorat de base du Likoud, en raison de la perspective de logements moins chers à la clé, dans des villes comme Ariel et Ma’aleh Adumim.

C’est ainsi que ce type hétéroclite de coalition, pour le moins haute en couleur, alliant adeptes de causes nationalistes, théologiques ou sociales, a dominé l’histoire israélienne depuis 1977. Les échéances électorales ponctuelles du Likoud, pendant cette période, ne sont jamais parvenues à infirmer son exceptionnelle hégémonie. Au contraire, en poste comme Premier ministre, au milieu des années 1980, Shimon Peres a non seulement été un partenaire du Likoud, mais aussi celui ayant accompli l’historique transition d’Israël du socialisme au capitalisme, mettant en œuvre efficacement sur le plan économique, ce que Begin avait réussi sur le plan politique.

Au contraire, les victoires électorales du parti travailliste en 1992 et 1999 fondées sur des propositions de paix ambitieuses, n’auront abouti qu’à un regain de violence, qui coûtera aux travaillistes, six défaites électorales consécutives. La victoire d’Ehud Olmert sur le Likoud en 2006, bien que remportée principalement par des Likoudniks de longue date, comme lui, s’est soldée par des conflits à Gaza et au Liban, qui ont nourri trois victoires du Likoud et donné naissance à un large consensus, aujourd’hui partagé par Isaac Herzog, chef du parti travailliste lui-même, à savoir que la paix avec les Palestiniens n’est pas pour demain.

En revanche, l’accord de paix révolutionnaire avec l’Égypte, conclu par le Likoud en 1979, renforcera le rôle de Begin en tant qu’homme fort de cette période, même dans le domaine improbable du rétablissement de la paix, où sa rigidité lui avait valu d’être la figure de proue de la ligne dure sur ce dossier.

Malgré cela, les dirigeants de la droite déplorent qu’une grande partie de l’élite israélienne, échappe encore à leur influence. Il s’agit notamment du pouvoir judiciaire, des médias, du milieu universitaire et de la scène artistique. C’est ainsi que pour redorer leur blason aux yeux de cet électorat récalcitrant, le Likoud et ses satellites, redoublent d’efforts aujourd’hui pour renforcer leur mainmise sur le domaine public.

A droite toute

Dans le système judiciaire, le ministre de la Justice, Ayelet Shaked, vient d’augmenter le nombre de juges conservateurs qui siègent à la Cour suprême. Dans les médias, Sheldon Adelson, le donateur de Netanyahou, a lancé un quotidien d’information, qui a pour mission expresse de concurrencer le plus grand quotidien du pays, le Yedioth Ahronoth. La radiodiffusion publique qui vient de se diviser en deux entités, est en passe d’être financée par l’État plutôt que par des annonceurs. Dans le milieu académique, une université a vu le jour dans la ville d‘Ariel en Cisjordanie. Et pour ce qui est du domaine des arts, théâtre, cinéma et musique, la ministre de la Culture, Miri Regev, a fait capoter une grande variété de projets jugés anti-patriotiques. Voilà à quoi aura abouti la première victoire de Likoud, 40 ans plus tard.

Alors, dans quel sens soufflera le vent demain ? Difficile de le prévoir. Certes, les crises majeures qui secouent les démocraties séculaires occidentales, France, Italie, Espagne, et américaines, semblent vouloir épargner la démocratie israélienne, qui n’est pas confrontée au problème d’immigration qui a déstabilisé la politique européenne, ni à la crise socio-industrielle, qui a alimenté la montée de Donald Trump.

Pour autant, Netanyahou n’a pas laissé sa succession s’organiser. Il a même mis des bâtons dans les roues de ses poulains potentiels, tels que Moshe Ya’alon, Moshe Kahlon et Avigdor Liberman. Au départ, leur loyauté envers Netanyahou était sans faille. Mais au final, chacun d’entre eux s’est imposé comme un rival, en créant un nouveau parti concurrent. Et c’est sans compter les allégations de corruption qui s’accumulent autour de Netanyahou. Des allégations qu’il a balayées d’un revers de manche à maintes reprises en disant : « Il n’y aura rien parce qu’il n’y a rien ».

Il n’est pas exclu que cette prédiction finisse par s’avérer vraie. Mais elle fait curieusement écho au même type de déclarations, que scandaient les dirigeants travaillistes avant ce fameux hiver 1977. Peu de temps après avoir entendu le célèbre Mahapach de Haim Yavin à la télévision, ils tiraient leur révérence. Alors, à quand une autre Mahapach ?

 

Amotz Asa-El – Jérusalem Post – Traduction adaptation Kathie Kriegel

 

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