SIGMUND FREUD : 4 juin 1938.

Quelle terre promise pour l’inconscient ?

 

Exil…

 Il y a juste 80 ans, le 4 juin 1938, Sigmund Freud et quatre de ses proches quittent Vienne via Paris pour Londres. Le psychanalyste, âgé de 82 ans, s’exile pour un dernier voyage alors que la psychanalyse a essaimé dans le monde entier. Il quitte Vienne un peu contre son gré, sous les pressions de son entourage et des événements. Ce qu’il veut sauver, ce sont ses proches et la psychanalyse qu’il pratique depuis plus de 40 ans, depuis ses fameuses Etudes sur l’Hystérie (1895), parfois contre tous ses détracteurs. Mais pour l’heure, la thérapie qu’il a inventée doit survivre au nazisme qui l’a qualifiée de science juive et surtout, Freud doit lui trouver une terre de liberté. Ce sera l’Angleterre, où déjà une partie de sa famille habite. C’est aussi un pays que Freud a toujours aimé. Il avait pensé aux Etats-Unis, à la Palestine mandataire, mais ce sera l’Angleterre…

Retour sur les événements. 

 Le 30 janvier 1933, Adolf Hitler est élu chancelier du Reich. Ses opposants sont déjà désignés : les communistes et les Juifs et aussi, la psychanalyse dont la plupart des praticiens sont Juifs, à Berlin, à Vienne, comme à Budapest et ailleurs… Le 27 février, Freud demande à Max Eitingon, le président de la Société Psychanalytique Allemande (DPG) de tenir le plus longtemps possible à Berlin, quitte à céder sa place par la suite. Toujours en 1933, peu après sa démission, il donne les pleins pouvoirs à Felix Boehm et à Carl Müller-Braunschweig, deux psychanalystes non-juifs. La même année, ce Max Eitingon (1881-1943) l’un des plus fidèles disciples de Freud rejoint la Palestine mandataire le 31 décembre 1933 pour y fonder la Société Psychanalytique de Palestine, la Chevra Psychoanalytih b’Eres Israel. Il mourra à Jérusalem le 30 juillet 1943. Mais peu à peu, l’étau se resserre autour de la DPG et de ses membres juifs.

Dès le 10 mai de la même année, les livres de Freud sont brûlés en place publique avec ceux des auteurs juifs et d’écrivains non juifs considérés comme « anti-allemands », comme Thomas Mann, Herman Hess… La psychanalyse? dont les fondements sont complètement à l’opposé des théories raciales du Reich commence à subir la répression des nazis. Toujours pendant l’été, Ernst Simmel est arrêté en tant qu’ex-directeur des médecins socialistes… En septembre 1933, est fondée la Société Générale Médicale Allemande de Psychothérapie » dont le président n’est autre que Matthias Heinrich Göring, le cousin du maréchal du même nom, tandis que le président de l’organisation internationale n’est autre que Karl Gustav Jung. Le contentieux avec les freudiens, concernant les positions des jungiens pendant la guerre vis-à-vis des nazis, demeurent encore de nos jours… La nouvelle psychothérapie imposée par les nazis n’avaient donc que peu à voir avec la psychanalyse freudienne. Le terme de psychanalyse avait d’ailleurs disparu dans l’intitulé des nouvelles sociétés… Marginalisation des psychanalystes juifs, puis, interdiction des publications, confiscation des livres, autodafés, jusqu’à l’interdiction pure et simple de la pratique analytique, le tout débouchant sur l’expulsion des analystes juifs des associations de psychanalyse, jusqu’à leur arrestation, avant leur déportation et pour certains d’entre eux, leur extermination…En 1935, en Allemagne, pratiquement tous les membres juifs ont démissionné. Un seul non-juif les suit, Richard Sterba qui trouve impossible, et à juste titre, la pratique de la psychanalyse sous le nazisme. On sait que 74[1] psychanalystes quittent alors l’Allemagne dès le début du National-Socialisme. Le 26 mai 1936 est encore fondé l’Institut Allemand de Recherches Psychologiques et de Psychothérapie, toujours sous la présidence de M. H. Göring qui était déjà président de la Société Médicale Générale…, citée plus haut. En Allemagne, malgré les promesses de Matthias Heinrich Göring, la psychanalyse perd peu à peu son autonomie jusqu’à sa dissolution le 19 novembre 1938. Le 12 mars 1938 a lieu l’Anschluss. Les nazis sont à Vienne. L’Allemagne va annexer l’Autriche. Sigmund Freud termine ses dernières séances…

Dernières séances à Vienne.

En Autriche comme en Allemagne, l’antisémitisme n’est pas une chose nouvelle. Karl Luger, un maire franchement antisémite a administré la ville pendant dix ans, de 1897 jusqu’à sa mort en 1910. Le 13 mars, Freud et ses disciples décident que l’Association Psychanalytique Viennoise (WPV) devra déménager où Freud s’installera. Tous ses membres devront également fuir le pays dès que possible. Quelques jours après tout ce que la WPG possédait, est confisqué. Ce qui reste de l’Association est confié à Müller-Braunschweig en accord avec Freud. Müller-Braunschweig sera ensuite écarté par Göring qui mettra à sa place un non-analyste.

Le 15 mars, Freud parle d’un « contrôle «  dans son appartement[2] et au Verlag, sa maison d’édition du 7 Berggasse strasse, alors qu’au 6 de la même rue habitait jadis un certain Theodor Herzl…Le jour même et pendant toute la journée, son fils Olivier a été retenu par la Gestapo. Les nazis ont aussi ouvert le coffre de la maison et pris ce qu’ils voulaient. Même perquisition la semaine suivante. Freud n’espère plus rien de cette ville qu’il dit avoir détestée toute sa vie… Les Américains interviennent sous les hospices de William Bullitt ambassadeur en France pour son pays qui fait intervenir à Vienne John Cooper Wiley, chargé de monter « la garde » auprès de Freud. Mais dès le 15 mars, l’Américain croit déjà Freud en danger. Le 16 mars, Ernest Jones et Marie Bonaparte, deux psychanalystes, l’un Anglais, l’autre française arrivent à Vienne pour décider Freud à quitter l’Autriche. Peter Gay[3] mentionne que le gouvernement de Palestine lui offre alors l’asile politique, aussi cette destination était-elle possible pour Freud, mais les Allemands refusent alors la délivrance de son passeport… Pourtant, dans Retour sur la question juive, Elisabeth Roudinesco[4] s’obstine à considérer Freud comme antisioniste. Elle cherche en fait des arguments pour conforter son idéologie de gauche, mais  devrait être un peu plus mesurée et prudente concernant cette question dont les réponses sont beaucoup plus contrastées que ce qu’elle affirme[5]. Dans ce même livre, elle se félicite aussi que des socialistes et des marxistes soient antisionistes et écrit même que Marx n’est pas antisémite. Ben voyons ! Elle pense alors sauver deux de ses auteurs préférés des naufrages de la pensée qu’elle considère comme terribles, le sionisme pour le premier et l’antisémitisme pour le second… Retour en 1938 : Ludwig Binswanger invite aussi Freud en Suisse. Le président Roosevelt intervient en personne tandis que l’ambassadeur Bullitt menace l’ambassadeur d’Allemagne en France si quelque chose arrivait à Freud, bien que le 17 mars les autorités ont confisqué son passeport. Tous ces événements arrivent très rapidement après l’Anschluss comme quoi, il faut faire très vite pour sauver Freud et ses proches, même si celui-ci résiste au fait de quitter Vienne. Trop vieux ? Trop fatigué ?… Alors qu’il lui reste deux importants livres à écrire : Abrégé de psychanalyse[6] et surtout L’homme Moïse et la religion monothéiste[7] qu’il continue à rédiger, même en pleine tourmente et qu’il finira par publier à Amsterdam en 1939. Mais pour le moment, l’heure est aux pressions à la fois sur les autorités allemandes et sur Freud lui-même. Finalement c’est Ernest Jones qui finit par le persuader de partir pour…Londres. Mais ce qui décide vraiment Freud à quitter Vienne, c’est, le 22 mars l’arrestation de sa fille Anna Freud, par la Gestapo (elle a été arrêtée deux fois). La courageuse Marie Bonaparte demande alors qu’on l’arrête en même temps… Ce fut, écrit son médecin, Max Schur[8], « le jour le plus sombre de cette période, c’est la seule fois où je vis Freud profondément tourmenté ». Sa fille est relâchée le soir-même à 19h00. Mais le savant exige encore de partir avec 16 membres de sa famille et amis. Il faut encore négocier avec les nazis la délivrance de tous ses passeports en plus de la taxe de sortie demandée aux juifs qui « fuyaient », c’était le terme, l’Autriche. C’est Marie Bonaparte qui vient financièrement en aide aux Freud avec lesquels elle reste jusqu‘au mois d’avril. Au mois de mai, Freud confie à Jones[9] que le sacrifice qu’il fait n’est rien au regard de l’avantage que va procurer l’émigration à Anna… Sinon, sans doute, n’aurait-il pas quitté Vienne d’autant que les nazis exigent une dernière chose, que Freud écrive qu’il n’a pas été maltraité, ce qu’il fait comme un dernier défi lancé aux nazis qui alors auraient pu l’empêcher de partir si seulement ils avaient compris l’ironie du vieux maître des mots et de l’humour yiddish : «  Je peux cordialement recommander la Gestapo à tous [10]»…D’après Alain de Mijolla[11], cette déclaration n’aurait pas été écrite par Freud compte tenu des risques encourus…

Au mois de mai, les Freud sont encore à Vienne. Mais le 2 juin, ils savent qu’ils pourront partir, mais quand ?

Edmund Engelman[12], un jeune photographe qui anticipe la catastrophe qui va s’abattre sur Freud et les siens, prend les derniers clichés du 19 Berggasse strasse où Freud habite depuis 1891. Le pavé brille sous la pluie. Le photographe fixe son objectif sur la porte des Freud qui est déjà flanquée d’une bannière à croix gammée. Toute la maison est prise en photos qui seront récupérées après la guerre. Le travail d’Engelman constitue aujourd’hui un document extraordinaire et émouvant sur les derniers jours que Sigmund Freud passa à Vienne.

Enfin, 4 juin 1938

Après tant d’angoisse, de peurs et de tracas, Freud peut enfin quitter Vienne.  Il  compare alors son exil à celui du Rabbin qu’il apprécie tant, Yohanan Ben Zakaï qui après la destruction du Temple voulait conserver un centre d’études juives à Yabné. Ce qui fut fait et ce qui sauva le Judaïsme diasporique, resté de ce fait rassemblé autour de l’idée d’un retour en sa terre originelle qui deviendra Israël, mais en 1948… Pour Freud, ce centre d’étude sera donc situé à Londres. La psychanalyse ne mourra pas comme le Judaïsme en son temps qui avait survécu, même après la destruction de son centre spirituel ! Il serait d’ailleurs intéressant de réfléchir aux critiques actuelles de la psychanalyse et leurs possibles corrélations avec la montée de l’antisémitisme en Europe… Mais, retour  en 1938. Les départs de ses proches se sont échelonnés pendant le mois de mai. Freud se trompe même sur la date de départ et indique que lui et son petit groupe sont partis le 3. Lapsus, qui pourrait signifier qu’au fond, il ne voulait pas quitter Vienne. Il en fera d’autres au cours de ce dernier voyage. Le train quitte la gare de la capitale autrichienne à 3H25. Freud part avec sa femme Martha, sa fille Anna, le docteur Joséphine Strauss, Paula Fichtl leur gouvernante et son chien Lün. Ils franchissent la frontière à Kehl mais c’est une fois le Rhin passé qu’ils se sentent enfin libres. Direction Paris où ils sont accueillis à la gare de l’Est par une immense foule de journalistes, puis, de 10h00 du matin à 22h00, c’est Marie Bonaparte qui les reçoit chez elle. Elle n’oublie pas de lui offrir une petite statuette d’Athéna symbole d’une liberté retrouvée et qui veillera sur eux jusqu’à Londres. Second Lapsus, Freud pense passer par Calais[13], mais c’est par Dunkerque[14] que le petit groupe d’exilés traverse la Manche, puisque le train s’engouffre directement dans le bateau sans que les passagers sortent du wagon. Seule la liaison Dunkerque-Douvres direction Londres offre à l’époque ce service. Nous savons que le bateau n’est autre que le Shepperton ferry. Nous sommes le 5 juin 1938, il tombe une petite pluie fine. Freud ne quitte donc pas sa cabine et se réveille à Douvres. Il s’agit donc de son second lapsus qui nous fait dire une nouvelle fois qu’il ne voulait peut-être pas quitter Vienne… Puis, accueil extraordinaire à Londres. Le choix de Freud pour son dernier voyage constitue pour la presse et les autorités anglaises une première victoire sur les nazis. Dans un second temps, Freud s’installera au 20 Maresfield Gardens dans le quartier chic de Hampstead où arriveront deux mois après ses 2000 statuettes antiques et sa bibliothèque. Ce cottage est aujourd’hui devenu le musée Sigmund Freud…Il y recevra nombre d’invités jusqu’à sa mort, le 23 septembre 1939…

En Autriche, en Allemagne et ailleurs…

La WPV est dissoute le 1er septembre 1938, alors que la plupart de ses membres ont quitté le pays dont Sigmund Freud et les siens. L’étau se resserre autour des juifs restés à Vienne dont les 4 sœurs de Sigmund Freud. Il ne connaîtra pas leur triste sort alors qu’il voulait les faire venir à Nice où en Angleterre.

 Des 74 psychanalystes qui ont quitté l’Allemagne, 4 d’entre eux sont arrêtés pendant leur fuite par les Allemands et mourront en camp de concentration. Certains sont partis aux Etats-Unis, en Angleterre, en Palestine…Mais d’autres restés en Europe sont arrêtés et déportés[15] : August Waterman le sera en Hollande avec sa femme et son fils. Ils meurent à Auschwitz en 1944. Salomea Kempner aurait disparu dans le ghetto de Varsovie… En Hongrie, dès 1939, Il est difficile pour les Juifs de quitter le pays. Certains de ceux qui y arrivent, mourront en exil, du fait même de l’exil. D’autres restés au pays seront déportés comme le juriste Géza Dukes, mort en déportation, le neurologue Joseph M. Eisler déporté avec sa femme tandis que leur fils meurt dans un camp de travail. Elisabeth Kardos, vue une dernière fois en 1945 dans le ghetto et sans doute tuée par les croix-fléchées. Szigmond Pfeifer est mort à Buchenwald, tué à l’arrivée des Américains. Son frère Miklos, déporté en même temps a survécu… La plupart de leurs dix frères et sœurs ont été aussi été déportés ou ont été assassinés sur place. Une autre fille de Szigmond Pfeifer a sauté sur une mine à la fin de la guerre…Làslo Révész a été exécuté par les croix-fléchées. Miklos Sugar, un autre médecin, membre de l’Association viennoise, a aussi a aussi disparu à Bergen-Belsen…Il y a encore bien d’autres analystes hongrois déportés, assassinés, dont on a perdu la trace comme celle de János Kerényi, quand ils ne se sont pas suicidés à l’annonce de l’assassinat de leurs enfants, comme la neuropsychiatre Lilly Hajdu, en 1960,  Clara Happel, arrivée aux Etats-Unis en 1936, mais emprisonnée comme étrangère en 1941, et qui se suicidera en 1945… Edith Jacobson, psychanalyste, est emprisonnée par les nazis en 1935 pendant deux ans et demi de réclusion criminelle,  pour « préparation de haute trahison ». Relâchée, elle part aux Etats-Unis en 1941 et meurt en 1978. Elle ne s’était jamais remise ni de sa détention, ni sans doute de son exil… Sans oublier Sabina Spielrein, 57 ans, la première psychanalyste russe  réfugiée à Rostov sur le Don et assassinée le 27 juillet 1942 avec ses deux filles, Renata, 29 ans et Eva, 16 ans, à Znievkaya Balka par l’Einzatgruppen D avec 400 000 juifs et  partisans de la ville. Il y aurait d’ailleurs à établir la liste exacte des psychanalystes et de leurs proches assassinés par les nazis…

Frère et sœurs

On a beaucoup épilogué sur le sort des 4 sœurs de Freud dont leur frère mort en 1939 ne connut pas la terrible fin. Rosa était née en 1860, Maria  en 1861, de son diminutif Mitzi. Ester dite, Dolfi (Adolfine) en 1862 et Paula, (Pauline) en 1864…Elles n’ont pas pu partir avec lui et sont restées à Vienne avec 75000 schillings autrichiens, de quoi tenir jusqu’à ce qu’elles puissent émigrer. Mais voilà, en avril 1939, 75 000 Juifs ont été arrêtés. Freud ne peut pas l’ignorer. Avec Marie Bonaparte, il fera tout pour qu’elles puissent quitter Vienne, mais en vain. En 1942, elles sont arrêtées et se retrouvent toutes pour un temps à Theresienstadt. Là, elles sont parquées dans une immense salle sans hygiène, et vivent dans d’effroyables conditions. Dolfi, restée célibataire, souffre mentalement. Elle est amenée à l’infirmerie où elle meurt, peut-être de dysenterie car l’épidémie sévit alors. Mitzi et Paula ont ensuite été déportées à Maly Trostinec où elles sont  gazées en septembre 1942[16]. Nous avons plus d’informations sur le sort de Rosa mariée à Heinrich Graf. Un peu après, Rosa se retrouve à Treblinka[17]. Au procès de Nuremberg, le colonel Smirnov, procureur adjoint soviétique demande alors à Samuel Rajzman un ancien déporté quel sort a été réservé à Rosa Freud. D’un fort tempérament, dit-il au procureur, Rosa Freud se trouve devant le SS Kurt Franz, un ancien aide-cuisinier devenu adjoint au commandant du camp qui porte donc le titre d’Obersscharführer. Elle se présente comme la sœur de Sigmund Freud et pense alors comme le SS le lui dit, pouvoir reprendre le train de Vienne qui part dans deux heures. Seulement avant, Kurt Franz lui demande de laisser ses papiers qu’elle pourra récupérer après avoir pris une douche en vue de son retour à Vienne…Mais il n’y eu pas de retour pour Rosa Freud…Nous étions entre le 23 mars et le 1er avril 1943…

La guerre a vu s’exiler la plupart des psychanalystes juifs quand ils n’ont pas été déportés ou tués par les nazis. Elle allait ralentir l’inexorable ascension de la doctrine freudienne dans tous les domaines où la vie psychique se trouvait concernée. La psychanalyse retrouve toute sa vitalité dans les années 60. Mais il faut encore attendre les années 70 pour qu’enfin, les psychanalystes puissent s’interroger sur les effets de la shoah sur leurs propres pratiques, comme sur les survivants, et interroger aussi les conséquences de cette cruelle rupture de l’histoire, sur les générations à venir….Ce travail n’est pas terminé…Puisque pour paraphraser Lacan, si nous considérons que la Shoah procède d’un Réel, c’est-à-dire, en partie, d’un indicible, ses effets ne cesseront pas de ne pas s’écrire…

Par ©Jean-Marc Alcalay

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[1] « Ici la vie continue de façon fort surprenante », Contribution à l’histoire de la psychanalyse en Allemagne  (1985). Edition française établie par Alain de Mijolla et Vera Renz,  Association Internationale d’Histoire de la Psychanalyse, 1987,  p.  64

[2] Peter Gay, Freud, une vie, tome II, Hachette, Pluriel, 1991, p. 392.

[3] Ibid., p. 392.

[4] Elisabeth Roudinesco, Retour sur la question juive, Albin Michel, p. 93. Lire aussi : Elisabeth Roudinesco, Sigmund Freud, en son temps et dans le nôtre, Le Seuil 2014, pp. 440-442.

[5]Jean-Marc Alcalay, « Le rêve de Freud », in, L’identité nationale face au post-modernisme, in, Controverses, n°3, octobre 2006, pp. 295-306. Lire aussi : Jean-Marc Alcalay, « Encore un mot sur le sionisme de Freud », in, Post-colonialisme et sionisme, in, Controverses,  n° 11, mai 2009, pp. 287-295.

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[6] Sigmund Freud, «  Abrégé de psychanalyse », (écrit en 1938 et publié en 1940 dans la Revue Imago),  in Œuvres complètes, tome XX, 1937-1939, puf,  pp. 229-303.

[7] Sigmund Freud, Der man Moïse und die monotheische Religion, Drei Abhanlungen, Verlag, Allert de Lange, Amsterdam, 1939. Pour l’édition française, « L’homme Moïse et la religion monothéiste », in Œuvres complètes, tome XX, ibid., pp. 75-218.

[8] Max Schur, La mort dans la vie de Freud, Tel Gallimard, 1975, p. 587.

[9] Ernest Jones, La vie et l’œuvre de Sigmund Freud, tome 3, Les dernières années, 1919-1939,  puf, p. 251.

[10] Peter Gay, opus.cit. p. 399.

[11] Dictionnaire international de la psychanalyse, sous la direction de Alain de Mijolla, Paris, Calmann-Lévy, tome 1, p. 683.

[12] Edmund Engelman, La maison de Freud  Berggasse, 19 Vienne, Le Seuil, 1979.

[13] Sigmund Freud, Chronique la plus brève, carnets intimes, 1929-1939. Annoté et présenté par Michael Molnar, Albin Michel, 1992, p. 239.

[14] Jean-Marc Alcalay, « Terre regrettée, terre retrouvée », in, Journal de l’Association Internationale d’Histoire de la Psychanalyse (AIHP), n°27, Printemps 1999, pp. 6-7. Lire aussi « Merci Docteur Freud », in Santale,  Journal de l’Etablissement Public de Santé Mentale des Flandres,  n°27, septembre-octobre 2009, pp. 25-27.

[15] « Ici la vie continue de façon fort surprenante », opus. cit., pp. 76-84.

[16] Eva Weissweiler, Les Freud, une famille viennoise, Plon, 2006, pp. 390-391.

[17] François Delpla, Nuremberg, Face à l’histoire, l’Archipel, 2006, p. 169.

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Brice

La psychanalyse cette imposture !

DAVID

Très bon résumé de toute cette horrible période qu’il est nécessaire de « terminer » provisoirement avec cette phrase fondamentale de Lacan. Pourquoi provisoirement; parce que la psychanalyse et les psychanalystes sont loin, très loin d’en avoir fini avec la question de la persécution et de l’exil… D’une part, la notion d’inconscient et des conditions d’exercice de la psychanalyse sont bien loin de convenir au capitalisme et au management de plus en plus planétaires, d’autre part la « soumission » française à d’autre conception que judéo-chrétiennes en ce qui concerne les conceptions même de la vie et de la liberté d’être, ne sera certes pas favorable envers les concepts et les idées émanant de la psychanalyse et de son libre exercice, et ça Lacan l’avait annoncé.

Van Rillaer

Pour un exposé des causes de l’antisémitisme identifiées par Freud:
https://blogs.mediapart.fr/jacques-van-rillaer/blog/130418/les-causes-de-l-antisemitisme-selon-sigmund-freud